Découvrez les avantages et les défis des groupes multiâges en milieu de garde.
Les groupes multiâges qui intègrent ensemble des enfants d’âges différents sont courants en milieu familial, mais ils sont aussi de plus en plus présents dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies. Découvrez les avantages de ces groupes et les défis qu’ils représentent.
Les avantages des groupes multiâges
Les groupes multiâges favorisent le développement global des tout-petits, car passer ses journées avec des enfants d’âges différents multiplie les occasions d’apprentissage. Ce type de regroupement a notamment des effets positifs sur le développement des habiletés sociales et sur le comportement des enfants.
Voici les principaux avantages des groupes multiâges pour les enfants :
- Les plus jeunes observent les plus grands et sont portés à les imiter. Ils peuvent par exemple faire des efforts pour demeurer assis et concentrés comme les grands pendant une histoire. Les tout-petits peuvent aussi se mettre plus facilement à aider à ranger le matériel en voyant faire les plus grands.
- Grâce à leurs interactions, petits et grands développent leurs habiletés sociales. Par exemple, ils apprennent à s’affirmer, à prendre soin des autres, à partager et à attendre leur tour.
- La présence d’enfants plus vieux amène les plus petits à améliorer leur façon de parler afin de pouvoir mieux communiquer avec eux. Leur vocabulaire peut aussi s’élargir parce qu’ils entendent plus de mots et d’expressions que dans un groupe homogène de tout-petits.
- Les plus grands apprennent à expliquer des choses ou des jeux aux plus jeunes. C’est une source de fierté pour eux de partager ce qu’ils savent. En expliquant aux plus petits, les grands renforcent leurs apprentissages : « Tu vois, ce morceau de casse-tête va avec celui-là parce que… » Ce type d’interaction favorise également l’estime de soi de tous les enfants.
- Les plus grands peuvent servir de modèles pour la gestion des émotions. Comme ils comprennent et gèrent un peu mieux leurs émotions, ils peuvent montrer l’exemple aux plus petits en utilisant des stratégies d’autocontrôle. Par exemple, un enfant de 4 ½ ans peut nommer sa colère en disant à un ami qu’il est fâché ou aller s’asseoir dans un coin calme au lieu de crier lorsqu’il vit une frustration.
Comme les enfants apprennent beaucoup par observation et par imitation, les groupes multiâges leur offrent l’occasion d’observer des comportements très diversifiés.
- Les plus grands gagnent de la confiance au contact des plus petits. Cela les encourage à être autonomes et à aider les plus petits lorsqu’ils le peuvent. Ils apprennent aussi à mieux percevoir les besoins des autres et à y être plus sensibles, ce qui favorise le développement de leur empathie.
- Il y a moins de situations propices à la comparaison, car les groupes multiâges mettent en interaction des enfants qui ont des niveaux de développement différents. Cette absence de comparaison permet aux enfants de reconnaître leurs forces et leurs limites et d’avoir une vision réaliste d’eux-mêmes. Cela contribue à construire leur estime de soi.
- Les frères et soeurs d’âges différents peuvent demeurer ensemble dans un groupe multiâge. Cet aspect est sécurisant pour les enfants, particulièrement lorsqu’un tout-petit commence la garderie. Il est alors rassuré d’être avec sa soeur ou son frère.
- Les enfants établissent des relations à plus long terme, car ils ne changent pas de groupe ni d’éducatrice à la fin de l’année. Cette stabilité leur permet de construire des liens solides avec leur éducatrice et leurs amis. De plus, l’éducatrice connaît très bien les besoins des enfants de son groupe et peut plus facilement y répondre.
- Le sentiment de confiance avec l’éducatrice est habituellement fort, car elle connaît très bien les enfants et leurs parents. Tout cela contribue à mettre en place une bonne collaboration entre adultes pour le bien des tout-petits.
- Les groupes multiâges peuvent être un atout pour un enfant aux besoins particuliers (ex. : déficience physique, trisomie 21, trouble du spectre de l’autisme). Il peut s’amuser avec des enfants plus jeunes qui ont les mêmes capacités et champs d’intérêt que lui. Il peut aussi se faire ami avec des plus grands qui aiment prendre soin de lui.
Les défis liés aux groupes multiâges
Les groupes multiâges comportent cependant certains défis auxquels les éducatrices doivent être attentives afin de favoriser des relations harmonieuses entre les enfants. Voici des exemples des principaux défis à relever :
- Les enfants plus grands cherchent parfois à contrôler les plus jeunes ou à tout décider pour eux.

- Les plus grands peuvent aussi devenir intolérants à l’égard des petits qui veulent s’intégrer à leurs jeux, mais qui ne savent pas encore bien respecter les règles.
- L’éducatrice doit respecter les habiletés développementales de chaque enfant du groupe pour adapter ses attentes à leur âge et à leur capacité.
- Les sorties et activités à l’extérieur peuvent être plus difficiles parce que les enfants n’ont pas le même niveau d’autonomie (ex. : marche, apprentissage de la propreté).
- Le moment de la sieste peut être plus compliquée en raison des besoins de sommeil différents des enfants selon leur âge.
- Les activités offrant des défis pour les grands sont plus difficiles à organiser pour des raisons de sécurité. Par exemple, offrir aux grands des jeux d’assemblage avec de petites pièces devient parfois difficile lorsque de plus jeunes enfants sont autour et risquent de les mettre dans leur bouche et de les avaler.
Comment surmonter les défis liés aux groupes multiâges
L’éducatrice peut adopter certaines pratiques pour favoriser le développement de tous les enfants de son groupe multiâge. Elle peut aménager un coin pour les grands et un autre pour les petits afin que chacun ait un espace de jeu pour s’amuser avec les enfants de son âge.
Les coins réservés permettent aussi aux enfants de faire des activités adaptées à leur âge. Par exemple, les plus grands peuvent utiliser du matériel qui ne conviendrait pas aux plus petits (ex. : jeux avec des petites pièces).
L’éducatrice peut également faire des activités en sous-groupes. Par exemple, elle peut prévoir des moments de jeux plus complexes pour les enfants plus vieux et proposer d’autres activités aux plus petits durant ces périodes.
Lorsqu’elle organise des activités-projets (ex. : faire une recette de pâte de sel ou faire un bricolage de Noël), l’éducatrice peut adapter les tâches aux habiletés de chacun en fonction de leur âge. D’autre part, favoriser le jeu libre autant à l’intérieur que lors des sorties à l’extérieur est une bonne façon de permettre aux enfants de tous les âges de s’amuser et de se développer à leur rythme.
Pour répondre aux besoins de sommeil différents des enfants au moment de la sieste, l’éducatrice peut prévoir un espace avec des jeux calmes pour les plus grands qui dorment moins longtemps. C’est l’occasion pour l’éducatrice de passer un moment privilégié avec eux pendant que les plus jeunes dorment encore.
Finalement, l’éducatrice doit avoir une bonne connaissance du développement des enfants. Comme les besoins d’un tout-petit de 18 mois sont bien différents de ceux d’un enfant de 4 ans, elle doit adapter ses interventions en fonction des capacités de chacun des enfants du groupe.
À retenir
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Les groupes multiâges permettent notamment aux enfants de faire plusieurs apprentissages et d’établir des liens forts avec leurs amis et leur éducatrice.
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Ce type de regroupement pose toutefois certains défis d’organisation, comme de permettre aux enfants d’âges différents de faire des activités adaptées à leurs capacités.
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Les éducatrices peuvent adapter leurs pratiques pour surmonter les défis liés aux groupes multiâges.
| Révision scientifique : François Couture, conseiller à l’éducation préscolaire Recherche et rédaction : Équipe Naître et grandir Mise à jour : Novembre 2025
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Photos : GettyImages/FatCamera et Rawpixel
Ressources et références
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Pour les enfants : -
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