Votre enfant réclame d’être porté au lieu de marcher? Développez son endurance petit à petit.
Les enfants trouvent quelquefois plus agréable de se faire porter que de marcher. Mais ce n’est pas toujours possible. Parfois, les parents ont des paquets plein les bras. L’enfant peut aussi être trop lourd à porter. Comment aider un tout-petit à développer son endurance à la marche?
Pourquoi les enfants se fatiguent-ils vite de marcher?
L’endurance augmente à mesure que l’enfant grandit, mais elle varie aussi d’un enfant à l’autre. Certains tout-petits sont capables de marcher longtemps sans se fatiguer et courent même sur de bonnes distances. Au contraire, d’autres s’épuisent après quelques pas. Voici les principales raisons pour lesquelles un enfant peut être fatigué de marcher.
- Le tout-petit peut manquer d’endurance parce qu’il n’a pas l’habitude de marcher. Par exemple, un enfant qui se déplace souvent en poussette doit s’habituer petit à petit à marcher. Il développera ainsi son endurance et découvrira la satisfaction de se déplacer comme les grands.
- L’endurance pour la marche peut varier selon le moment de la journée et les besoins physiques de l’enfant. Par exemple, le matin, un enfant reposé qui a bien déjeuné a de bonnes chances de pouvoir marcher longtemps. Au contraire, le soir après une longue journée d’activités à la garderie, il pourrait se fatiguer plus rapidement. De la même façon, un enfant qui vient de jouer au parc et qui n’a pas mangé de collation a moins d’énergie pour marcher jusqu’à la maison.
- La destination peut influencer la motivation de l’enfant à marcher. S’il se dirige vers un endroit qu’il aime, l’enfant peut souvent marcher longtemps sans se plaindre. Certains parents ont parfois l’impression de devoir traîner leur enfant pour aller faire des courses. Pourtant, quand vient le temps d’aller à la piscine, le parent doit suivre l’enfant à la course!
- L’enfant peut se sentir désorienté si le trajet à parcourir est moins familier. Il peut alors préférer se faire prendre pour se sentir en sécurité. L’enfant se tourne naturellement vers son parent pour affronter des situations nouvelles ou d’autres qui le perturbent (malaise, chagrin, changement de routine, etc.).
- L’enfant peut insister pour se faire prendre parce qu’il a besoin d’être rassuré ou consolé. Ce genre de situation peut arriver même si l’enfant est habituellement indépendant et prêt à marcher seul.
Pourquoi encourager votre tout-petit à marcher?
Exercer votre enfant à marcher pour parcourir de petites distances est bon pour le développement de sa motricité globale. Cela l’aide aussi à devenir plus autonome.
Chaque fois que votre enfant arrive à marcher une certaine distance, il vit une petite réussite. Ce peut être le cas, par exemple, lorsqu’il marche pour la première fois de la garderie à l’épicerie. Cette expérience le rend généralement fier et contribue au développement de son estime de soi.
Faites-lui remarquer les progrès qu’il fait à la marche. Petit à petit, il apprendra qu’à force de fournir des efforts, il peut réussir différentes choses.
Avoir des attentes réalistes
Le développement de l’endurance à la marche prend du temps. Ayez donc des attentes réalistes adaptées aux capacités physiques de votre tout-petit. Pour vous guider, voici ce que peut faire un enfant en santé selon son âge :
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À 3 ans, il peut habituellement marcher une distance de 500 mètres sans prendre de pause.
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À 4 ans, il peut vous accompagner pour faire les courses sans poussette.
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À 5 ans, il est capable de faire de courtes randonnées.
Toutefois, un enfant qui a marché jusqu’au parc pendant toute une semaine peut avoir besoin d’aide la semaine suivante pour différentes raisons. Comme parent, faites preuve de patience et restez à l’écoute des besoins de votre enfant.
Parfois, la fatigue physique n’explique pas le refus de marcher de votre tout-petit. Il peut manquer d’intérêt pour la destination et se traîner les pieds. Il peut être ralenti par une chaussure qui le dérange ou s’arrêter pour observer un insecte. Il peut également avoir besoin d’encouragements pour fournir les efforts nécessaires jusqu’à votre destination.
Comment développer l’endurance de votre enfant pour la marche?
Voici quelques façons d’aider votre tout-petit à la développer.
- Commencez par faire de courtes promenades dans votre quartier.
- Limitez le temps que votre enfant passe dans la poussette. Habituez-le à marcher en laissant la poussette à la maison lorsque vous vous déplacez sur de petites distances. Par exemple, essayez de faire ensemble le trajet jusqu’à la boîte aux lettres. Augmentez ensuite petit à petit la distance de vos sorties sans poussette.
- Tenez compte du rythme de votre tout-petit. Ses petites jambes ne marchent pas aussi vite que les vôtres. Marchez lentement et laissez-le marcher un peu en avant de vous pour vous ajuster à son rythme.
- Donnez-lui un objectif réaliste sur la distance à parcourir avant de se faire prendre ou d’aller dans la poussette. Dites, par exemple : « Tu marches jusqu’à l’arrêt d’autobus et après tu peux aller dans la poussette. »
- Félicitez votre enfant quand il réussit à marcher. Demandez-lui de regarder derrière lui pour voir la distance qu’il a parcourue. Invitez-le ensuite à se fixer un nouvel objectif un peu plus loin pour la prochaine marche. Pour mieux illustrer ses réussites, comparez la distance parcourue à un autre trajet connu. Dites-lui par exemple : « Savais-tu que notre promenade jusqu’à la bibliothèque et ensuite à l’épicerie est aussi grande que si on était allés chez grand-papa à pied? »
- Aidez votre enfant à se dépasser petit à petit. Décidez ensemble d’un objectif à atteindre à court terme. Dites-lui, par exemple : « La prochaine fois qu’on visitera ton ami, nous irons à pied. » Rappelez-lui aussi qu’il doit se pratiquer un peu chaque jour pour développer ses muscles s’il veut être prêt à se rendre chez son ami le moment venu.
- Invitez votre enfant à prendre une petite pause avant de poursuivre la marche s’il est trop fatigué. Offrez-lui une gorgée d’eau pour l’aider à reprendre son souffle.
- Si votre tout-petit veut se faire prendre, proposez-lui une solution qui vous convient à tous les deux. Dites-lui par exemple : « Je ne peux pas te prendre jusqu’au parc; tu es trop lourd. Marche jusqu’au parc, puis nous pourrons nous asseoir sur un banc et je te prendrai. » S’il est déçu, acceptez sa déception sans vous sentir coupable. Vous pourrez satisfaire son désir d’être pris dans vos bras plus tard.
Que faire si votre enfant refuse de marcher?
Si votre enfant refuse de marcher, tentez de comprendre le besoin qui se cache derrière ce refus et d’y répondre. Votre enfant est-il trop fatigué? Manque-t-il d’énergie parce qu’il a faim? Refuse-t-il de marcher parce qu’il n’a pas le goût d’aller là où vous allez? A-t-il besoin d’affection? A-t-il besoin que vous lui rappeliez pourquoi vous marchez?
Si votre enfant a par exemple besoin d’être rassuré, arrêtez-vous un instant et passez un moment collé l’un contre l’autre. Vous comblerez ainsi son besoin de réconfort et pourrez ensuite lui demander de marcher de nouveau.
Lorsque vous montrez à votre tout-petit que vous comprenez ce qu’il vit, vous l’encouragez à se remettre à marcher. Pensez aussi à rendre le déplacement amusant pour l’encourager encore plus.
Quand le petit frère ou la petite soeur est dans la poussette
À l’occasion, permettez-lui aussi d’être encore petit en l’autorisant, par exemple, à se déplacer en poussette.
Si votre tout-petit a depuis peu un petit frère ou une petite soeur, il pourrait ne pas comprendre pourquoi il doit marcher alors que le bébé se fait porter. Il pourrait communiquer sa frustration de perdre sa place dans la poussette, dans le porte-bébé ou dans vos bras en refusant de marcher. Rappelez-lui alors que ses jambes sont plus grandes et plus fortes que quand il était plus petit.
Pour l’inciter à marcher, demandez-lui de vous aider à pousser la poussette. Vous pouvez aussi lui proposer de porter un toutou ou une poupée dans une écharpe. Il fera ainsi comme vous le faites avec son petit frère ou sa petite soeur.
Des jeux pour motiver votre enfant à marcher
- Amusez-vous à marcher comme un animal ou un personnage (ex. : éléphant, souris, soldat, funambule).
- Marchez en faisant semblant d’éviter des crocodiles cachés dans les fissures du trottoir.
- Demandez à votre enfant de marcher en avant pour faire le guide. Il doit vous indiquer le chemin à prendre pour arriver à destination (avec de l’aide au besoin).
- Marchez sur les lignes du trottoir ou sautez par-dessus.
- Variez les styles de marche : marchez de côté, à reculons ou sur la pointe des pieds.
- Jouez aux feux de circulation. Quand vous dites « vert », votre enfant doit marcher vite. Quand vous dites « jaune », votre enfant doit marcher lentement. À « rouge », il doit s’arrêter.
- Faites une chasse aux objets tout en marchant. Par exemple, demandez à votre enfant de trouver un objet jaune, un chien ou quelqu’un qui porte un chapeau. Pendant qu’il cherche, votre enfant marche sans s’en rendre compte.
Et si c’était à cause de ses pieds plats?Les enfants naissent avec les pieds plats. Leur arche se forme petit à petit, à mesure que leurs pieds grandissent. Toutefois, un enfant qui a toujours les pieds plats après l’âge de 3 ans pourrait voir son endurance diminuer quand il marche. Si votre enfant se plaint de douleurs aux jambes, se fatigue rapidement quand il marche ou demande souvent à se faire prendre ou à aller dans la poussette, consulter un podiatre serait une bonne idée. |
À retenir
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L’endurance à la marche peut varier selon l’état physique de l’enfant (faim, fatigue) et sa motivation à se rendre à un endroit.
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Encourager un enfant à marcher aide à développer sa motricité et son autonomie.
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Un enfant peut refuser de marcher ou insister pour se faire prendre parce qu’il a besoin d’être rassuré ou consolé.
| Révision scientifique : Chloé Gaumont, M. Sc., psychoéducatrice Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Octobre 2024
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Photos : GettyImages/SbytovaMN et Halfpoint
Ressources et références- BOURCIER, Sylvie. Comprendre et guider le jeune enfant : àla maison, à la garderie. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2004, 168 p.
- FERLAND, Francine. Le développement de l’enfant au quotidien –De 0 à 6 ans. 2e éd., Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2018, 264 p.
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PAPALIA, Diane E. et Gabriela MARTORELL. Psychologie du développement de l’enfant. 10e éd., Montréal, Chenelière Éducation, 2023, 360 p.
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SUNDERLAND, Margot. La science au service des parents : comprendre et élever son enfant grâce aux avancées scientifiques. 2e éd., Montréal, Éditions Hurtubise, 2016, 288 p.
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SHAFFER, David et autres. Developmental Psychology: Infancy and Childhood. 5e éd., North York, Nelson Cengage Adapted, 2019, 613 p.
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