Puberté précoce: quels sont les signes et que faire?

Puberté précoce: quels sont les signes et que faire?
Puberté précoce: quels sont les signes et que faire?

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Chez certains enfants, la puberté survient très tôt, soit avant 8 ans chez les filles et avant 9 ans chez les garçons. Comment reconnaître la puberté précoce et comment réagir?

19 avril 2022 | La puberté est une étape importante du passage de l’enfance à l’adolescence. Si elle se déroule normalement pour la majorité des enfants, certains vivent le choc de la voir arriver trop tôt. Comment reconnaître la puberté précoce et surtout, que faire?

À l’été 2020, Carolyn a remarqué chez sa fille Jeanne, alors âgée de 8 ans, un élargissement des hanches et l’apparition de poils aux aisselles. Considérant cela un peu tôt dans sa croissance, la mère a décidé de consulter son pédiatre. « J’étais surprise, mais pas nécessairement inquiète, dit cette mère de quatre filles, et surtout, je ne voulais pas l’alarmer ni l’inquiéter! »

Rapidement, le pédiatre réfère la famille à un endocrinologue afin d’évaluer si la puberté de Jeanne est bel et bien commencée. Et si oui, si cela pose problème.

L’âge moyen du début de la puberté est de 10 ans et demi chez les filles et de 11 ans et demi chez les garçons, selon le CHU Sainte-Justine. Lorsque des signes de maturité sexuelle apparaissent avant 9 ans chez les garçons et avant 8 ans chez les filles, on parle de puberté précoce.

L’arrivée des menstruations n’annonce toutefois pas le début de la puberté, mais plutôt que celle-ci est bien amorcée. L’âge moyen des premières menstruations est d’ailleurs de 12 ans.

Signes à surveiller

Selon la Dre Mélanie Henderson, pédiatre endocrinologue et chercheure au Centre hospitalier Sainte-Justine, certaines caractéristiques sont à surveiller.

« Chez les filles, on peut remarquer le développement et l’apparition des seins et chez les garçons, l’augmentation de la taille du pénis et des testicules, explique la pédiatre. Et de façon générale, l’apparition de poils pubiens, les poussées de croissance importantes, l’arrivée de l’acné ou d’odeurs corporelles sont aussi des signes à surveiller. »

Comme parent, il est important de ne pas paniquer, souligne la Dre Mélanie Henderson. « Oui, il faut consulter, mais on ne commence pas à dire : “ça y est, c’est la puberté précoce!” »

Pour poser un diagnostic, plusieurs éléments doivent être considérés, tels que l’âge de la puberté des parents, l’histoire familiale et l’ethnicité. « Il peut y avoir des variations dans les âges de début de puberté chez un enfant caucasien comparativement à un enfant noir », mentionne la pédiatre.

Lors d’une première consultation, le médecin examine l’enfant et prend connaissance de son historique et de son état de santé. Il s’intéresse aussi aux symptômes et aux signes de puberté de l’enfant. Selon ses observations, le médecin peut demander des prises de sang et une radiographie de la main.

« La radiographie de la main permet d’identifier l’âge des os et d’évaluer où en est l’enfant dans son développement et sa croissance », indique la Dre Mélanie Henderson. Elle ajoute qu’un suivi des courbes de croissance, généralement fait une fois par année lors des rendez-vous médicaux de routine, est un outil précieux pour conserver une trace de l’évolution du développement de l’enfant.

Ralentir ou non l’arrivée de la puberté?

Pour la fille de Carolyn, les premiers résultats de tests ont révélé que Jeanne commençait tranquillement sa puberté… et qu’il valait mieux laisser aller les choses. « Ce n’était pas considéré comme précoce mais plutôt hâtif, raconte la mère. Elle vivait bien cela, elle était assez sereine… et moi aussi. »

Contrairement à Carolyn, Mira et son conjoint ont opté pour la médication pour ralentir la puberté de leur fille de 7 ans. « On a suivi les conseils de l’équipe d’endocrinologues qui a regardé un ensemble de facteurs, dont le rythme de la progression des signes de puberté, confie la mère de deux enfants. Je crois que psychologiquement, ma fille n’était pas prête. Je la sentais fragile et ébranlée. Ce serait devenu, je pense, un fardeau épouvantable pour elle à ce moment-là. »

Dans le cas d’une puberté précoce, les injections sous-cutanées d’hormones sont le traitement le plus souvent utilisé. L’objectif est de ralentir la puberté le temps que l’enfant poursuive sa croissance et atteigne un âge « sain et normal », précise la pédiatre.

« Au moment de la puberté, les plaques osseuses fusionnent et la croissance s’arrête », dit-elle. Un des buts du traitement est donc de préserver la taille finale adulte. En effet, comme la période de croissance est plus courte, l’enfant risque d’être plus petit qu’attendu.

Peu importe le chemin emprunté, traitement hormonal ou pas, vivre une puberté hâtive ou précoce peut être stressant pour l’enfant. Celui-ci peut se sentir différent ou marginal.

« Une fille physiquement très développée au primaire peut être la cible de taquineries, cite en exemple la Dre Mélanie Henderson. Comme parents, il faut faire attention de ne pas mettre l’accent sur cet aspect. Il faut plutôt normaliser la situation. On peut expliquer à notre enfant qu’il existe une grande variation dans le développement de la puberté, chez les garçons et chez les filles, et chez chaque individu. Notre jeune doit se sentir rassuré et accepté. »

C’est l’approche privilégiée par Mira avec sa fille. Après deux ans de traitement hormonal, la fillette a cessé la médication et a entamé un nouveau chapitre en toute confiance. « Elle aura bientôt 10 ans, et sa puberté est bien amorcée maintenant. Je pense qu’on a fait du bon travail pour l’accompagner, l’écouter et la supporter là-dedans. Je la sens sereine. »

À qui la faute?

Pesticides, alimentation, savons, utilisation de certains produits ménagers (contenant du phtalate par exemple) ou de plastique (renfermant du bisphénol A)… Tous ces produits chimiques sont fréquemment mis au banc des accusés lorsqu’il est question de puberté précoce.
Prudence, affirme la Dre Mélanie Henderson. « Nous ne disposons d’aucune donnée probante à ce sujet. Aucune étude n’est concluante pour le moment. »

Plus de cas de puberté précoce?

Aucune étude récente ne démontre qu’il y a une augmentation du nombre de cas de puberté précoce, selon la Dre Mélanie Henderson.

Toutefois, certaines recherches sont arrivées à la conclusion que la puberté avait lieu plus tôt qu’autrefois. Par exemple, selon une étude danoise publiée en 2009, l’âge de l’apparition des seins chez les fillettes du Danemark est passé de 10 ans à 9 ans sur une période de 20 ans.

Aussi, une étude menée en 2017 par la Santé publique en France avance que l’âge moyen de la puberté chez les filles se situait à 12-13 ans dans les années 1900 puis à 9-10 ans dans les années 1960.

Cette même étude expose que les cas de puberté précoce sont onze fois plus fréquents chez les filles que chez les garçons (soit 0,24 cas pour 10 000 garçons et 2,68 cas pour 10 000 filles).

 

Maude Goyer – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/Sviatlana Lazarenka

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