C’est pas moi, c’est lui! Que faut-il dire à un enfant qui dénonce ou qui rapporte sans arrêt?
Votre enfant dénonce souvent les autres quand ils ne respectent pas les règles ou qu’ils se comportent mal? Pourquoi agit-il ainsi? Et comment intervenir pour limiter le rapportage?
Si votre enfant a 5 ans ou plus, consultez notre fiche La dénonciation entre enfants après 5 ans.
Le rapportage, une habitude à décourager
Dénoncer son petit frère ou un ami qui n’a pas respecté une règle ou qui se comporte mal est une pratique courante chez les tout-petits, particulièrement chez les enfants de 4 ans.
À cet âge, un tout-petit est plus conscient des situations qui provoquent de l’inquiétude, de la peine, de la joie ou de la colère. Il s’aperçoit donc des réactions de ses parents et peut les prévoir. Il peut rapporter un événement parce qu’il sait la réaction que cela va entraîner.
Il est toutefois préférable de ne pas encourager ce comportement. Ce n’est pas le rôle d’un enfant de surveiller les autres et de faire de la discipline. Écouter un enfant qui rapporte et donner suite à ses dénonciations n’est pas non plus la bonne façon de lui apprendre à parler directement aux autres et de développer son autonomie.
De plus dans une famille, si les parents écoutent celui qui dénonce en le remerciant puis en punissant l’enfant fautif (ex. : soeur ou frère), cela peut susciter de la jalousie et de la rivalité entre les enfants. Cela encourage également l’enfant qui rapporte à répéter ce comportement dans d’autres situations. À la longue, prendre l’habitude de dénoncer les autres peut aussi nuire à ses relations avec ses amis.
Pourquoi mon enfant dénonce?
La première chose à faire lorsque votre tout-petit dénonce un autre enfant est de le questionner pour comprendre sa motivation. Vous pourrez alors mieux intervenir auprès de lui.
Pour vous aider, voici les principales raisons qui peuvent expliquer pourquoi un tout-petit dénonce et des conseils pour réagir selon la situation.
Pour vérifier une règle
Votre enfant rapporte peut-être le méfait d’un autre pour s’assurer qu’il a bien compris une règle. Il cherche ainsi à vérifier auprès de vous qu’il comprend le comportement qui est attendu de lui.
Comment réagir?
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Confirmez-lui qu’il a bien compris la règle. Vous pouvez lui dire : « Tu as raison, c’est interdit. »
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Félicitez-le de respecter la consigne et encouragez-le à continuer.
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Expliquez-lui toutefois qu’il n’a pas à surveiller ce que font les autres. Dites-lui simplement : « C’est aux parents de voir ce qui se passe et d’intervenir au besoin. »
Parce qu’il est attaché à ses façons de faire
Il se peut que votre enfant accorde beaucoup d’importance à ses façons de faire. C’est sécurisant pour lui de savoir exactement comment les choses vont se passer. Par exemple, quand il va jouer au parc dans les modules, il commence toujours par le même jeu et il monte toujours par le même endroit. Il ne tolère pas quand d’autres enfants ne respectent pas ses façons de faire habituelles et il dénonce systématiquement la situation.
Comment réagir?
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Dites-lui que vous comprenez que ses façons de faire sont importantes pour lui.
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Encouragez-le à décrire lui-même à l’autre enfant sa façon habituelle de jouer ou d’agir.
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Expliquez-lui qu’il n’a pas à imposer à l’autre ses façons de faire. Par exemple, faites-lui voir qu’il peut très bien s’amuser dans un module de jeux avec un ami même s’ils ne grimpent pas tous les deux au même endroit.
Pour obtenir de l’attention
Votre enfant peut vous rapporter une situation parce qu’il comprend qu’il obtient ainsi votre attention. De plus, comme il fait maintenant mieux la différence entre les bons et les mauvais comportements, il sait souvent que l’autre enfant sera réprimandé. Il cherche donc à se mettre en valeur et à devenir votre allié en dénonçant les mauvais coups d’un autre. C’est comme s’il vous disait : « Regarde, moi j’ai bien agi, mais pas lui! »
Cependant, votre enfant doit comprendre que ce n’est pas en nuisant aux autres qu’il obtiendra l’attention qu’il recherche. De plus, son rôle n’est pas d’être votre complice dans l’application de la discipline familiale.
Comment réagir?
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Rappelez-lui qu’il n’a pas besoin de surveiller les autres en lui répétant que c’est aux parents de voir ce qui se passe et d’intervenir au besoin.
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Encouragez votre enfant à parler de lui plutôt que des autres. Vous pouvez lui dire : « J’aime quand tu me parles de toi et que tu me racontes ce que tu fais. »
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Si votre tout-petit rapporte la « gaffe » d’un autre, mais que la situation peut mettre une personne à risque de se blesser (ex. : « Maeva a brisé le pot de fleurs. »), invitez l’enfant qui a fait la « gaffe » à vous expliquer ce qui est arrivé et aidez-le à réparer le dégât.
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Assurez-vous de prendre du temps pour faire des activités seul à seul avec votre enfant (ex. : un jeu, une histoire, une tâche) pour satisfaire son besoin d’attention et de complicité. Donnez-lui aussi souvent de l’attention positive en le félicitant quand il se comporte bien avec un sourire, un clin d’oeil, une tape dans la main, etc.
Comment prévenir le rapportage?
Pour prévenir le rapportage, apprenez à votre enfant à dire directement aux autres enfants ce qui le dérange ou le contrarie et à leur expliquer comment il se sent, par exemple : « Je n’aime pas quand tu prends tous les blocs pour toi. J’avais aussi envie de jouer avec les blocs. » Il apprend ainsi à s’affirmer, à exprimer ses émotions et à faire face aux situations qui le dérangent sans l’aide d’un parent ou d’un adulte.
Encourager votre enfant à régler lui-même ses petites chicanes avec les autres aide aussi à prévenir la dénonciation. Lorsque vous êtes témoin d’un conflit entre enfants, invitez-les à trouver des solutions par eux-mêmes. À partir de 4 ans, un tout-petit a suffisamment conscience de l’autre pour être capable de comprendre son point de vue et exprimer le sien. Il peut aussi faire des compromis qui seront acceptables pour tous.
Quelles sont les bonnes raisons de dénoncer?
Il existe des situations où votre enfant a raison de venir rapporter une situation. Voici lesquelles.
Pour vous alerter d’un danger
« Maman, Léo a détaché sa ceinture de sécurité! » ou « Papa, Alice a ouvert la barrière de la piscine! » Voilà d’excellentes raisons de dénoncer. Quand votre enfant vous informe qu’il y a un danger ou un risque pour la sécurité de quelqu’un, il faut vite l’écouter, vérifier si ce qu’il dit est vrai et intervenir pour corriger la situation.
Vous pouvez par la suite confirmer à votre enfant que la situation était dangereuse et le remercier de vous avoir averti. Rappelez-lui qu’il peut vous aviser n’importe quand d’un danger. Dans des cas comme ceux-là, la dénonciation est un geste d’amour qui vise à protéger les autres.
Pour exprimer un malaise
Il est possible aussi que votre enfant dénonce une situation parce qu’il se sent blessé ou injustement traité. Par exemple, il peut dire : « Elle a déchiré ma doudou », « Il m’a fait mal » ou « Elle m’a dit que j’étais laid! »
Dans ce cas, prenez le temps d’écouter votre tout-petit. Vous pouvez l’aider à vous expliquer ce qui s’est passé et le consoler au besoin. Vous pouvez ensuite l’inviter à dire à l’autre pourquoi ce geste lui a fait de la peine ou l’a blessé et demander au fautif de réparer son geste, si la situation s’y prête.
À retenir
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Mieux vaut ne pas encourager le rapportage chez l’enfant, car cette habitude peut nuire à ses relations avec les autres.
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Un enfant peut dénoncer une situation pour vérifier une règle ou pour attirer l’attention et se mettre en valeur.
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Encourager votre enfant à exprimer ses désaccords et à régler lui-même ses petits conflits avec les autres permet de prévenir le rapportage.
| Révision scientifique : Solène Bourque, psychoéducatrice Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Avril 2021
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Photo : GettyImages/skynesher
Ressources et références
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FABER, Adele et Elain Mazlish. Parler pour que enfants écoutent, écouter pour que les enfants parlent, 2e édition. Éditions du Phare, 2012, 408 p.
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FILLIOZAT, Isabelle. J’ai tout essayé! Opposition, pleurs et crises de rage : traverser la période de 1 à 5 ans. Marabout, 2019, 256 p.
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GAGNIER, Nadia. C’est pas moi, c’est lui! Les Éditions La Presse, 2010, 108 p.
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RACINE, Brigitte, Le respect, une valeur pour la vie. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 236 p.
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