Personnalité et tempérament

Le tempérament

Tous les parents qui ont plus d’un enfant savent que les tout-petits peuvent être très différents les uns des autres. Chacun a sa façon de réagir à son environnement, d’exprimer ses émotions et d’entrer en relation avec les autres. Cela dépend entre autres de leur tempérament.

Le tempérament est présent dès la naissance. Il est d’ailleurs surtout déterminé génétiquement, bien qu’il puisse aussi être influencé par le milieu familial et social.

Le tempérament d’un enfant influence son niveau d’activité, d’attention, d’irritabilité et d’adaptabilité aux situations nouvelles. Il a aussi des effets sur le degré d’intensité de ses émotions, sur son niveau de sensibilité et sur son humeur. En d’autres mots, le comportement d’un enfant dépend en grande partie du tempérament dont il a hérité.

Les traits de tempérament

Des chercheurs ont établi neuf caractéristiques pour décrire les traits de tempérament. Ces caractéristiques expliquent les modes de comportement qui définissent le tempérament d’un enfant. Elles peuvent vous aider à mieux comprendre votre propre comportement et celui de votre enfant.

Le niveau d’activité

Cette caractéristique correspond au niveau d’activité motrice et à la durée des périodes d’activité par rapport aux périodes d’inactivité. Tandis que certains enfants ne peuvent pas rester assis tranquillement une minute, d’autres jouent calmement pendant des heures avec leurs jouets.

Il est possible d’aider un enfant très actif en lui donnant beaucoup d’occasions de bouger, surtout juste avant un événement où il aura à rester calme. À l’inverse, certains parents doivent toujours insister pour que leur enfant plutôt inactif joue dehors ou s’adonne à une activité physique.

La régularité biologique

Il s’agit du niveau de régularité des fonctions biologiques d’un enfant, telles que l’appétit, l’alternance veille-sommeil et les fonctions intestinales. Ainsi, certains enfants s’endorment et ont faim toujours aux mêmes heures, tandis que d’autres sont beaucoup moins réguliers. De même, un enfant peut aller à la selle environ au même moment chaque jour, alors qu’un autre y va de façon variable (ex. : deux fois par jour une journée et pas du tout le lendemain). Cela dépend de leur rythme biologique.

Pour les enfants qui ont un rythme plus régulier, conserver un minimum de routine, même lors d’événements spéciaux, est donc préférable. Au contraire, permettre une routine plus flexible répond mieux aux besoins des enfants ayant un rythme moins régulier.

La réaction à la nouveauté

Il s’agit de la prudence ou de l’intérêt dont fait preuve un enfant face à de nouvelles expériences alimentaires, sociales et vestimentaires ou à de nouveaux lieux. Certains tout-petits sont des fonceurs qui réagissent avec enthousiasme à la nouveauté, tandis que d’autres reculent devant ce qui sort de l’ordinaire.

C’est ce qui explique pourquoi certains enfants vont aller à leur premier cours de natation ou de karaté avec enthousiasme et regarderont à peine leurs parents, alors que d’autres vont préférer se coller sur papa ou maman. Les enfants qui craignent la nouveauté ont besoin d’être rassurés et encouragés à aller de l’avant. Il faut d’ailleurs éviter de les surprotéger.

L’adaptabilité

Ce trait de tempérament concerne les réactions d’un enfant face à des modifications dans sa routine. Un tout-petit qui s’adapte facilement se sent plus vite à l’aise lors d’un changement de situation (ex. : passer la fin de semaine chez son papa alors qu’il vit habituellement avec sa maman) qu’un enfant qui s’adapte plus lentement.

Une façon d’aider un enfant à mieux s’adapter, c’est de le préparer au changement. Par exemple, s’il est prévu qu’un tout-petit s’absente de la garderie en raison d’un rendez-vous médical, l’en informer quelques jours à l’avance et le lui rappeler la veille et le matin même peut l’aider à mieux s’adapter à ce changement de routine.

La sensibilité sensorielle

Les enfants ne réagissent pas de la même façon aux différences de saveur, de texture et de température. Certains sont fortement stimulés par le bruit, le toucher, les lumières brillantes ainsi que la texture des vêtements et la sensation de ceux-ci sur leur peau.

Leur apprendre à tolérer la sensation en augmentant petit à petit l’exposition peut leur permettre de mieux comprendre et maîtriser leurs réactions. Par exemple, si un enfant n’aime pas la texture de la viande, lui offrir d’abord de très petits morceaux pour ensuite en augmenter petit à petit la grosseur est une façon de l’aider à s’habituer à cet aliment.

Toutefois, dans d’autres cas, s’adapter autant que possible aux besoins de l’enfant est préférable. Par exemple, si un tout-petit n’aime pas porter des jeans, lui proposer des pantalons ayant une texture différente est une bonne idée. Lorsqu’un enfant a une sensibilité sensorielle très élevée, l’aider à mieux connaître ses sens lui apprend à mettre des mots sur ses sensations.

L’intensité de réaction

Il s’agit du niveau d’énergie manifesté par un enfant lorsqu’il réagit à quelque chose de positif ou de négatif. Certains enfants ont des émotions intenses qui s’interprètent facilement, tandis que d’autres s’expriment de façon beaucoup moins claire ou moins forte.

Avec un tout-petit qui fait des colères, il est essentiel de garder son calme et de discuter avec lui après la crise pour l’aider à mettre des mots sur ses émotions. Se fâcher après lui risque plutôt d’encourager ce comportement difficile. Pour sa part, un enfant qui exprime peu ce qu’il ressent a besoin qu’on lui enseigne tôt à reconnaître et à nommer ses émotions.

L’humeur

La proportion des comportements agréables, joyeux et amicaux par rapport aux comportements hostiles et aux pleurs fréquents est un indicateur de l’humeur d’un enfant. Certains tout-petits ont généralement l’air heureux, alors que d’autres sont facilement contrariés.

Lorsqu’un bébé pleure beaucoup, la meilleure façon de réagir est de le réconforter rapidement et chaleureusement. Le bébé apprend ainsi la confiance et développe un lien d’attachement solide avec ses parents. S’ils ignorent les pleurs, le bébé risque de devenir plus irritable et impatient.

La capacité de concentration

Elle sert à décrire l’influence de stimuli extérieurs (ex. : bruit) sur l’activité qu’un enfant est en train d’accomplir. Parfois, ces stimuli modifient entièrement l’activité.

Certains enfants peuvent faire des activités malgré le bruit, tandis que d’autres ont besoin de calme pour faire quelque chose. Si un enfant est facilement distrait, faire en sorte que son milieu soit aussi calme et tranquille que possible est une bonne idée.

La persévérance

Cette caractéristique fait référence à la durée pendant laquelle un enfant se consacre à une activité malgré des interruptions ou des difficultés. Un tout-petit persévérant peut passer des heures à réaliser une tâche.

Pour aider un enfant à développer sa persévérance, il faut lui fixer des objectifs réalistes en tenant compte de ses capacités. Lui suggérer une activité de courte durée qu’il réussira facilement est aussi une bonne idée. Par la suite, il suffit d’augmenter peu à peu le niveau de difficulté de l’activité. Les livres et les casse-têtes sont de bons exemples de ce type d’activités.

Le tempérament peut-il changer?

À l’aide des neuf traits de tempérament qu’ils ont pointés, les chercheurs ont déterminé trois catégories d’enfants :

• Les enfants faciles : ils s’adaptent facilement, sont de bonne humeur et ont un rythme biologique régulier;
• Les enfants difficiles : ils ont des réactions intenses, sont plutôt irritables et réagissent mal à la nouveauté;
• Les enfants lents à réagir : ils sont peu expressifs et s’adaptent à des situations nouvelles, mais seulement après un certain temps.

Des chercheurs ont observé que le tempérament d’un enfant est relativement stable dans le temps. Toutefois, peu d’enfants considérés comme étant très difficiles conservent ce type de tempérament en grandissant.

Influence des parents

Par ailleurs, le tempérament d’un enfant et la façon dont ses parents s’occupent de lui s’influencent l’un et l’autre. En effet, les recherches ont démontré que, par exemple, les parents ont plus de facilité à être chaleureux avec les enfants qui ont tendance à être de bonne humeur ou avec ceux qui respectent les règles.

À l’inverse, les enfants qui ont un tempérament plus difficile (qui pleurent beaucoup ou qui font souvent des crises de colère) peuvent décourager les parents ou les rendre plus impatients. Cela est normal, car ces enfants sont plus exigeants pour les parents.

Malgré les difficultés, il est important, autant que possible, de respecter le tempérament d’un enfant. Lorsque les parents aident leur tout-petit et adaptent leurs interventions en fonction de son tempérament, il a alors plus de facilité à se développer et à s’intégrer à la vie familiale ou à la garderie.

En adoptant une attitude positive, les parents peuvent aider leur enfant à bien fonctionner avec son tempérament. Par exemple, un tout-petit impulsif peut apprendre à mieux contrôler ses élans. Ainsi, les traits de tempérament plus difficiles peuvent diminuer, sans toutefois disparaître complètement.

La personnalité

Dès sa naissance, l’enfant possède sa propre personnalité, principalement basée sur son tempérament. Elle se développe ensuite au fil du temps et peut changer jusqu’au début de l’âge adulte. Elle est alors considérée comme plutôt permanente.

La personnalité est influencée par le tempérament, le milieu familial, l’entourage et les expériences de vie de l’enfant ainsi que par la société et ses stéréotypes. Des événements comme un déménagement, le divorce des parents ou de l’intimidation peuvent aussi avoir une influence sur la personnalité de l’enfant.

La personnalité se reflète autant dans les comportements que dans les pensées et les sentiments. Par exemple, un enfant confiant s’affirme facilement en présence de ses amis et il a également le sentiment qu’il est bon pour parler avec les autres.

À retenir

• Présent dès la naissance, le tempérament est surtout déterminé génétiquement, mais peut aussi être influencé par le milieu familial et social.
• Les comportements d’un enfant dépendent beaucoup de son tempérament.
• La personnalité se développe au fil du temps et est influencée, entre autres, par le tempérament, le milieu familial et les expériences de vie.

Révision scientifique : Catherine Mimeau, professeure de psychologie à l’Université TÉLUQ Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Novembre 2022

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