Les enfants vivent dans un monde où l’imaginaire prend beaucoup de place. Il est donc facile pour eux de croire au père Noël.
Plusieurs parents sont heureux de parler du père Noël à leur tout-petit. Pour eux, ce personnage fait partie de la magie de Noël. Vient toutefois un jour où les enfants mettent en doute l’existence du père Noël. Comment répondre alors à leurs questions?
Pourquoi les enfants croient-ils facilement au père Noël?
Les enfants vivent dans un monde où l’imaginaire prend beaucoup de place. C’est pourquoi ils n’ont pas de difficulté à croire au père Noël. Les tout-petits sont aussi naïfs, ce qui fait qu’ils croient facilement à ce qu’on leur dit sur le père Noël. En plus, ils ont des preuves concrètes de son existence : ils peuvent le voir, le toucher, l’entendre parler, et même lui écrire.
De plus, les tout-petits sont aussi dans une période où ils ont besoin de croire aux superhéros ainsi qu’aux personnages forts et puissants. Pour les enfants, le père Noël peut représenter un tel personnage en raison de plusieurs de ses caractéristiques, comme sa voix grave, sa grosse barbe, sa taille imposante et les couleurs vives de ses habits.
Les enfants croient tellement au père Noël qu’ils sont les premiers à trouver des explications aux petits détails qui pourraient les faire douter. Par exemple, si vous soulignez à votre tout-petit que vous n’avez pas de cheminée à la maison, il vous dira que le père Noël peut passer à travers les fenêtres ou par la hotte de la cuisinière. C’est ce que l’on appelle la « pensée magique ».
Peur du père Noël?
À cause de sa grosse voix, de son rire et de sa barbe blanche, le père Noël effraie souvent les tout-petits âgés de 2 à 4 ans. Si votre enfant a peur de lui, ne le forcez pas à s’en approcher, et encore moins à grimper sur ses genoux, même le temps d’une photo. Il est important de ne pas prendre la peur de votre tout-petit à la légère, car elle est bien réelle. Vous pouvez toutefois vous arrêter quelques instants pour qu’il observe de loin les autres enfants s’avancer vers le père Noël. Une fois que votre tout-petit aura constaté que le bonhomme rouge est gentil, peut-être acceptera-t-il de s’approcher de lui dans vos bras, puis la fois d’après en vous tenant par la main. Si votre enfant a vraiment peur, vous pourriez aussi jouer avec un déguisement de père Noël et lui dire que le père Noël qu’on voit au centre commercial est une personne qui met un costume. Cela pourrait aider les tout-petits qui sont très sensibles aux incohérences d’adultes (mensonges ou ce qui sonne faux). |
Y a-t-il des bienfaits à croire au père Noël?
Attendre le père Noël et rêver de sa visite peut être positif pour l’enfant, car cela l’aide à développer sa patience. Croire au père Noël peut aussi être vu comme une façon de vivre la magie de Noël et de participer à un rituel social (ex. : écrire au père Noël, lui laisser des biscuits et du lait au pied du sapin, etc.).
Par ailleurs, le père Noël fait partie des représentations positives de l’enfant, car il s’agit d’un personnage bon et souriant. En ce sens, on pourrait dire que laisser l’enfant croire au père Noël (ou à un autre personnage mythique du genre) peut le sécuriser, le rassurer devant les obstacles et lui donner accès à quelque chose de bon pour lui.
Par contre, certains enfants peuvent réagir négativement à ce personnage, particulièrement ceux qui sont très sensibles aux incohérences des adultes, qui sont méfiants ou peu confiants envers les étrangers. Pour cette raison, il est préférable de ne pas insister pour que ces tout-petits croient au père Noël.
Si vous choisissez de ne pas entretenir le mythe du père Noël avec votre tout-petit, vous pouvez lui expliquer que plusieurs personnes aiment croire à ce personnage parce qu’elles l’associent à la « magie de Noël ». Vous pouvez aussi lui dire comment le personnage du père Noël s’est créé au fil du temps, parler de votre histoire personnelle à l’égard du père Noël et lui rappeler que chacun est libre de croire à ce qu’il veut.
Quand votre enfant commence à douter
L’âge auquel l’enfant arrête de croire au père Noël varie selon sa personnalité et le milieu dans lequel il vit. Les premiers doutes sur l’existence du père Noël apparaissent souvent à la suite de commentaires d’un ami à l’école ou parce qu’il a entendu un grand frère ou une grande soeur en parler.
Ce n’est toutefois pas parce que les enfants commencent à douter de l’existence du père Noël qu’ils n’y croient plus du tout. Les enfants passent souvent par une période de transition où ils affirment ne plus y croire, par esprit logique, tout en désirant encore y croire. Ils peuvent aussi ne plus y croire un jour et y croire de nouveau le lendemain après avoir vu un film sur le père Noël, par exemple.
Faut-il lui dire que le père Noël n’existe pas?
Selon des spécialistes du développement, les parents devraient laisser leur enfant croire au père Noël aussi longtemps qu’ils le désirent. Si votre enfant vous interroge sur l’existence du père Noël, vous pouvez lui retourner la question en l’interrogeant à votre tour : « Qu’est-ce que tu en penses, toi? » Vous lui permettez ainsi de stimuler sa faculté de raisonnement et de découvrir la vérité par lui-même. Ensuite, fiez-vous au rythme de votre enfant et soutenez-le dans son désir d’y croire ou non.
Toutefois, révélez la vérité à votre enfant si ses questions deviennent insistantes et que le jeu de la magie n’est plus drôle pour lui, par exemple s’il vous dit : « Dis-moi la vérité! Je sais que le père Noël n’existe pas pour vrai à cause de... » À ce moment, il ne sert à rien de continuer à faire semblant puisque votre enfant ne veut plus jouer le jeu. De cette façon, vous préservez le lien de confiance qui vous unit.
Cesser de croire au père Noël est un signe que l’enfant passe graduellement dans le « monde des grands », de la pensée « magique » à la pensée plus « logique et rationnelle ». La plupart du temps, la croyance cessera pour de bon lorsque, à l’âge scolaire, le raisonnement logique prendra le dessus sur l’imaginaire. Malgré tout, il arrive souvent que l’enfant qui ne croit plus au père Noël ait envie de revivre la magie de ces moments avec les tout-petits de son entourage. Il a alors l’impression d’être passé du côté des « grands ».
Que faire si l’enfant réagit mal lorsqu’il découvre que le père Noël n’existe pas?
Lorsqu’il apprend que le père Noël n’existe pas, l’enfant peut ressentir différentes émotions et avoir diverses réactions. Cela peut aller de la déception au soulagement, en passant par un sentiment de trahison.
Habituellement, la transition vers le fait de ne plus croire au père Noël se fait tout en douceur lorsque le rythme de l’enfant est respecté. La personnalité de l’enfant, sa relation avec ses parents, le contexte dans lequel la découverte de la vérité se fait ainsi que des traumatismes vécus dans le passé peuvent toutefois influencer sa réaction.
Si votre enfant réagit négativement lorsqu’il découvre la vérité au sujet du père Noël, nommez avec empathie l’émotion que votre enfant ressent sans la banaliser : « Tu te sens triste, je comprends… », « tu es fâché, tu te sens trahi, ce n’est pas facile… ». Il est important de lui laisser le temps de vivre ce qu’il a à vivre, car accepter que le père Noël n’existe pas peut être un réel processus de deuil.
Pour aider votre enfant, vous pouvez lui dire que le père Noël continue d’exister dans sa tête et son coeur, grâce à tous ses souvenirs. Si vous avez vécu de beaux moments en famille grâce au père Noël, vous pouvez les rappeler à votre enfant.
Faut-il être sage pour recevoir des cadeaux du père Noël?
Plusieurs personnes affirment que le père Noël n’apporte des cadeaux qu’aux enfants sages. Pourtant, mieux vaut éviter de dire à votre tout-petit qu’il n’aura pas de cadeaux s’il n’est pas sage ou de ne pas lui en donner parce qu’il a eu un comportement inadéquat. Cela pourrait mettre une grande pression sur votre enfant, l’amener à se sentir incapable ou « méchant », lui faire vivre du stress inutilement et le rendre triste.
Rappelez-vous que votre enfant est dans une période de sa vie où il a encore de la difficulté à se contrôler. Servez-vous plutôt du père Noël de façon positive, par exemple pour apprendre à votre tout-petit à tolérer le désir, l’attente et l’incertitude (ex. : « Aurais-je un cadeau? ») et pour l’habituer à partager. Par exemple, faire un calendrier de l’avent aide votre enfant à apprendre à patienter alors que l’encourager à donner des jouets avec lesquels il ne joue plus développe son sens du partage et sa générosité.
Quand la liste au père Noël est trop longue Si votre enfant demande beaucoup de cadeaux, expliquez-lui qu’il doit faire un choix. Vous pouvez lui dire : « Le père Noël ne peut pas te donner tout ce que tu demandes. Pour l’aider, indique-lui les deux ou trois choses que tu aimerais le plus recevoir. » |
À retenir
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Tant que l’enfant croit avec plaisir au père Noël, il n’est pas nécessaire de lui révéler la vérité.
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Les enfants arrêtent en général de croire au père Noël à l’âge scolaire.
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Mieux vaut éviter de dire à votre tout-petit que seuls les enfants sages reçoivent des cadeaux, car cela pourrait le stresser, le rendre triste ou lui donner l’impression qu’il est méchant.
| Révision scientifique : Nathalie Parent, psychologue, autrice et conférencière Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Novembre 2020
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Photos : GettyImages/HASLOO, AnVr et AaronAmat
Ressources et références-
FERLAND, Francine. Mathilde raconte : l’univers de l’enfant d’âge préscolaire. Éditions du CHU Sainte-Justine, 2010, 120 p.
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HÔPITAL DE MONTRÉAL POUR ENFANTS. Doit-on les laisser croire au Père Noël? www.hopitalpourenfants.com
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PARENT, Nathalie. Le Père Noël : l’importance de la fonction imaginative. www.educatout.com
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RADIO-CANADA. Quand saint Nicolas devint le père Noël. 2018. ici.radio-canada.ca
Pour les enfants -
BROCKENBROUGH, Martha et Lee WHITE. Affectueusement, père Noël. Markham, Scholastic, 2017, 32 p. (7 ans et plus)
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