Parler de sexualité avec votre enfant est important. Comment le faire après 5 ans?
Dès la petite enfance, l’enfant se pose des questions sur son corps, ses différences avec l’autre sexe et sur sa naissance. C’est une curiosité naturelle qui fait partie de son développement. Entre l’âge de 5 et 8 ans, l’enfant cherche surtout à mieux comprendre comment il a été conçu et comment s’est déroulée sa naissance (rapide ou non, contractions déclenchées la nuit ou le jour au travail, qui a accompagné sa mère à l’hôpital, etc.). Ses questionnements peuvent aussi porter sur des choses qu’il a vues ou entendues ou sur des situations qu’il vit.
Pourquoi parler de sexualité avec son enfant?
L’éducation à la sexualité comporte plusieurs aspects. Elle aborde les parties sexuelles du corps, le respect de son corps et de celui des autres, les abus sexuels, les changements qui surviennent lorsqu’on grandit, la conception des enfants, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, etc. Tout cela a un effet sur l’image que l’enfant aura de lui-même, sur sa façon de vivre l’intimité et sur ses rapports affectifs avec les autres.
En tant que parent, vous êtes la première source d’information sur la sexualité pour votre enfant. Lorsque vous abordez le sujet avec lui, vous l’aidez à :
- mieux se connaître et développer une image positive de son corps;
- apprendre le bon vocabulaire pour nommer ce qu’il vit et ressent;
- devenir autonome et responsable de son corps (hygiène, santé, sécurité, besoins et sensations);
- mieux apprivoiser les transformations à venir au moment de la puberté;
- reconnaître et respecter ses limites et celles des autres;
- tenir compte de ses émotions et de celles des autres dans ses relations;
- être moins vulnérable et mieux outillé pour dénoncer des violences sexuelles ou un mauvais traitement;
- reconnaître et respecter les différences;
- réfléchir aux modèles masculins et féminins qui lui sont présentés et trouver peu à peu sa place;
- établir des liens harmonieux et égalitaires entre les sexes;
- s’interroger davantage sur ce qu’il vit et ce qu’il voit autour de lui.
Comment parler de sexualité avec son enfant?
N’hésitez pas à demander du soutien ou à vous informer auprès d’un professionnel de la santé et des ressources compétentes à l’école de votre enfant si vous en sentez le besoin.
Pour parler de sexualité avec votre enfant, vous n’avez pas à être un ou une spécialiste. Vous devez toutefois réfléchir à vos valeurs et à ce que vous voulez lui transmettre à propos de l’amour, du rapport à l’autre et de l’intimité. Plus cela sera clair pour vous, mieux vous pourrez répondre à votre enfant et l’aider à réfléchir à ces éléments.
Certaines questions de votre enfant peuvent vous mettre mal à l’aise. Si vous les ignorez, il risque de sentir votre malaise et de chercher ses réponses ailleurs, mais peut-être pas où vous l’auriez souhaité. Il est donc préférable de les aborder avec lui.
Il est important de ne pas aborder uniquement la sexualité. Parlez-lui aussi des relations saines, des sentiments et de l’image corporelle.
Être honnête
Si vous n’avez pas la réponse à une question de votre enfant, vous n’avez pas à lui répondre immédiatement. Soyez honnête et dites-lui que c’est une bonne question, mais que vous avez besoin de temps pour y réfléchir et effectuer quelques recherches.
N’ignorez pas sa question et revenez-lui avec une réponse adéquate. Pour vous aider à répondre à ses questions, les livres pour enfants sur la sexualité sont pratiques et d’excellentes sources d’information.
Soyez aussi honnête si une question de votre enfant vous met mal à l’aise. Par exemple, si votre enfant vous questionne sur votre sexualité avec votre partenaire, dites-lui que vous n’êtes pas à l’aise d’en parler avec lui, car c’est un sujet intime. Demandez-lui toutefois sur quoi il s’interroge afin de lui répondre de manière plus générale, sans faire référence à votre intimité.
Tenir compte de son âge
Si parler de sexualité avec votre enfant n’est pas facile pour vous, faites-vous accompagner par un autre adulte qui est plus à l’aise que vous d’en discuter.
Comme l’apprentissage de votre enfant se fait petit à petit, donnez-lui juste un peu d’information à la fois. Puis, ajoutez peu à peu des détails sur les sujets déjà abordés. Assurez-vous que vos explications sont simples.
Si votre enfant souhaite en savoir plus, il vous posera d’autres questions. Avant de répondre à ses questions, essayez de découvrir ce qu’il sait déjà. Ses réponses vous indiqueront ce qu’il comprend et ce que vous pouvez lui dire. Par exemple, s’il vous questionne sur sa conception et sa naissance, commencez par lui demander ce qu’il sait et comment il imagine les choses.
Donner trop d’information peut rendre votre enfant mal à l’aise. Par exemple, s’il trouve des accessoires érotiques dans votre chambre et qu’il vous demande ce que c’est, vous pouvez lui répondre : « Ce sont des jouets pour adultes que nous pouvons utiliser quand nous avons des moments de couple. » S’il vous questionne davantage, dites-lui que vous pourrez en reparler lorsqu’il sera plus vieux.
Employer les mots justes
Lorsque vous parlez à votre enfant, utilisez les mots exacts pour identifier les parties du corps. Pendant le bain, par exemple, rappelez-lui de bien laver ses bras, ses jambes et sa vulve ou son pénis. Votre enfant apprend ainsi à connaître toutes les parties de son corps, y compris ses organes génitaux, sans qu’il y ait de tabous.
Si vous êtes mal à l’aise d’utiliser les bons mots pour parler de sexualité, votre enfant pourrait le ressentir et croire que la sexualité est un sujet à éviter. Essayez de prendre le temps de réfléchir à ce qui vous met mal à l’aise afin de pouvoir par la suite mieux répondre aux préoccupations de votre enfant.
Même lorsque vous ne vous adressez pas directement à votre enfant, utilisez aussi les mots justes quand vous parlez de sexualité. Votre enfant vous écoute même si vous ne lui parlez pas et qu’il se trouve dans une autre pièce.
Encourager votre enfant à vous parler
Si la relation avec votre enfant est ouverte et positive, votre enfant aura envie de se confier à vous. Votre enfant ne viendra toutefois pas toujours vers vous pour vous poser des questions. Intéressez-vous donc à lui, à son quotidien, à ses activités, à ses amis et aux émissions qu’il regarde. Il aura alors plus tendance à vous parler de choses qui le préoccupent.
Rappelez-lui qu’il peut vous parler en toute confiance s’il voit ou entend quelque chose qui le rend mal à l’aise, que ce soit à la maison, à l’école ou sur Internet. Autant que possible, prévoyez chaque jour un moment où vous êtes calme et entièrement à l’écoute de ce que votre enfant pourrait avoir à vous dire, peu importe le sujet.
Mettez-vous à sa place et ne le jugez pas. Au besoin, posez-lui des questions lorsque l’occasion se présente pour l’inciter à vous parler : « Comment te sens-tu? », « Qu’en penses-tu? » ou « Que sais-tu sur ce sujet? ». En discutant ainsi avec lui, votre enfant aura le réflexe de se tourner vers vous lorsqu’il aura des questions.
Passer du temps avec votre enfant vous permet aussi d’aborder certains sujets. Par exemple, si vous constatez que les femmes de son dessin animé sont toujours habillées très sexy, vous pouvez lui faire remarquer que toutes les femmes ne s’habillent pas ainsi et que l’important est d’être bien dans son corps et avec son choix de vêtement.
Ne pas toujours attendre les questions
Certains enfants ne posent jamais de questions au sujet de la sexualité. Ils ont toutefois besoin de la même information que les autres.
Profitez des situations de la vie quotidienne pour discuter de sexualité avec votre enfant. Par exemple, aidez-le à se poser des questions lorsque vous lisez une histoire ou regardez un film ensemble. Portez attention à ses réactions. Demandez-lui comment il voit les choses.
Si une scène à la télévision, un événement, une parole ou un geste semble le perturber, parlez-en avec lui. Aidez-le à nommer ce qu’il ressent et à réfléchir aux conséquences que cette situation peut avoir pour lui, les autres, les personnages de l’émission, etc.
Par exemple, si votre enfant voit une publicité qui dénonce la violence conjugale, vous pouvez lui expliquer qu’il est normal dans un couple d’avoir parfois des désaccords, mais que ceux-ci doivent être exprimés avec respect. Précisez-lui que les paroles et les gestes qui peuvent faire mal à l’autre sont inacceptables. Vous pouvez aussi ajouter qu’une personne qui se sent mal dans une relation a le droit de quitter son ou sa partenaire et d’aller chercher de l’aide.
Parce que les parents aussi ont des questions…
Si vous vous posez des questions au sujet de la sexualité de votre enfant, consultez notre fiche sur Le développement psychosexuel de 5 à 8 ans pour y trouver des réponses aux questions les plus courantes des parents sur le sujet. |
Précautions à prendre avec Internet
Votre enfant peut être exposé à des images qui ne sont pas de son âge autant à la télévision que sur Internet. Ces images peuvent provoquer des malaises ou susciter des questions inattendues pour son âge. Pour éviter une telle exposition, voici quelques précautions à prendre.
- Placez l’ordinateur familial à un endroit central de la maison (ex. : salon, salle de jeu), et non dans la chambre de votre enfant ou dans un coin du sous-sol. Autant que possible, soyez près de votre enfant lorsqu’il utilise l’ordinateur, une tablette ou un téléphone. Vous ne pourrez pas tout contrôler, mais il est préférable de ne pas le laisser seul devant un écran.
- Portez attention à ce qu’il regarde sur Internet et à la télévision. Vous pouvez aussi mettre un mot de passe sur votre téléphone afin que votre enfant ne puisse pas en voir le contenu. Videz aussi votre historique de navigation si vous regardez des contenus pornographiques afin d’éviter que votre enfant les voie par accident.
- Enseignez à votre enfant les règles élémentaires de prudence sur les réseaux sociaux. Rappelez-lui de ne jamais transmettre de photos ou de renseignements personnels (ex. : nom, adresse, lieu de son école) à un inconnu, même s’il dit être un ami, que ce soit par courriel ou sur les réseaux sociaux (ex. : Facebook, Snapchat, Instagram, TikTok, YouNow).
- Apprenez-lui aussi à ne jamais accepter de rencontrer un nouvel « ami » sans vous en parler et à ne jamais révéler ses mots de passe à ses amis. Les amis virtuels devraient être les amis du réel. Dans les jeux vidéo et les réseaux sociaux, votre enfant devrait accepter comme amis seulement des personnes qu’il connaît dans la vraie vie. Certains jeux vidéo permettent aussi de ne pas autoriser les conversations privées entre les participants dans les paramètres de sécurité.
- Expliquez à votre enfant que ce qui est publié sur Internet est difficilement contrôlable par la suite. Il ne doit donc pas écrire sur les réseaux sociaux des choses qu’il ne serait pas à l’aise de dire haut et fort dans la vie de tous les jours. Dites-lui aussi de ne pas donner ni demander de photos ou de vidéos où il y a de la nudité et que, s’il en reçoit, de ne pas les faire circuler à d’autres personnes.
Violences sexuelles : ce que dit la loiSi vous pensez que votre enfant ou un enfant de votre entourage est victime de violences sexuelles, vous devez le signaler à la police ou au bureau de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de votre région. Votre identité demeurera confidentielle. N’oubliez pas que si un enfant s’est confié à vous, c’est qu’il compte sur votre aide. Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse oblige quiconque à faire un signalement s’il croit qu’un enfant a été victime de violences sexuelles. Comme adulte, on peut se demander si une situation justifie un signalement à la DPJ. Sachez qu’un appel à la DPJ pour expliquer la situation permet à l’agent qui prend l’appel de vous transmettre des conseils et de vous dire si oui ou non un signalement est nécessaire. Il peut être stressant de faire un signalement à la DPJ et l’on peut craindre les procédures qui découleront de cet appel. Le mandat principal de la DPJ est d’assurer la sécurité et le bon développement de l’enfant. Lors d’un signalement, l’enfant et sa famille bénéficient de l’aide et de l’encadrement dont ils ont besoin. Les mesures prises par la DPJ permettent de s’assurer que l’enfant n’est plus victime de violences sexuelles. |
Le consentement
Le consentement est avant tout une question de respect de soi et de capacité à reconnaître ses limites et à les exprimer. Comme parents, tenez compte des limites exprimées par votre enfant. Vous lui faites ainsi savoir qu’il est respecté et que son consentement est important. Félicitez votre enfant lorsqu’il exprime une limite.
Votre enfant doit sentir que son consentement est important à la maison afin de pouvoir exprimer son non-consentement lorsqu’il se trouve à l’extérieur.
Par exemple, si votre enfant ne veut pas vous embrasser ou embrasser un membre de la famille, ne le forcez pas. Dites-lui qu’il a le droit de refuser et qu’il peut exprimer son affection d’autres façons, en jouant avec l’autre personne par exemple.
Le consentement étant lié à l’estime de soi et à la confiance en soi, accordez de l’importance à ce que votre enfant exprime comme sentiments et émotions. Entre l’âge de 5 à 8 ans, votre enfant s’accorde souvent la valeur que vous lui accordez.
Apprendre à respecter le consentement des autres
Les règles et les limites avec lesquelles votre enfant doit vivre à la maison et à l’école sont utiles pour l’aider à respecter le consentement ou le refus des autres. En effet, elles l’exercent à accepter de se faire dire non et à respecter cela, même si cela le contrarie. Elles l’aident aussi à comprendre qu’il ne peut pas avoir tout ce qu’il désire.
Le développement de l’empathie contribue aussi au respect du consentement. En effet, lorsqu’il est capable de se mettre à la place de l’autre, l’enfant comprend mieux que cette personne a le droit d’accepter ou de refuser quelque chose, comme un câlin.
À retenir
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Vous jouez un rôle important dans l’éducation sexuelle de votre enfant, car il a confiance en vous.
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Parler de sexualité avec votre enfant est important, même s’il n’aborde pas lui-même le sujet.
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Vous n’avez pas à être à l’aise avec tous les sujets entourant la sexualité pour en discuter avec lui.
| Révision scientifique : Geneviève Parent, sexologue et psychothérapeute Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Janvier 2023
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Photos : iStock.com/PeopleImages et GettyImages/Dejan_Dundjerski
Ressources et références
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ABOUTKIDSHEALTH. Éducation sexuelle des enfants : 8 conseils aux parents. 2019. aboutkidshealth.ca
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ABOUTKIDSHEALTH. Éducation sexuelle : ce que les enfants doivent savoir et à quel moment. 2019. aboutkidshealth.ca
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AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE DU CANADA. Les enfants sexuellement agressifs : guide à l’intention des parents et des enseignants. 2012. canada.ca
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FONDATION MARIE-VINCENT. marie-vincent.org
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HABILOMÉDIAS. Le centre canadien d’éducation aux médias et de littératie numérique. habilomedias.ca
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MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION ET DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR. Éducation à la sexualité. education.gouv.qc.ca
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GOUVERNEMENT DE L’ONTARIO. Parler de sexualité avec votre enfant. 2021. ontario.ca
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PARENTS CYBERAVERTIS.CA. Intérêts et risques : je veux me renseigner sur les activités en ligne des enfants de 5 à 7 ans. parentscyberavertis.ca
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SAINT-PIERRE, Frédérique et autres. La sexualité de l’enfant de 0 à 12 ans. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, « coll. Parlons Parents », 2021, 196 p.
Livres pour enfants -
ROBERT, Jocelyne et autres. Ma sexualité de 0 à 6 ans. 3e éd., Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2015, 88 p.
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ROBERT, Jocelyne et Jean-Nicolas VALLÉE. Ma sexualité de 6 à 9 ans. 3e éd., Montréal, Les Éditions de l’Homme, 2015, 64 p.
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ROBERTS, Jillian et Jane HEINRICHS. Et si on parlait de notre corps? Montréal, Québec Amérique, 2023, 32 p.
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