Prévenir l'intimidation

Prévenir l'intimidation
Il est possible d’agir tôt avec votre enfant pour prévenir l’intimidation. Voyez comment.


Encourager votre enfant à entrer en relation avec les autres, à exprimer ses besoins et ses émotions de même qu’à respecter les autres l’aide à développer de bonnes relations. C’est aussi une façon d’agir tôt pour prévenir l’intimidation.

Est-ce de l’intimidation avant 5 ans?

On parle généralement d’intimidation lorsqu’une personne utilise à répétition des gestes ou des mots violents (coups, moqueries, insultes, menaces, exclusions) dans le but de dominer l’autre, de lui nuire, de lui faire mal, de lui faire peur ou de l’humilier.

Avant 5 ans, les enfants n’ont pas la maturité pour exercer consciemment ce genre de relation de pouvoir. Une chicane avec un ami ou un enfant qui tape ou en pousse un autre ne constitue pas nécessairement de l’intimidation. Les tout-petits sont plutôt égocentriques. Ils ne se rendent pas compte de l’impact de leurs gestes, comme la peine qu’ils peuvent faire à l’autre.

Même chose si un enfant de 4 ans dit à un ami : « Tu n’es pas beau », « Tu n’es plus mon ami » ou « Tu ne viendras pas à ma fête », ce n’est pas de l’intimidation. Il ne dit pas consciemment des mots méchants dans le but de dominer l’autre ou de le blesser. C’est plutôt parce qu’il a de la difficulté à tolérer les frustrations, à gérer les conflits ou à communiquer avec les autres. Ces habiletés sociales sont encore en développement à cet âge.

Avant 5 ans, on parle donc davantage de comportements agressifs ou de conflits que d’intimidation. Il est toutefois nécessaire d’intervenir auprès de votre enfant pour l’accompagner dès qu’un comportement problématique se produit.

Vous trouverez des pistes d’intervention dans nos fiches :

Des stratégies pour prévenir l’intimidation dès la petite enfance

Il n’est pas possible de faire en sorte que votre tout-petit ne vive jamais de difficultés dans ses relations avec les autres. Vous pouvez toutefois agir dès la petite enfance pour l’aider à avoir de bonnes relations et à gérer les situations difficiles.

Voici des gestes et des attitudes qui peuvent contribuer à prévenir l’intimidation.

  • Favorisez les interactions et les activités sociales, autant avec les enfants que les adultes (ex. : aller au parc, inviter un ami à la maison, faire des fêtes de famille). Plus votre enfant vit des expériences sociales positives, plus il peut reconnaître les situations sociales problématiques pour tenter de les éviter ou pour venir vous en parler.
  • Jouez à faire semblant en reproduisant des situations sociales plus difficiles pour votre enfant, comme trouver un ami pour jouer à la garderie ou réagir à un ami qui ne veut pas jouer avec lui. Ces situations de jeu peuvent aider votre enfant à trouver des façons d’y faire face si elles surviennent dans la vraie vie. Vous pouvez utiliser des marionnettes ou des figurines pour reproduire ces situations.
  • Aidez votre tout-petit à reconnaître et à bien exprimer les émotions qu’il ressent. Validez avec lui ce que vous observez. Par exemple : « Je vois que tu n’as pas l’air contente. Est-ce qu’il y a quelque chose qui te fâche? » Cela lui montre qu’il a le droit de vivre des émotions et de les exprimer. C’est aussi une bonne façon de l’habituer à dire ce qu’il ressent et ce qu’il veut.
  • Montrez-lui à s’affirmer et à poser ses limites sans frapper ni crier. Expliquez-lui qu’il a le droit de dire non et qu’il doit le dire lorsqu’il n’est pas d’accord ou que quelque chose le dérange. Il peut dire : « Non, je ne veux pas », « Je n’aime pas ça », « Arrête », « Recule », « Je ne veux plus jouer à ce jeu » ou « C’est à mon tour de décider à quoi on joue. » Encourager l’affirmation de soi aide votre enfant à exprimer ses émotions et à écouter sa voix intérieure qui lui dit ce qui lui convient ou pas.
  • Respectez votre enfant lorsqu’il met ses limites. Par exemple, s’il vous demande d’arrêter de le chatouiller ou s’il refuse de donner un bisou à sa grand-mère, respectez sa volonté. C’est la base pour lui enseigner le respect de soi-même et de l’autre. Il comprend que lorsqu’une personne dit : « Arrête », il faut arrêter.
  • Dites à votre enfant qu’il doit venir chercher votre aide ou celle d’un adulte s’il n’arrive pas à faire respecter ses limites. Désignez avec lui des personnes de confiance à qui il peut demander de l’aide, au besoin, lorsque vous n’êtes pas à ses côtés.
  • Encouragez les bons comportements sociaux de votre enfant. Dites-lui par exemple : « J’ai aimé comment tu as demandé aux autres enfants s’ils voulaient jouer avec toi au parc! » ou « Je trouve que tu as bien fait ça quand ton ami a pris ton jouet et que tu lui as dit : “Non, si tu le veux, tu dois me le demander.” ».
  • Soyez un modèle. Prenez l’habitude de parler avec votre enfant de vos émotions, même celles qui sont désagréables. Par exemple, si vous avez eu une mauvaise journée, vous pouvez dire : « Je n’ai pas eu une bonne journée aujourd’hui. J’ai besoin de me calmer un peu avant de jouer avec toi. » Cela encourage votre enfant à parler lui aussi des émotions difficiles qu’il vit et à venir vers vous lorsqu’une situation le dérange.
  • Exposez tôt votre enfant à la différence. Le sensibiliser à la diversité et aux injustices contribue à prévenir les préjugés et les stéréotypes qui peuvent conduire à l’intimidation. Cela permet aussi à votre enfant de développer du respect et de l’empathie pour les autres.

L’importance de la famille dans la prévention

Vivre dans un milieu familial empreint de respect, d’écoute et de chaleur représente une protection contre l’intimidation. C’est pourquoi il est important d’avoir des moments de connexion avec votre enfant. Par exemple, montrez-lui votre amour par des gestes d’affection, jouez avec lui, soyez à l’écoute de ce qu’il vit pour répondre à ses besoins. Lorsque vous vous intéressez à votre enfant, il comprend que vous êtes là pour le soutenir. Ces moments l’aident à avoir une perception positive de lui et développent sa confiance en lui.
Il est également important d’accepter votre enfant tel qu’il est. Respectez son tempérament et valorisez ses forces et ses qualités. Cela l’aide à prendre conscience de lui, à se sentir reconnu pour qui il est et à s’accepter face aux autres.

Enseigner le respect dans le jeu

Les tout-petits peuvent poser des gestes qui ressemblent à de l’intimidation pour s’amuser sans réaliser les conséquences de leur comportement. En jouant, ils expérimentent différents rôles : meneur, dominant, suiveur, observateur, etc. Les enfants occuperont plus souvent certains rôles selon leur tempérament, leurs habiletés sociales, le développement de leur langage ou selon ce qu’ils observent autour d’eux.

Si votre tout-petit a tendance à prendre un rôle de meneur ou de dominant, vous pouvez profiter des situations de jeu pour l’encourager à respecter les autres.

Si votre enfant est plutôt meneur

Un enfant meneur aime diriger. Le jeu de rôles peut être naturel et plaisant pour lui. Lorsqu’il joue « au bébé et à la maman ou au papa » par exemple, il se donne souvent le rôle du parent. L’autre enfant doit alors jouer le bébé, qui est un rôle plus passif dans lequel il peut, par exemple, se faire dire : « Tu dois dormir pendant que maman va travailler. »

Par son comportement plus directif, l’enfant meneur peut parfois faire preuve de maladresse. Lorsque cela se produit, vous pouvez simplement l’inviter à utiliser des méthodes plus respectueuses pour que tout rentre dans l’ordre.

Par exemple, pour développer son écoute de l’autre, demandez-lui s’il aimerait que son ami décide pour lui. Vous pouvez aussi lui rappeler une situation qu’il a vécue et n’a pas aimée dans laquelle un autre enfant a décidé pour lui.

Une maman aide son enfant à jouer à tour de rôle

De plus, vous pouvez l’encourager à adopter d’autres comportements, comme « chacun son tour », dans un jeu afin que chaque enfant puisse avoir du plaisir. Proposez des méthodes simples comme tirer à pile ou face pour déterminer qui est le premier à choisir son rôle et utiliser une minuterie pour indiquer quand les rôles seront échangés. Cela fait en sorte que tous les enfants s’amusent durant le jeu.

Continuez toutefois à valoriser les côtés positifs du tempérament meneur de votre enfant, comme son envie de proposer des jeux et de rassembler les autres.

Si votre enfant est plutôt dominant

Un enfant au tempérament dominant peut adopter des comportements problématiques dans le jeu. Par exemple, il peut contrôler les rôles de chacun, refuser de jouer autrement que selon ses règles, bousculer ou exclure certains enfants. Ces comportements ne sont pas encore de l’intimidation à cet âge, mais pourraient le devenir.

Il est donc important d’accompagner votre enfant s’il présente un tempérament dominant pour prévenir les comportements d’intimidation éventuels et pour l’aider à développer son empathie.

Apprenez-lui à décoder les signes d’intérêt ou de refus des autres pour l’aider à devenir plus sensible à ce que ressentent les autres. Par exemple, vous pouvez lui faire remarquer que lorsque son ami ne participe plus au jeu (ex. : il ne fait plus parler ses figurines, n’attrape plus le ballon, ne sourit plus ou ne répond plus), c’est un signe qu’il n’a plus le goût de jouer. Expliquez à votre enfant qu’il doit respecter le refus d’un ami et les envies des autres.

Il est aussi important d’apprendre à votre enfant à tolérer la frustration causée par un refus et à l’exprimer sans agressivité. Vous pouvez l’aider en mettant des mots sur ses émotions et sur celles des autres. Dites par exemple : « Je vois que tu n’es pas content parce que Marie ne veut plus jouer à ta façon. Peut-être qu’elle aimerait jouer autrement. » Proposez-lui des choix pour régler la situation : écouter l’idée de l’autre et arriver à un compromis, trouver un autre jeu ou jouer seul.

Vous pouvez aussi développer son empathie en faisant des jeux de rôles ou en lui posant des questions. Demandez-lui par exemple : « Comment penses-tu que ton ami se sent quand tu dis qu’il ne peut pas jouer? », « Comment te sentirais-tu si tes amis te mettaient de côté? ».

Pour savoir quoi faire si votre enfant est victime d’intimidation ou intimide les autres, consultez notre fiche : L’intimidation: comment la reconnaître et réagir.

À retenir

  • Exprimer ses émotions, mettre ses limites et respecter celles des autres sont de bonnes stratégies à encourager chez votre enfant pour prévenir l’intimidation.
  • Sensibiliser votre tout-petit à la diversité et aux injustices contribue à prévenir les préjugés et les stéréotypes qui peuvent conduire à l’intimidation.
  • Même s’il est normal que votre enfant expérimente différents rôles dans ses jeux, s’assurer qu’il respecte les autres quand il joue permet à tout le monde de s’amuser.
Naître et grandir

Révision scientifique : Magali Rebattel, psychologue
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juin 2025

Photos : GettyImages/Milan_Jovic et TwentySeven

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • DOYON, Nancy. 75 trucs et activités pour prévenir l’intimidation et encourager l’affirmation de soi. Québec, Éditions Midi trente, 2023, 180 p.
  • DOYON, Nancy. Non à l’intimidation, j’apprends à m’affirmer. 2e éd., Québec, Éditions Midi trente, 2023, 112 p.
  • ENCYCLOPÉDIE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS. Relations entre pairs. enfant-encyclopedie.com
  • GOUVERNEMENT DU CANADA. L’intimidation (chez les 4 à 11 ans). canada.ca
  • MALENFANT, Nicole. De l’intimidation à la garderie. Vraiment? nicolemalenfant.com
  • MINISTÈRE DE LA FAMILLE DU QUÉBEC. Intimidation. quebec.ca
  • PREMIÈRE RESSOURCE – AIDE AUX PARENTS. Simple conflit ou intimidation? 2020. premiereressource.com
  • REBATTEL, Magali et Mathilde ROYOL. Mon enfant est harcelé : concrètement, quoi faire? Paris, Éditions Tom Pousse, 2023, 128 p.

Pour les enfants

  • BALDACCHINO, Christine. Boris Brindamour et la robe orange. Montréal, Bayard Canada, 2015, 32 p.
  • BOYER, Stéphanie et Élisa GONZALEZ. Je n’ai rien dit. Montréal, Les 400 coups, 2022, 32 p.
  • COEUR DE PIRATE. Clou : on est tous différents! Montréal, Éditions Auzou Canada, 2022, 32 p.
  • COLE, Elizabeth. Ma façon de me faire des amis. Elizabeth Cole, 2023, 32 p.
  • DESPRÉS, Geneviève et Marie-France HÉBERT. Dépareillés. Montréal, Les Éditions de La Bagnole, 2017, 32 p.
  • DUBOIS C., Stéphanie et Anaëlle DAUSSY. L’intimidation, c’est quoi? Montréal, Les Éditions les Malins, 2025, 32 p.
  • FREEDMAN, Judy S. et autres. Les moqueries, non merci! Québec, Éditions Midi trente, 2022, 96 p.
  • LOEWEN, Nancy et Elisa PAGANELLI. Raphaël et Iris : une histoire d’intimidation. Markham, Éditions Scholastic, 2022, 24 p.
  • RANSOM, Jeanie Franz et Jennifer ZIVOIN. Petit Loup et le Grand Chaperon rouge. Saint-Lambert, Dominique et cie, 2019, 40 p.
  • RICARD, Marie-Michèle. Emma n’aime pas les moqueries : prévenir la stigmatisation liée à l’apparence chez les enfants. Québec, Éditions Midi trente, 2019, 40 p.
  • STANKÉ, Claudie et BARROUX. Ça suffit! Montréal, Les 400 coups, 2018, 36 p.

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