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Connaissez-vous l’approche des écoles positives et bienveillantes? Elle favorise le bien-être des élèves et diminue les comportements dérangeants dans les écoles.
15 février 2021 | L’approche positive et bienveillante gagne du terrain dans plusieurs écoles du Québec. Seulement au Centre de services scolaire Marie-Victorin, situé sur la Rive-Sud de Montréal, plus de la moitié des écoles primaires l’ont adoptée. Quels sont les bienfaits de cette approche sur l’ambiance de l’école, sur les élèves et sur leur persévérance scolaire?
Cette approche s’inscrit dans la continuité de la parentalité positive, aussi appelée éducation bienveillante, avec les tout-petits. Elle invite les adultes d’une école à faire preuve d’empathie envers les élèves pour favoriser leur bien-être. L’école bienveillante mise aussi sur les bons coups des enfants pour encourager leurs bons comportements.
Le Centre de services scolaire (CSS) Marie-Victorin s’intéresse à l’approche positive et bienveillante, aussi connue sous l’appellation soutien au comportement positif, depuis 2017. Jusqu’à présent, au moins 35 de ses 57 écoles primaires ont adopté cette approche qui commence aussi à faire son chemin au secondaire.
Cultiver la bienveillance
Quand une école choisit l’approche bienveillante, tous les acteurs de l’établissement sont impliqués, explique Véronique Blouin, conseillère pédagogique au CSS Marie-Victorin. « On veut que tous les adultes de l’école – enseignants, spécialistes, personnel de direction, éducatrices du service de garde, concierge, etc. – aient une relation positive avec les élèves. »
Il y a toujours des adultes bienveillants dans une école, « mais avec l’approche positive, on veut que tout le personnel de l’école se montre empathique envers chaque enfant », poursuit Éric Morissette, professeur à la Faculté des Sciences de l’Éducation de l’Université de Montréal et formateur pour les équipes-écoles qui souhaitent implanter cette approche bienveillante.
Des habitudes comme accueillir chaleureusement les élèves, prévoir des moments pour parler de ce qu’ils vivent et planifier des activités pour exprimer leurs émotions sont parmi les moyens utilisés pour favoriser cette bienveillance. Chaque matin, Marie-Christine Pellerin, enseignante en 2e année à l’École du Tournesol, située à Longueuil, accueille un à un ses élèves. « Je leur dis bonjour en les nommant, je les regarde, je leur souris, je leur fais un clin d’œil. Je veux que chacun se sente vu », dit l’enseignante qui ajoutera les câlins et les caresses dans le dos dès que la COVID sera finie.
Elle leur montre aussi qu’elle les accueille et les accepte comme ils sont en leur demandant chaque matin comment ils arrivent. « Certains me disent : "J’arrive de bonne humeur", "J’arrive fâché parce que ma sœur a cassé mon jeu" ou "J’arrive triste, car je me suis chicané avec mon papa." Je laisse une place pour exprimer ça », dit Marie-Christine Pellerin.
L’enseignante termine aussi ses journées en permettant à son groupe de parler d’un moment que les élèves ont aimé et de ce qui a moins bien été, comme un travail difficile ou une chicane avec un ami. « À la fin de la journée, j’offre aussi des félicitations à certains élèves, par exemple à un enfant qui a persévéré dans un atelier. » Ces attentions contribuent à créer un bon lien d’attachement avec ses élèves.
Un encadrement rassurant pour les élèves
Pour agir de manière positive avec les élèves, l’équipe d’une école bienveillante s’entend également sur un ensemble de règles communes à faire respecter et sur la façon de les enseigner et d’intervenir. « Un des fondements de l’approche positive, c’est qu’en enseignant explicitement aux élèves les comportements attendus dans l’école, on réduit le nombre de comportements inadéquats, explique Véronique Blouin. Concrètement, on présente les règles de l’école aux élèves, on les décortique et on en discute avec eux. Par exemple, si on dit qu’il faut lever la main pour avoir la parole, on leur demande: "Pourquoi on doit faire ça?" et "Si on lève la main et on parle en même temps, est-ce la bonne façon de faire?" » Quand les enfants comprennent bien le sens d’une règle, ils ont davantage tendance à la suivre.
Les élèves sont aussi amenés à pratiquer les bons comportements comme le fait Marie-Christine Pellerin avec ses 16 élèves âgés de 7 à 8 ans. « Par exemple, on va directement dans le corridor pratiquer comment il faut circuler dans le corridor et comment on ne doit pas circuler », dit l’enseignante.
Les règles sont claires et simples. Ce sont les mêmes pour toute l’école et elles sont affichées à plusieurs endroits. « Cela offre un cadre rassurant pour les élèves, soutient l’enseignante. Ils savent ce qui est attendu de tous les intervenants de l’école. » Si un élève a plus de difficulté à suivre une règle, par exemple il n’attend pas son tour pour parler ou il court dans le corridor, l’enseignante peut le prendre à part pour le faire pratiquer plus que les autres, ajoute Véronique Blouin. « On essaie de travailler en prévention des comportements dérangeants », dit la conseillère pédagogique.
Féliciter les bons coups
La clé de l’école positive, c’est aussi le renforcement des bons comportements, mentionne Éric Morissette qui est également chercheur à la Chaire de recherche sur le bien-être et la prévention de la violence à l’école. « Une fois qu’on a annoncé et enseigné clairement ses attentes, on renforce les élèves qui se comportent bien », indique-t-il.
« Quand on voit de bons comportements, on met l’accent là-dessus, dit-il. "Bravo, Sébastien, tu as levé la main, tu as fait preuve de respect!" Et on utilise autant les mots que les gestes dans nos interventions positives avec par exemple des clins d’œil, des sourires ou des tapes dans le dos. »
En plus des mots et des gestes d’encouragement, les écoles positives offrent des récompenses tangibles pour souligner les bons coups des élèves. À l’École du Tournesol, on distribue des tournesols en papier qui valent des points. Quand un élève en a accumulé un certain nombre, il obtient un privilège comme apporter un toutou ou porter sa casquette en classe. Et quand, ensemble, les élèves d’un groupe ont accumulé 200 points, toute la classe a droit à une activité spéciale comme regarder un film.
« Tous les intervenants de l’école distribuent des tournesols, précise Marie-Christine Pellerin. Ça peut être pour féliciter un élève qui a ramassé un papier qui traînait sur le plancher, un autre qui s’est déplacé en silence dans le corridor ou qui a aidé un ami à attacher son soulier. »
Un effet sur la motivation et la réussite scolaire
Marie-Christine Pellerin note que ses encouragements et ses actions bienveillantes créent un sentiment d’appartenance dans sa classe. « Les enfants se sentent tous importants, observe-t-elle. Cela favorise l’entraide entre eux. Ils sont capables de travailler avec n’importe qui, même si ce n’est pas leur meilleur ami. Ils reproduisent aussi mes gestes et ils sont capables de se féliciter et de se réjouir pour les autres. Les enfants se sentent bien. Et j’observe moins de petits dérangements quotidiens, comme faire des bruits de bouche ou jouer avec son crayon pour obtenir de l’attention. »
Éric Morissette indique que les interventions positives ont un impact sur la biochimie du cerveau. « Plus on reçoit de la bienveillance et de l’empathie, plus notre cerveau produit de l’ocytocine, soutient le formateur et chercheur. Cette hormone favorise les bonnes relations et les gestes empathiques et réduit donc les comportements agressifs. De plus, l’ocytocine active la production d’autres hormones comme la dopamine, liée à la motivation, et l’endorphine, associée au bien-être. »
La conseillère pédagogique Véronique Blouin le confirme, les écoles qui mettent de l’avant l’approche positive et bienveillante notent des améliorations. « Dans ces écoles, le nombre de comportements inadéquats diminue d’une année à l’autre, dit-elle. Le climat est aussi plus calme et positif. » Elle y voit un atout pour la réussite scolaire. « Les recherches ont montré que le climat positif d’une classe aide les élèves qui ont plus de difficultés à mieux réussir, souligne Mme Blouin. L’approche positive développe aussi le sentiment de sécurité émotionnel des élèves et ça les encourage à persévérer. »
Marie-Christine Pellerin n’a pas de chiffres pour démontrer l’effet de l’approche positive sur la réussite scolaire de ses élèves, mais elle aussi, elle y croit. « Un enfant qui se sent bien dans son école est davantage disponible pour faire des apprentissages, note l’enseignante. De plus, quand on le félicite et qu’on l’encourage, l’élève voit qu’on croit en sa capacité de persévérer. Il va fournir plus d’efforts en classe et il va vouloir se dépasser. »
Julie Leduc – Naître et grandir
Photos : GettyImages/ SDI Productions, skynesher et FatCamera