Sondage : les pères séparés restent impliqués auprès de leur enfant

Sondage : les pères séparés restent impliqués auprès de leur enfant
Sondage : les pères séparés restent impliqués auprès de leur enfant
Comment les pères séparés vivent-ils leur séparation? Un sondage apporte des réponses.

10 juin 2024 | Une majorité de pères séparés auraient une garde partagée et seraient satisfaits de cet accord. Pour plusieurs, la séparation aurait même amélioré leur relation avec leur enfant. C’est ce qui ressort d’un sondage effectué auprès de plus de 500 pères québécois séparés depuis 10 ans ou moins.

Le Regroupement pour la valorisation de la paternité (RVP) vient de dévoiler les résultats de ce sondage dans le cadre du lancement de la Semaine québécoise de la paternité qui se déroule jusqu’au 16 juin. Le but de l’enquête était de mieux comprendre le déroulement de la séparation, ses impacts sur les pères et leur perception de la valorisation de leur rôle parental durant le processus.

Voici les principaux résultats du sondage concernant le processus de séparation, la garde des enfants de même que la relation avec les enfants et l’autre parent.

Déroulement de la séparation

  • Pour 38 % des pères sondés, la décision de se séparer a été initiée par l’autre parent. 31 % des pères interrogés ont pris la décision et 30 % des répondants mentionnent qu’il s’agissait d’une décision commune.
Le sondage a été réalisé en ligne par la firme Léger pour le compte du Regroupement pour la valorisation de la paternité du 19 février au 11 mars 2024. Il a été mené auprès de 574 pères québécois séparés, dont 377 pères séparés depuis 5 ans ou moins et 197 pères séparés depuis 6 à 10 ans.
  • Dans la majorité des cas (60 %), les pères sondés ont quitté la maison familiale au moment de la séparation. Parmi eux, quelques pères (7 %) revenaient habiter la résidence familiale pendant leur tour de garde.
  • 68 % des répondants estiment que la séparation s’est bien déroulée.
  • 57 % des pères sondés ont eu recours à des services de médiation familiale et pour 63 % des répondants, des démarches juridiques ont été nécessaires pour obtenir un jugement concernant la séparation.
  • 86 % des pères interrogés mentionnent que les principaux détails de la séparation sont réglés.
  • 44 % des répondants ont été en contact avec des intervenants des services sociaux (ex. : psychologue, intervenant de la DPJ) pendant le processus de séparation. 27 % des pères interrogés ont rencontré des intervenants communautaires (ex. : maison de la famille, organismes pour parents et famille).

Organisation du temps de garde des enfants

  • 56 % des pères séparés interrogés ont la garde partagée de leur enfant (l’enfant passe entre 40 et 60 % de son temps avec chaque parent). 11 % ont la garde principale.
  • Dans 65 % des cas, la répartition du temps de garde est une décision commune. Elle a été négociée entre les deux parents pour 48 % des pères sondés. L’aide d’un médiateur a été nécessaire pour 10 % d’entre eux et le temps de garde a été négocié avec l’aide d’avocats pour 6 % des pères interrogés.
Papa avec ses enfants en garde partagée
  • 79 % des pères sondés estiment que leur point de vue a été pris en compte concernant la garde des enfants : entièrement (47 %) ou un peu (32 %).
  • 79 % des interrogés se disent satisfaits de la décision concernant le temps de garde. Ceux qui sont insatisfaits (21 %) le sont surtout parce qu’ils auraient souhaité avoir leurs enfants avec eux plus souvent.
  • 46 % des pères paient une pension alimentaire et 10 % en reçoivent une. Dans 75 % des cas, les deux parents se sont entendus pour établir le montant de la pension (avec ou sans l’aide d’un médiateur) et 68 % des pères sondés estiment que ce montant est juste.

Relation avec les enfants et collaboration parentale

  • 47 % des pères qui ont participé au sondage disent que la séparation a amélioré leur relation avec leur enfant.
  • 45 % estiment que la séparation a eu des effets positifs sur la quantité de temps passé avec leur enfant.
72 % des pères interrogés avaient un ou des enfants de 5 ans et moins au moment de la séparation.
  • 59 % des pères séparés interrogés se disent à l’aise d’exprimer leur opinion à l’autre parent et lui font confiance en matière d’éducation des enfants.
  • 54 % des pères sondés se disent consultés par l’autre parent pour toutes décisions importantes concernant les enfants.
  • 47 % se sentent écoutés et respectés par l’autre parent.
  • Près de 70 % des pères sondés ont senti que les médiateurs familiaux et les intervenants communautaires reconnaissaient et valorisaient leur importance comme parent.
  • 46 % estiment que les intervenants du système judiciaire (ex. : juges, avocats) sont bien formés pour comprendre les réalités et les besoins des pères. Cette proportion grimpe à 57 % pour les pères de l’enquête qui ont eu recours à des démarches judiciaires en lien avec leur séparation.

12 stratégies pour soutenir les pères séparés

Même si le sondage montre qu’une majorité de pères traverse la séparation sans trop de mal, il révèle aussi que 10 % d’entre eux vivent une expérience très négative. Tamarha Pierce, professeure de psychologie à l’Université Laval, a analysé plus en profondeur les données du sondage.

Elle mentionne que cette perception négative est associée à des pères qui, en plus forte proportion, n’ont pas obtenu la garde partagée de leur enfant. « Ce sont aussi des pères qui ne se sont pas sentis soutenus dans le processus, qui ont senti que les décisions ont été prises pour eux et qui n’ont pas pu donner leur avis », ajoute-t-elle.

Pour Raymond Villeneuve, directeur général du RVP, cette semaine de la paternité est aussi l’occasion de voir ce qui peut être fait pour mieux accompagner les pères en période de séparation. Il a dévoilé 12 stratégies concrètes pour mieux les soutenir.

Ces stratégies ont été rédigées en collaboration avec le Comité de travail national sur les pères et la séparation conjugale, qui est formé de plusieurs experts. On y propose notamment :

  • de promouvoir davantage la médiation familiale et le droit collaboratif en matière familiale;
  • d’améliorer les conditions de vie des pères plus vulnérables en contexte de séparation;
  • de tenir compte des réalités propres à certains pères issus de la diversité (ex. : immigration, autochtone, diversité de genre).

Le cahier de propositions des 12 stratégies concrètes est accessible sur le site de la Semaine québécoise de la paternité.

Source : Enquête auprès des pères québécois séparés depuis 10 ans ou moins

Julie Leduc – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photos : GettyImages/ supersizer et monkeybusiness

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