L'enfant qui veut toujours être le premier

L'enfant qui veut toujours être le premier
Comment aider votre enfant à comprendre qu’il ne peut pas toujours gagner ou être le premier?


Votre enfant veut toujours terminer son dessin le premier, être au début du rang, être servi avant les autres et gagner à tous les jeux, sinon il se fâche? Comment l’aider à comprendre que ce n’est pas toujours possible?

Pourquoi veut-il être le premier?

Vers l’âge de 3 ans, votre tout-petit développe davantage sa personnalité. S’il a un tempérament plus compétitif, contrôlant, impatient ou impulsif, il pourrait commencer à vouloir toujours être le premier et à tout faire pour gagner.

Il est normal que les enfants se comparent et qu’ils se mesurent aux autres.

L’envie d’être le premier en tout peut aussi venir de l’éducation. Vous êtes un modèle pour votre enfant et il veut vous faire plaisir. Ainsi, si l’esprit de compétition existe dans votre famille, votre enfant cherchera davantage à gagner ou à vouloir être le premier pour tenter de vous plaire.

Si votre enfant ne va pas à la garderie ou s’il n’a pas de frère et soeur, il pourrait aussi avoir plus de difficulté à passer en deuxième ou à perdre à un jeu, car cela lui arrive moins souvent.

Faut-il céder?

Il peut être tentant de laisser un enfant être le premier pour éviter de le frustrer (ex. : le premier à être servi à table, le premier à jouer, le premier à aller se laver les mains). Toutefois, cette façon de faire peut entraîner des conséquences.

Ses amis pourraient, par exemple, ne plus vouloir jouer avec lui, parce qu’il se fâche ou qu’il boude quand il perd. Son attitude peut également entraîner de la compétition entre les enfants. À long terme, votre tout-petit pourrait vivre de la frustration quand il réalisera qu’il ne peut pas toujours être le meilleur ou le premier.

Par ailleurs, si vous laissez toujours votre enfant être le premier pour éviter une crise, il comprend que faire des crises est un bon moyen pour obtenir ce qu’il veut. Ses crises risquent alors de devenir plus fréquentes et plus intenses. En plus, cela le prive d’occasions pour développer son autocontrôle et la gestion de ses émotions avec votre soutien.

Comment l’aider?

Voici quelques façons d’amener votre enfant à accepter qu’il ne peut pas toujours être le premier :

  • Montrez l’exemple en étant vous-même patient dans une file d’attente, en étant bon perdant, en montrant de l’empathie envers les autres. Si vous avez perdu à un jeu, vous pouvez dire à votre enfant : « J’aime ça gagner, mais des fois, ce n’est pas mon tour! »
  • Expliquez à votre enfant que tout n’est pas une compétition. Par exemple : manger n’est pas une course.
  • Faites-lui vivre des défaites et de petites frustrations en le laissant perdre à un jeu, par exemple.
  • Lorsque vous jouez à un jeu ensemble, dites : « C’est moi qui commence! » Votre enfant apprend ainsi à attendre son tour. Vous pouvez aussi parfois être la première personne servie au souper ou celle qui choisit le film que vous regarderez en famille. Cela aide votre tout-petit à comprendre que les autres ont aussi des besoins et des désirs.
  • Rappelez à votre enfant que ce n’est pas grave de perdre ou de ne pas être le premier. Tout le monde a ses forces et ses faiblesses. Faites-lui aussi remarquer que lorsqu’il essaie des choses, il peut se tromper et ne pas gagner ou être le premier. Toutefois, cela lui permet d’apprendre, et c’est ça qui est important.
  • Félicitez-le lorsqu’il laisse passer un autre enfant devant lui ou quand il attend son tour.
  • Aidez-le à se mettre à la place de l’autre pour développer son empathie. Par exemple, dites-lui : « Comment te sentirais-tu si tu te faisais dépasser dans le rang? » Faites-le aussi réfléchir à des solutions qui tiennent compte des autres, par exemple : « Il reste seulement un biscuit et vous êtes deux. Qu’est-ce qu’on fait? »
  • Jouez à faire semblant avec votre enfant. Les jeux de rôle aident à développer l’empathie, l’écoute, le partage et l’affirmation de soi.
  • Faites remarquer à votre enfant la fierté qu’il éprouve lorsqu’il partage, qu’il fait plaisir et qu’il prend soin d’une autre personne.
  • Si vos enfants se comparent, faites ressortir les différences et les habiletés de chacun afin qu’ils comprennent qu’ils apportent tous quelque chose à la famille. Vous pouvez dire par exemple : « Ta soeur court vite. Elle a de bonnes idées pour inventer des jeux et des parcours. Et toi, tu es notre petit clown et tu mets de la bonne humeur dans la maison! »

Il se fâche?

Votre enfant se fâche parce qu’il n’est pas le premier habillé pour sortir ou parce qu’il est arrivé après son frère à la course? Aidez-le à retrouver son calme et ramenez son attention sur ce qu’il était en train de faire. Dites-lui par exemple : « Tu as bien mis tes bottes aujourd’hui, bravo! » ou « Ça fait du bien de courir dehors, hein? ».

Montrez-lui aussi que vous êtes sensible à sa frustration : « Je comprends que tu sois déçu. L’hiver, ça prend plus de temps pour s’habiller. Ton nouveau manteau n’est pas facile à attacher! » Expliquez-lui ensuite que l’important n’est pas de terminer premier, mais de bien faire les choses, de prendre plaisir à les faire et d’en être fier.

Pour éviter les frustrations, misez sur la collaboration. Vous pouvez par exemple dire à votre enfant : « Si tu as terminé de mettre ton manteau avant nous, tu peux aider ton petit frère pour qu’on puisse aller jouer dehors plus vite » ou « Montre à ta soeur ton truc pour mettre ton manteau ».

Qui finira en premier?

Si vous avez plus d’un enfant et que vous voulez les motiver à faire quelque chose (ex. : s’habiller, ranger les jouets), il est tentant de dire : « Qui aura fini en premier? » Cette méthode est toutefois à éviter, car elle crée de la compétition entre les enfants au lieu d’encourager l’entraide. La compétition peut être dévalorisante pour les enfants moins habiles ou plus jeunes.
Cette façon de faire envoie aussi le message que le résultat (terminer de s’habiller en premier, par exemple) est plus important que la tâche elle-même (apprendre à attacher son manteau ou à mettre ses bottes). Cela nuit à l’apprentissage.
Plutôt que de faire une course pour savoir qui finira de s’habiller le premier, dites plutôt à vos enfants que, plus vite ils seront habillés, plus ils auront de temps pour jouer avant votre départ pour la garderie, par exemple.

À retenir

  • Vers 3 ans, certains enfants commencent à vouloir être les premiers en tout.
  • Ne laissez pas toujours votre enfant gagner ou être le premier, car à long terme il ne pourra pas tout le temps être le meilleur.
  • Rappelez à votre enfant que l’important n’est pas de terminer premier, mais de bien faire les choses, de prendre plaisir à les faire et d’en être fier.
Naître et grandir

Révision scientifique : Anne-Marie Delisle, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :
Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Juillet 2023

Photo : GettyImages/Usercce650b4_975

Ressources et références

Note : Les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est donc possible qu’un lien devienne introuvable. Dans un tel cas, utilisez les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.

  • BILODEAU, Mélanie. Soyez l’expert de votre tout-petit. Québec Éditions Midi trente, 2022, 240 p.
  • DOYON, Nancy. Parent responsabilisant : accompagnez votre enfant vers l’autonomie et l’épanouissement. Québec, Éditions Midi trente, 2022, 224 p.
  • DUCLOS, Germain et Martin DUCLOS. Enfants et ados responsables : miser sur une saine discipline. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons parents », 2021, 222 p.

Livre pour enfants

  • McCLOUD, Carol et David MESSING. As-tu rempli un seau aujourd’hui? Le bonheur quotidien expliqué aux enfants. Wixom, Éditions Bucket Fillers, 2017, 32 p.

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