Le changement d’heure à l’automne est plus facile à vivre que celui au printemps. On peut quand même aider les enfants à s’y adapter.
30 octobre 2020 | Dans la nuit de samedi à dimanche (2 au 3 novembre 2024), nous reculerons nos horloges d’une heure. Nous reviendrons alors à l’heure normale. Quelles peuvent être les répercussions sur les enfants et comment les aider à vivre cette transition?
Mis à jour le 25 septembre 2024
« Je n’étais pas particulièrement sensible aux changements d’heure… avant d’avoir un bébé. » La sociologue Valérie Harvey résume ainsi ce que vivent bien des parents, surtout ceux de jeunes enfants, lors des changements d’heure.
Un changement moins difficile qu’au printemps
« Le changement d’heure à l’automne est un peu plus bénéfique et facile à vivre pour les familles que le changement d’heure au printemps », dit Dominique Petit, coordonnatrice du Réseau canadien de sommeil et rythmes circadiens, et associée de recherche au Centre d’études avancées en médecine du sommeil à l’Hôpital du Sacré-Coeur de Montréal.
La plupart des enfants d’âge scolaire vivront bien la transition, croit Évelyne Martello, infirmière et auteur du livre Enfin je dors… et mes parents aussi (éditions du CHU Sainte-Justine). « En une semaine, les enfants se seront replacés dans ce nouvel horaire, et les habitudes de sommeil seront reprises », souligne-t-elle.
Comment aider les enfants à s’adapter à l’heure normale?
Toutefois, la situation peut être plus difficile à vivre pour les enfants qui ont un trouble d’origine neurologique, que ce soit un trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité ou un trouble du spectre de l’autisme. « Si possible, je recommande de préparer les enfants : une semaine à l’avance, on tente de retarder l’heure de coucher de 5 ou 10 minutes », conseille-t-elle. Ce conseil peut aussi s’appliquer aux bébés ainsi qu’à tous les enfants.
Et si on n’a pas préparé nos enfants au changement d’heure, peut-on faire quelque chose? « Le soir même, on peut mettre notre enfant au lit 15 minutes plus tard, et on refait cela pour les jours qui suivent, dit Évelyne Martello. Le retour à la normale sera peut-être un peu plus long, car les enfants, comme les adultes, sont affectés par le changement d’heure. Mais il n’y a pas de conséquences à long terme ».
Fatigués, les enfants peuvent devenir plus irritables, sensibles, stressés… et les parents aussi! « Le changement d’heure, c’est comme un décalage horaire, note Dominique Petit. Cela cause un stress, plus ou moins grand, sur l’organisme. Ce qui compte, pour se sentir bien, c’est d’être en phase entre nos fonctions corporelles et comportementales. Or, quelques jours après le changement d’heure, on peut se sentir déphasé, décalé. »
Selon elle, la mise en place d’une routine du dodo prend alors tout son sens : le changement d’heure risque de se faire plus en douceur si de bonnes habitudes de coucher ont été prises puisque « le corps de l’enfant est conditionné au sommeil » indique-t-elle.
Une autre façon de minimiser l’impact du changement d’heure automnal, c’est de protéger le sommeil de l’enfant le matin. On évite par exemple les bruits forts et on bloque la lumière du matin avec des rideaux sombres, bien tirés, suggère Dominique Petit.
Maintenir l’heure normale ou l’heure avancée?
On ignore combien de temps nous devrons vivre (certains diront « subir ») ces changements d’heure : en point de presse le 8 octobre 2020, le premier ministre François Legault s’est dit ouvert à réévaluer la nécessité des changements d’heure. En Ontario, un projet de loi privé vient d’être déposé afin de maintenir l’heure avancée à l’année. « Seulement un tiers des pays du monde ont conservé cette pratique », dit la sociologue Valérie Harvey, qui s’intéresse beaucoup à la question depuis une dizaine d’années.
Depuis 40 ans, plusieurs études remettent en question la nécessité de changer l’heure. Par exemple, une étude anglaise de 2014 démontre que les parents ont moins tendance à envoyer leurs enfants jouer dehors lorsqu’il fait noir plus tôt en soirée, souligne la sociologue.
Toutefois, plusieurs experts du sommeil sont plutôt pour le maintien à l’heure normale en tout temps puisque l’heure avancée aurait des effets néfastes sur la santé. C’est le cas notamment de l’American academy of sleep medicine qui a pris récemment position en ce sens dans un éditorial.
D’autres associations de chercheurs et spécialistes se penchent actuellement sur la question, dont la Société canadienne de sommeil, afin de peser les pour et les contre de l’heure normale et de l’heure avancée. « Tous les chercheurs du sommeil sont en réflexion là-dessus et des avis pourraient bientôt être émis. Je pense que la société est mûre pour arrêter les changements d’heure… mais il faut que ça se rende aux décideurs », indique Dominique Petit.
Pourquoi changeons-nous l’heure?
Les changements d’heure sont encadrés par une loi votée en 1924 au Québec. Le but? Suivre la clarté naturelle du jour, qui change selon les saisons. Le but était aussi à l’époque de réduire l’utilisation de l’éclairage afin de diminuer la consommation d’énergie. Aujourd’hui, la raison est surtout d’être en phase avec notre principal partenaire économique : les États-Unis.
Lors du premier dimanche de novembre, on recule donc les horloges d’une heure pour revenir à l’heure normale de l’Est (aussi appelée l’heure d’hiver). Au printemps, lors du deuxième dimanche de mars, on avance l’heure pour vivre à l’heure avancée d’été (ce sera dans la nuit du 8 au 9 mars en 2025).
Ainsi, le Québec vit huit mois par année à l’heure d’été, où une certaine lumière étire les fins de journée et quatre mois à l’heure d’hiver, pendant laquelle la noirceur s’installe entre 16 h 00 et 16 h 30, mais permet un lever avec la lueur du jour.
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Maude Goyer – Naître et grandir
Photo : Gettyimages/1182869078