Dons d'aliments aux écoles: beaucoup de produits transformés et sucrés

Dons d'aliments aux écoles: beaucoup de produits transformés et sucrés
Dons d'aliments aux écoles: beaucoup de produits transformés et sucrés
De nombreux aliments distribués gratuitement aux élèves dans les écoles du Québec sont de mauvaise qualité.

5 mai 2023 | Plusieurs écoles distribuent des aliments provenant de dons pour répondre aux besoins alimentaires grandissants de leurs élèves. Or, on y retrouve de nombreux aliments ultra-transformés et riches en sucre.

C’est le constat qu’a fait la Coalition poids, un organisme qui milite pour de saines habitudes de vie. L’automne dernier, l’organisme a effectué un sondage pour avoir un portrait des dons alimentaires dans les écoles primaires. « On a considéré tous les aliments qui sont offerts gratuitement aux écoles en vue d’être distribués aux élèves », a précisé Charlène Blanchette, chargée des dossiers en alimentation à la Coalition Poids, lors d’un récent webinaire pour présenter les résultats de leur enquête.

L’organisme a sondé 273 intervenants scolaires dans les écoles primaires de différentes régions du Québec, principalement du personnel en service de garde, des enseignantes et enseignants de même que des directions d’écoles.

La qualité des dons alimentaires faits aux écoles

Voici les principaux résultats du sondage de la Coalition Poids :

  • 64 % des personnes sondées mentionnent avoir recours aux dons alimentaires dans leur école. Dans la moitié des cas, ces dons sont offerts tous les jours.
  • Parmi les aliments offerts aux élèves, on trouve une proportion importante d’aliments ultra-transformés et sucrés. Oui, les écoles reçoivent des fruits frais, mais les dons comptent par exemple plus de yogourts aromatisés que de yogourts nature, plus de produits céréaliers raffinés (pain blanc, biscuits, pâtisseries) que de produits céréaliers à grains entiers de même que des boissons sucrées comme des jus de fruits et des laits au chocolat.
Les dons alimentaires offerts dans les écoles proviennent principalement d’organismes communautaires, de banques alimentaires et d’épiceries.
  • Les collations emballées les plus offertes sont des aliments ultra-transformés riches en sucre, comme des barres tendres, des yogourts sucrés, des compotes de fruits et des biscuits.
  • 55 % des personnes interrogées jugent toutefois que le recours aux dons alimentaires est indispensable pour combler les besoins des élèves.
  • 74 % des répondants au sondage disent que les aliments de faible qualité devraient être acceptés, mais distribués seulement dans des cas particuliers, comme un élève qui n’a pas de collation ou de repas. Seulement 17 % pensent que les aliments de faible qualité devraient toujours être refusés.
  • La facilité d’entreposage, le peu de préparation et le manque de personnel pour préparer des aliments sont les principales raisons mentionnées pour expliquer le recours à des dons alimentaires de moins bonne qualité.

L’impact des dons sur l’alimentation des enfants

Les résultats de l’enquête de la Coalition Poids démontrent entre autres que les écoles dépendent de l’offre et de la qualité des aliments reçus et que cela varie d’une école à l’autre. « C’est une mesure qui est aidante actuellement, mais c’est une mesure qui est insuffisante, indique Charlène Blanchette. Ces dons ne permettent pas d’assurer un accès équitable à une saine alimentation. On ne devrait pas dépendre des dons pour nourrir les enfants. »

La Coalition Poids estime aussi qu’offrir des dons alimentaires de faible qualité nutritive risque d’accroître les inégalités sociales de santé. Les dons alimentaires de faible qualité sont par exemple offerts à des enfants défavorisés, une clientèle qui est déjà à risque de manger plus d’aliments ultra-transformés à la maison que la moyenne. « En voulant bien faire, on risque de faire plus de tort, car ces aliments augmentent les risques de maladies chroniques », indique Charlène Blanchette.

Les dons de moins bonne qualité peuvent aussi renforcer de mauvaises habitudes alimentaires envers certains produits. Par exemple, créer l’habitude de toujours accompagner son repas d’un jus de fruits, ce qui n’est pas une pratique recommandée pour une alimentation saine. Le Guide alimentaire canadien suggère plutôt de faire de l’eau sa boisson de choix.

Une chance égale pour tous

Pour assurer à tous les enfants du Québec une chance égale de bien se nourrir, la Coalition Poids recommande de mettre à jour la Politique-cadre Pour un virage santé à l’école en fonction du Guide alimentaire canadien et de la rendre obligatoire dans toutes les écoles. Elle suggère aussi de bonifier l’aide alimentaire gouvernementale en instaurant un programme universel de saine alimentation scolaire qui offrirait gratuitement des repas et collations à tous les élèves.

La Coalition Poids n’est pas la seule à revendiquer un programme universel de saine alimentation à l’école. Le chef Ricardo Larrivée, co-fondateur du LAB-École, a aussi fait récemment des sorties médiatiques en ce sens. Il croit que le gouvernement devrait financer un programme alimentaire universel pour nourrir gratuitement les élèves du Québec. Pour le chef, il ne s’agit pas d’un coût, mais d’un investissement dans l’éducation et la santé des enfants.

 

Insécurité alimentaire en hausse au Québec

L’insécurité alimentaire représente l’incapacité à se procurer des aliments sains et nutritifs au quotidien et en quantité suffisante, principalement en raison de difficultés financières. Le phénomène touche un nombre grandissant de familles au Québec. Selon l’INSPQ, l’insécurité alimentaire est passée de 16 % en juin 2021 à 24 % en janvier 2023. Les familles sont particulièrement touchées puisque 32 % des ménages québécois qui ont un enfant de moins de 18 ans vivent une situation d’insécurité alimentaire. « L’insécurité alimentaire n’est pas sans conséquence pour les enfants, a mentionné Valérie Garceau, analyste-recherchiste en santé publique lors du webinaire. Cela peut avoir plusieurs répercussions sur leur santé physique et mentale et également sur leur performance scolaire. Il s’agit donc d’une barrière à l’alimentation sur laquelle on se doit d’agir. »

 

Sources : Coalition Poids, INSPQ, LAB-École

 

Julie Leduc – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photo : GettyImages/Jupiterimages

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