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Les recommandations des pédiatres canadiens sur le temps d’écran des jeunes enfants n’ont pas changé.
14 décembre 2022 | Contrairement à ce qui a été rapporté récemment dans certains médias, les directives des pédiatres concernant le temps d’écran des enfants n’ont pas changé. Après l’analyse de récentes études, la Société canadienne de pédiatrie maintient ses recommandations d’éviter les écrans pour les enfants de moins de 2 ans et de limiter à une heure par jour le temps d’écran des 2 à 5 ans.
La Société canadienne de pédiatrie (SCP) a bien mis à jour en novembre dernier son document de principes sur l’exposition des jeunes enfants aux écrans. Le but était de mieux refléter les dernières avancées de la recherche sur le sujet.
Cela a notamment permis de constater que le temps d’écran des tout-petits a augmenté depuis le début de la pandémie. « Que ce soit la télévision, une tablette électronique, un téléphone intelligent ou une console de jeu, les enfants de 5 ans et moins sont exposés à plus d’écrans que jamais, indique la Dre Stacey Bélanger, membre du Groupe de travail sur la santé numérique de la SCP. Et c’est inquiétant, car les écrans comportent des risques pour leur développement. »
Les effets néfastes des écrans se confirment
Les nouvelles études analysées par les pédiatres confirment qu’une trop grande utilisation des écrans peut causer des retards dans plusieurs sphères du développement. « Un enfant qui joue sur un écran, mais qui ne dessine pas, ne découpe pas ou ne saute pas assez, va avoir une moins bonne motricité quand il commencera l’école », dit la Dre Stacey Bélanger, pédiatre au CHU Sainte-Justine.
Passer beaucoup de temps devant les écrans nuit aussi à l’acquisition du langage et au développement des fonctions exécutives, comme l’attention, la mémoire de travail et le contrôle de l’impulsivité. Même chose pour les habiletés sociales, car un enfant absorbé par une application vidéo perd des occasions d’apprendre à bien se comporter avec les autres.
D’ailleurs, mettre une tablette ou un téléphone dans les mains d’un jeune enfant pour qu’il reste tranquille ou cesse de pleurer est une pratique à éviter, selon la Dre Stacey Bélanger. « L’enfant s’habitue ainsi à gérer ses émotions avec un appareil. Il n’apprend pas à reconnaître ses émotions ni à les exprimer d’une manière acceptable », mentionne-t-elle.
L’usage excessif des écrans affecte également le sommeil. « La lumière des écrans modifie le fonctionnement du cerveau, poursuit la pédiatre. Cela peut susciter des problèmes d’endormissement et de réveils nocturnes chez les enfants. »
À cela s’ajoutent les risques pour la santé physique. Les enfants qui passent de longues périodes devant un écran ne bougent pas assez, ce qui peut causer un surplus de poids qui persiste souvent plus tard dans la vie. Les conséquences sur la vision sont aussi préoccupantes. « Pour bien se développer, les yeux ont besoin d’être stimulés par la lumière du jour et de regarder au loin plutôt que d’être rivés sur un écran », signale la Dre Stacey Bélanger.
Vers une bonne utilisation des écrans
Les écrans font maintenant partie de la vie de tous les jours. Dans son document, la Société canadienne de pédiatrie reconnaît qu’ils ont des bienfaits potentiels pour les tout-petits. Par exemple, les applications et les émissions éducatives de qualité peuvent favoriser des aspects du développement cognitif.
Cependant, les écrans ne doivent pas remplacer des activités essentielles au développement des enfants. Les tout-petits apprennent mieux dans la vraie vie que sur un écran. « Les interactions et le jeu avec leurs parents, des proches et d’autres enfants sont la meilleure source d’apprentissage et de stimulation pour les 5 ans et moins », insiste la Dre Stacey Bélanger.
Pour cette raison et compte tenu des effets dommageables des écrans, la SCP maintient qu’il ne faut pas exposer les enfants de moins de 2 ans aux écrans. Seule exception : un appel vidéo pour faire coucou à des grands-parents ou à d’autres proches, car cela aide à renforcer les relations à distance. « L’appel devrait toutefois se faire sous la supervision des parents et durer quelques minutes seulement », précise la Dre Stacey Bélanger.
Quant aux enfants âgés de 2 à 5 ans, la limite recommandée est toujours d’une heure par jour. La SCP suggère de privilégier le contenu éducatif adapté à l’âge de l’enfant ainsi que l’utilisation active et interactive des écrans plutôt que l’écoute passive. Quelques exemples : dessiner à l’aide d’une application, danser ou chanter par-dessus des chansons sur YouTube, regarder une émission de télévision en famille et commenter ce qui s’y passe, etc.
« La clé, c’est que les parents accompagnent leur tout-petit dans sa découverte et son utilisation des écrans », affirme la psychologue Marie-Anne Sergerie, autrice du livre Cyberdépendance : Quand l’usage des technologies devient un problème. Elle conseille de réagir à ce qu’il fait, de jouer avec lui, de lui poser des questions et de l’aider à faire des liens avec la vraie vie. Rien ne presse pour exposer les enfants aux écrans, assure la psychologue. « Des parents se demandent si le fait de ne pas initier tôt leur enfant aux technologies pourrait le désavantager plus tard. Pas du tout, dit-elle. C’est tellement convivial que les enfants se rattrapent vite. »
Améliorer son utilisation des écrans
La Dre Stacey Bélanger est consciente que la gestion des écrans peut parfois être décourageante pour les parents. « Je ne dis pas aux parents de changer les habitudes de la famille du jour au lendemain. Mais plutôt de faire un changement à la fois, à commencer par fermer les appareils pendant les repas, y compris leur propre téléphone, propose la pédiatre. Et si leur enfant a accès aux écrans plusieurs fois par jour, je suggère de lui retirer une période à la fois. »
Il est par ailleurs important de donner l’exemple d’une saine utilisation des écrans. Voici ce que la SCP propose aux parents :
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diminuez votre utilisation des écrans en présence de vos enfants;
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évitez de laisser la télévision allumée en arrière-plan;
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fermez les écrans pendant les activités en famille;
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encouragez vos enfants à faire des activités sans écran et participez-y (ex. : lecture partagée, bricolage, jeux de société et jeux extérieurs en famille).
« Des parents qui sont capables de décrocher des écrans aident leurs enfants à trouver un équilibre sur la place que prendront les technologies dans leur vie », estime Marie-Anne Sergerie.
Pour en savoir plus, consultez notre fiche Usage des écrans par les parents: trouver l’équilibre.
Nathalie Vallerand – Équipe Naître et grandir
Photos : GettyImages/serts et miniseries