Coronavirus: enfant et télétravail, le mot-clé est «s’adapter»

Coronavirus: enfant et télétravail, le mot-clé est «s’adapter»
Par Dr Nicolas Chevrier, Psychologue
Les parents peuvent-ils être aussi productifs lorsqu’ils font du télétravail avec les enfants à la maison? La réponse de notre psychologue.

L’annonce de la fermeture des écoles et des services de garde en a fait frémir plus d’un. Comme parent, on peut se poser de nombreuses questions… Comment faire pour occuper les enfants durant deux semaines, ou peut-être plus? Peut-on abattre le même travail dans ces circonstances?

La première réponse, comme dans toute situation de crise, reste l’adaptation. Voici quelques pistes pour s’adapter à cette nouvelle réalité.

D’abord, employés et employeurs doivent accepter que cette situation est extraordinaire et qu’elle demande des mesures également extraordinaires. Est-ce que vous pourrez être aussi performant qu’à l’habitude? La réponse est non. Pas dans une telle situation.

Il faut donc avant tout ajuster ses attentes à la situation. Actuellement, vous devez plutôt essayer de faire du mieux que vous le pouvez avec ce que vous avez. En ajustant vos attentes à la situation, vous laissez moins de place aux pensées qui peuvent provoquer du stress et des réactions émotives déstabilisantes pour les enfants (colère, irritabilité).

Être flexible

C’est la même chose avec les enfants. Ils ne regardent habituellement pas la télévision la semaine? Tant pis, ils pourront cette semaine. Ils ne jouent pas plus qu’une heure par semaine aux jeux vidéo? Meilleure chance la prochaine fois, ce sera plus cette semaine! Une situation extraordinaire demande des mesures extraordinaires.

Je vous rassure, ce n’est pas quelques semaines de surconsommation de télévision ou de jeux vidéo qui auront un impact sur leur développement. L’impatience et l’irritabilité d’un parent dépassé par les événements pourraient avoir un impact plus négatif sur l’enfant qu’une surdose de Mario Kart!

Miser sur la routine

Il faut donc trouver un juste milieu, des plages horaires pour travailler raisonnablement et des activités pour les enfants qui pourront leur permettre de se désennuyer. D’ailleurs, la première mesure reste l’instauration d’une routine claire, un peu comme à la garderie et à l’école. On se lève le matin, on garde notre routine et on planifie la journée. La routine a comme avantage de sécuriser les enfants et elle nous permet de planifier notre journée de travail.

Si on réussit à avoir deux heures en avant-midi et deux heures en après-midi pour travailler tranquillement, c’est super. Pour ne pas être dérangé, les activités qui impliquent une certaine immersion de l’enfant, comme écouter un film, jouer à un jeu vidéo ou tout autre jeu auquel votre enfant peut jouer longtemps seul, sont évidemment un avantage. Si vous pouvez aussi vous installer dans un espace associé au travail chez vous, cela envoie un signal clair à vos enfants que vous travaillez.

Ensuite, comme à la récréation, aller un peu dehors est une bonne chose : une marche, du vélo, prendre de l’air quoi! Ajoutez quelques activités scolaires avec une légère supervision : lecture, écriture, et vous avez organisé votre journée.

Bien sûr, cette organisation doit s’adapter selon l’âge de l’enfant. Certains n’auront que la sieste de bébé pour avancer leur travail. D’autres pourront dégager des moments grâce à l’autre parent qui prendra le relais, mais une chose est certaine, vous ne serez pas aussi productif qu’au bureau.

Se regrouper?

En terminant, attention au piège des regroupements de parents qui se créent des « garderies maison ». La santé publique est claire à cet effet : ces mouvements d’entraide sont risqués et contre-productifs. Les comportements que nous aurons ces prochaines semaines vont avoir un impact important sur le déroulement du reste de la pandémie. Aussi, il faut agir ensemble, de concert, afin de protéger nos aînés et les personnes vulnérables. Nous connaissons tous des personnes à risque que nous n’avons pas envie de perdre. Pensons à eux lors de ces sacrifices, ça nous aidera à accepter les désagréments des prochaines semaines.

 

17 mars 2020

Naître et grandir

 

Photo : GettyImage/Georgijevic

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