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5 février 2009 – Les changements climatiques, et plus particulièrement les catastrophes qu’ils provoquent, induiraient aux femmes enceintes un stress suffisamment intense pour nuire au foetus de façon permanente et à son développement à long terme.
C’est ce qui est ressorti d’une conférence de trois jours, tenue à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, au cours de laquelle des chercheurs canadiens et américains ont échangé leurs connaissances – notamment sur l’effet du stress prénatal sur le développement de l’enfant.
Le stress prénatal a été analysé à la lumière d’études menées à la suite de catastrophes naturelles, dont la tempête de verglas en janvier 1998 dans le sud-ouest du Québec, ainsi que l’ouragan Katrina, qui a ravagé la Nouvelle-Orléans et la Louisiane à la fin de l’été 2005.
Des traces permanentes
Auteure d’une étude sur l’impact de la tempête de verglas sur le stress maternel et ses effets sur les fonctions cérébrales de leurs enfants, Suzanne King affirme qu’un stress intense, même de courte durée, peut laisser des traces permanentes à l’enfant.
« Au plan cognitif, on remarque qu’à 2 ans, les enfants dont la mère a eu un stress objectif2 élevé obtiennent de 10 à 15 points de moins aux tests de quotient intellectuel (QI) que les enfants dont la mère n’a pas eu un tel stress pendant la grossesse. »
Concrètement, cet écart pourrait signifier avoir un B au lieu d’un A+ à un examen.
« Les enfants que nous avons étudiés étaient issus de milieux aisés, affirme la chercheuse. Mais malgré cela, la différence aux tests de QI se maintient même lorsque les enfants atteignent l’âge de 8 ½ ans. »
Par ailleurs, l’intensité de la détresse vécue par les femmes pendant et après le verglas déterminerait le degré d’agressivité de l’enfant. Ainsi, plus la détresse a été grande, plus l’enfant serait agressif au fil du temps.
Enfin, au plan physique, Suzanne King avance que la forme des empreintes digitales et la longueur des doigts des enfants dont la mère a subi une grande détresse seraient précurseurs de troubles du développement de certaines parties du cerveau.
« C’est ce qu’avancent certaines études menées sur des animaux et nous allons valider cette théorie d’ici 18 mois avec des enfants du verglas qui subiront des tests d’imagerie par résonance magnétique pour vérifier quelles parties du cerveau pourraient être atteintes », a indiqué Suzanne King.
Pour un meilleur soutien aux mères en détresse
Les spécialistes ont partagé les résultats d’études menées auprès d’humains, d’animaux, ainsi qu’en climatologie, afin d’élaborer des stratégies visant à soutenir les futures mères durant des périodes de crise, et à aider leurs enfants à s’adapter en douceur.
« Notre objectif consiste à développer un plan pour déterminer la meilleure façon de diriger les recherches sur les femmes enceintes durant des catastrophes naturelles, pour ensuite mettre sur pied les interventions adéquates », a conclu Suzanne King.
Martin LaSalle – PasseportSanté.net
1. Suzanne King est directrice de la Division de recherche psychosociale de l’Institut Douglas et professeure agrégée du Département de psychiatrie de l’Université McGill.
2. Par stress « objectif », on signifie celui qu’on peut mesurer objectivement, tel le nombre de jours sans électricité ou sans téléphone, ou encore les pertes monétaires encourues pendant la période du verglas.