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Aider son enfant à se rappeler sa garderie et son éducatrice facilitera le retour à la garderie après le déconfinement.
27 avril 2020 | Cela fera sept semaines que les enfants ne vont plus à la garderie. Comment maintenir le souvenir d’un tout-petit de son service de garde et de son éducatrice? Et est-ce nécessaire?
Selon Miriam Beauchamp, neuropsychologue pédiatrique, la « transition vers le retour à la normale » sera grandement facilitée si un certain contact enfant-éducatrice est conservé et nourri. Et il n’est pas trop tard pour le faire.
Dans le cas où l’éducatrice de l’enfant prend une initiative, il ne faut pas hésiter à participer, dit-elle. « Cela permet aux enfants de se rappeler leur éducatrice et leurs amis du groupe. Il ne faut pas oublier qu’ils y sont attachés et que leur quotidien s’est effondré. C’est normal qu’ils s’ennuient, même s’ils ne l’expriment pas. Reprendre contact permet de se reconnecter », explique Miriam Beauchamp.
Elle souligne du même souffle que les éducatrices ne doivent pas vivre cette situation en se mettant de la pression. « Chacune d’entre elles vit des réalités et des enjeux différents », note-t-elle.
Les courts échanges par téléphone ou par vidéoconférence sont possibles pour les enfants un peu plus vieux, selon le tempérament de chacun bien sûr. Toutefois, pour les plus petits, il peut être plus approprié de voir une photo de leur éducatrice ou de leur groupe. « Une photo, c’est statique, dit Miriam Beauchamp. Cela peut éviter la confrontation négative pour l’enfant : lors d’un appel vidéo, il voit quelqu’un qu’il aime, mais il ne peut le toucher. »
Et les parents?
Les parents ont aussi un rôle à jouer pour que leur tout-petit n’oublie pas son éducatrice et ses amis, particulièrement s’il retourne à la garderie prochainement. Ils peuvent en effet lui parler souvent de son éducatrice et de ses amis. Il est toutefois normal qu’un enfant de moins de 3 ou 4 ans n’ait pas de souvenirs clairs de sa garderie. Malgré tout, il ne faut pas hésiter à lui rappeler les lieux ainsi que les jeux, les jouets, les routines et les petits rituels de la garderie.
Selon Miriam Beauchamp, les tout-petits, soutenus par leurs parents, peuvent initier le contact avec leur éducatrice, sans nécessairement s’attendre à un retour de sa part. « Les parents peuvent demander à leur enfant de prendre une photo, de faire une petite vidéo, un dessin, un petit mot et ils l’envoient ensuite », indique-t-elle.
Poser le geste, à ce stade-ci du confinement, aide l’enfant à rafraîchir sa mémoire et à garder bien vivant le souvenir de son milieu de garde, de sa figure d’attachement à cet endroit et de ses camarades.
Et si, pour toutes sortes de raisons, il est impossible de maintenir le contact? « L’enfant peut quand même faire un dessin ou une autre activité de bricolage qu’il pourra donner à son éducatrice lors du retour », souligne Miriam Beauchamp.
Des initiatives inspirantes d’éducatrices Plusieurs éducatrices, partout au Québec, ont entrepris des actions afin de préserver les liens avec leurs petits protégés. Il ne faut pas oublier qu’elles passent des heures, toutes les semaines et parfois, pendant plusieurs années, avec eux : les enfants ne sont pas les seuls à s’ennuyer… « J’ai un groupe privé sur Facebook. Toutes mes familles y ont accès et chaque semaine, je mets des idées d’activités, je lis des histoires et je mets un défi. Lorsque le défi est réalisé, les parents m’envoient des photos et des vidéos. » - Isabelle Doré, responsable d’un service de garde en milieu familial de neuf enfants à Victoriaville, Les Petits Moussaillons « Ma collègue et moi avons reproduit un moment que les enfants aiment beaucoup : le cercle magique. On lance un cube avec des images et chaque image représente une chanson. On chante ensemble la chanson liée à l’image. Les enfants adorent ce moment. » - Sandrine Grégoire, éducatrice d’un groupe d’enfants de 1 et 2 ans, La garderie les calinours en Estrie « Je fais des appels par vidéoconférence avec les enfants, une fois par semaine. Ils peuvent se voir et garder contact. » - Sophie Descheneaux, éducatrice d’un groupe d’enfants de 4 et 5 ans, CPE Parminou à Verdun « Je suis allée leur porter une pochette personnalisée contenant un dessin, un petit mot, des autocollants et une fiche d’activités à faire selon leurs intérêts. » - Marilyn Couture, éducatrice d’un groupe d’enfants de 3 et 4 ans, CPE Gaminville à Laval « Chaque jour, je me filme en train de raconter une histoire et j’envoie la vidéo sur notre page privée. Certains enfants m’appellent par vidéoconférence et on jase. » - Chantal Richer, responsable d’un service de garde en milieu familial à Gatineau, La Marelle « Chaque éducatrice a fait une vidéo pour montrer le local, les jouets, les casiers. Nous préparons aussi un projet pour afficher dans les fenêtres des photos et des arcs-en-ciel. S’ils vivent à proximité, ils pourront les voir lorsqu’ils font une promenade. Nous voulons leur montrer qu’on ne les oublie pas et qu’ils ont toujours leur place au CPE. » - Valérie Laporte, éducatrice, CPE Les Petits Bonheurs à Blainville |
Maude Goyer – Naître et grandir
Photo : GettyImages/Anchiy