Comment vont les enfants de parents séparés?

Comment vont les enfants de parents séparés?
Comment vont les enfants de parents séparés?

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Plusieurs enfants québécois vivent la séparation de leurs parents. Comment se portent-ils?

24 mai 2022 |Au Québec, de nombreux enfants voient leurs parents se séparer. Certains expérimentent la garde partagée ou vivent dans une famille recomposée. Comment ces enfants se portent-ils? Trois chercheuses font le point.

Selon des données de l’Institut de la statistique du Québec, 40 % des enfants nés au Québec à la fin des années 1990 ont vécu la séparation de leurs parents avant l’âge de 17 ans. De plus, le nombre d’enfants en garde partagée augmente et cet arrangement est particulièrement important dans la province. Par ailleurs, 16 % des familles québécoises sont recomposées.

On connaît toutefois peu de choses sur le vécu des enfants qui évoluent dans ces familles. Dans le cadre du 89e Congrès de l’Acfas, trois chercheuses ont présenté les résultats de leurs études, ce qui nous permet d’en savoir un peu plus.

Le bien-être des enfants après la séparation

Marie-Christine Saint-Jacques est directrice du partenariat de recherche Séparation parentale, recomposition familiale à l’Université Laval. Elle a analysé les données d’une enquête réalisée auprès de 1 470 parents qui étaient séparés depuis 21 mois en moyenne.

« Dans l’ensemble, la majorité des enfants vont très bien », souligne-t-elle. Cela est vrai pour tous les aspects analysés, que ce soit la santé, le bonheur, la façon dont l’enfant vit les transitions entre les maisonnées, les problèmes de comportements ou l’adaptation scolaire. Toutefois, 30 % des enfants atteignent un seuil considéré comme problématique soit pour l’anxiété, soit pour les comportements antisociaux.

« Nous avons réussi à distinguer trois profils d’enfants », ajoute Marie-Christine Saint-Jacques. Le premier profil correspond à ceux qui vont très bien et englobe 67 % d’entre eux. Le deuxième profil regroupe 7 % des enfants et ceux-ci sont considérés en grande difficulté. Parmi eux, 80 % ont un niveau problématique d’anxiété et plus de 50 % ont des problèmes de comportements. Enfin, le troisième groupe représente 26 % des enfants. Ceux-ci vivent plus difficilement les transitions entre les maisonnées, mais sont heureux la plupart du temps.

Parmi les caractéristiques qui peuvent influencer le bien-être de l’enfant selon la chercheuse, on retrouve son âge, le fait que son parent habite seul ou en couple sans enfants, la qualité de la relation parent-enfant et les conflits entre ses parents.

Les relations dans les familles en garde partagée

Amandine Baude, chercheuse au CIUSSS de la Capitale-Nationale, s’est intéressée au bien-être des enfants en garde partagée en analysant la situation de 534 parents d’enfants de 3 à 12 ans qui étaient séparés depuis moins de 24 mois.

« Les tendances qui ressortent montrent que les dynamiques relationnelles vont quand même bien, remarque-t-elle. Les conflits entre les parents sont peu fréquents et les arrangements, plutôt flexibles. La qualité de la relation entre l’enfant et les parents est bonne, voire excellente. Moins de 10 % des parents dont l’enfant est en garde partagée rapportent que les transitions entre les maisonnées sont conflictuelles. »

L’étude a aussi révélé que près de 20 % des parents sont plus vulnérables dans leurs relations. Ainsi, 11 % des répondants ont développé des relations conflictuelles avec l’autre parent et 8 % déclarent vivre des problèmes relationnels avec leur enfant.

La relation entre parents et beaux-parents

Marion Adamiste, étudiante au doctorat en psychologie à l’Université Laval, a rencontré 15 couples recomposés pour comprendre comment parents et beaux-parents se coordonnent concernant l’éducation et le bien-être des enfants.

Elle a ainsi mis en évidence trois fonctionnements différents chez ces familles. Le premier groupe correspond aux familles qui fonctionnent de manière cohésive, c’est-à-dire que les parents et les beaux-parents se soutiennent et qu’il y a peu de conflits. « C’est principalement la communication qui est mise de l’avant dans ces familles, explique la doctorante. Il y a un respect mutuel de chacun des membres de l’équipe. Le fait d’avoir des visions de l’éducation similaires aide beaucoup. »

Dans le deuxième groupe, elle observe beaucoup plus de conflits entre les deux familles de l’enfant. « Les parents ont une perception très différente au point de vue de l’éducation et de l’engagement de chacun, ce qui crée énormément de tensions », souligne Marion Adamiste. Dans ces familles, ce sont principalement les parents qui vont s’investir auprès de l’enfant, et les beaux-parents sont un peu plus en retrait.

Enfin, dans le troisième groupe, le fonctionnement est déséquilibré. Cela signifie qu’un des parents est mis de côté ou qu’il est peu impliqué. Le beau-parent va donc être plus engagé. « Nous voulions alors savoir ce qui amène l’autre parent à être en retrait dans l’éducation de l’enfant, ajoute-t-elle. Dans certains cas, l’autre parent peut avoir un travail très prenant auquel il donne la priorité plutôt qu’à sa famille. Le fait d’avoir des problèmes de consommation ou de santé mentale peut aussi expliquer cette dynamique. »

 

Source : Acfas

 

Kathleen Couillard – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/wanderluster

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