Les chicanes entre frères et soeurs

Les chicanes entre frères et soeurs
Pourquoi les chicanes entre frères et soeurs sont-elles si fréquentes? Et comment réagir?


Les chicanes entre frères et soeurs sont normales et inévitables. En général, au fil du temps, les frères et les soeurs peuvent toutefois apprendre à bien s’entendre. Ils peuvent même développer une belle complicité et se défendre les uns les autres face à d’autres enfants.

Qu’est-ce qui cause les chicanes?

Les enfants qui vivent au sein d’une même famille doivent partager beaucoup de choses : l’attention de leurs parents, leurs jouets, les mêmes espaces… Les petites chicanes liées à la notion de possession (« C’est à moi! », « C’est mon tour! ») sont d’ailleurs une cause fréquente de conflits chez les moins de 5 ans.

À cet âge, un tout-petit ne comprend pas encore très bien la notion de partage. De plus, son habileté à contrôler son impulsivité n’est pas encore très développée et il n’arrive pas à bien comprendre l’autre enfant.

Se chicaner peut aussi être un moyen pour un tout-petit de laisser sortir son stress. Il peut alors prendre son frère ou sa soeur comme cible parce qu’il ne sait pas encore comment bien gérer ses émotions ou une contrariété qu’il a vécue pendant la journée.

Plutôt que de chercher à éviter absolument les chicanes, mieux vaut les voir comme des occasions d’apprentissage. Partager l’attention de ses parents ou ses jouets ainsi que discuter et exprimer ses opinions avec une attitude calme sont des expériences qui apprennent aux enfants les habiletés sociales essentielles.

Pourquoi ils se chicanent si souvent?

Vous trouvez que les enfants de votre ami se chicanent moins que les vôtres? L’intensité et la fréquence des conflits varient d’un enfant à l’autre, mais ces chicanes sont tout à fait normales.

Les sentiments de jalousie et de rivalité entre frères et soeurs sont source de conflits surtout si leur différence d’âge est minime. En effet, les enfants plus rapprochés en âge ont souvent un besoin d’attention et des champs d’intérêt semblables. Cela crée donc plus de chicanes parce qu’ils veulent souvent la même chose. Les chicanes peuvent aussi être plus fréquentes si un enfant a l’impression qu’on l’aime moins que son frère ou sa soeur.

La personnalité des enfants joue aussi un rôle. Par exemple, deux enfants qui ont un caractère fort pourraient se chicaner davantage.

Quand intervenir?

Les chicanes permettent aux enfants de s’affirmer et d’apprendre à régler des conflits.

N’intervenez pas trop vite lorsque vos enfants se chicanent. Lorsqu’ils cherchent eux-mêmes une solution, ils développent des habiletés comme l’autonomie et la créativité. Même s’ils sont petits et qu’ils parlent peu, ils en sont souvent capables si vous leur laissez la chance de le faire.

Si votre tout-petit ne parle pas encore, vous pouvez intervenir pour dire à sa place ce que ses comportements peuvent vouloir dire. Par exemple, vous pouvez dire à votre autre enfant : « Ton frère tire sur le jouet. Comme il l’avait en premier, je crois qu’il voudrait le garder. Veux-tu lui proposer un autre jouet? Tu peux aussi attendre ton tour. » Cela aide les deux enfants à bien comprendre la situation.

Si vos enfants sont un peu plus vieux, restez en retrait, mais observez et écoutez comment la situation évolue. Ainsi, vous pouvez intervenir dès que vos enfants ont besoin d’aide pour résoudre leur conflit. N’oubliez pas qu’ils sont en train d’apprendre. Ils ont parfois besoin d’un modèle à imiter pour savoir quels sont les bons comportements à adopter. Félicitez-les s’ils trouvent des solutions et restent calmes.

Dès qu’il y a des paroles méchantes ou des gestes violents, intervenez sans attendre. Les enfants doivent comprendre qu’il n’est pas permis de donner des coups, de mordre ou d’insulter une autre personne.

Comment intervenir?

Lorsque vous intervenez lors d’une dispute entre vos enfants, essayez d’être sensible aux besoins de chacun d’eux. Personnalisez aussi vos interventions selon les forces et les limites de chacun (ex. : âge, tempérament, niveau de sensibilité). Cela permet une gestion positive et équitable des conflits tout en limitant le sentiment de jalousie qui peut survenir lorsque les parents aident à la résolution d’une difficulté.

Voici quelques étapes pour aider les enfants à résoudre un conflit :

L’agressivité, la violence et la fatigue nuisent à la résolution saine d’un conflit.
  • Prenez un moment pour aider chaque enfant à se calmer et à diminuer l’émotion négative.
  • Déterminez ensuite le sujet central de la chicane.
  • Clarifiez les opinions et les attentes de chacun, puis résumez-les.
  • Demandez à vos enfants de mettre des mots sur ce qu’ils ressentent. Questionnez-les aussi sur la façon dont ils pensent pouvoir régler la situation pour les aider à trouver des solutions.
  • Encouragez vos enfants à chercher des solutions et aidez-les à déterminer une solution à appliquer.
  • Suggérez, au besoin, des pistes de solution au problème, mais le choix final doit revenir le plus souvent possible à vos enfants.

Avec le temps, vos enfants deviendront habitués à ces étapes et voudront régler leurs conflits tout seuls.

Habiletés selon l’âge

Au fil des ans, les tout-petits développent des habiletés qui les aident à réduire les disputes et à les résoudre.
  • Entre 1 et 2 ans, ils sont capables de demander l’aide d’un adulte lorsqu’ils vivent un problème.
  • Autour de 2 ans, ils peuvent facilement faire des échanges et imiter les comportements des adultes qui les entourent.
  • Vers 3 ans, lorsque les enfants s’expriment bien avec des mots, ils peuvent nommer le problème.
  • À 4 ans, ils peuvent comprendre les étapes de résolution de conflit.
  • Entre 4 et 6 ans, ils commencent à comprendre que les autres enfants peuvent penser différemment et avoir des besoins différents.

Pour diminuer les conflits

Frères qui jouent ensemble sans se chicaner

Certaines stratégies peuvent aider à prévenir ou à limiter les chicanes. En voici quelques-unes :

  • Rassurez chacun de vos enfants sur la place qu’il a dans votre vie. À l’arrivée d’un nouveau bébé, expliquez à votre aîné que vous l’aimez tout autant et que vous êtes encore là pour lui, même si votre bébé ou votre plus jeune demande plus de soins et d’interventions de votre part. Répétez-le-lui souvent pour le réconforter.
  • Identifiez des choses appartenant à chacun des enfants, par exemple : un bac à jouets individuel, et un autre bac avec les jouets qui sont pour tout le monde. Cela permet aux tout-petits de mieux comprendre ce qui est à eux et ce qu’ils doivent partager.
  • Encouragez chaque enfant à dire avec des mots ce qu’il n’accepte pas, ou à aller chercher votre aide au lieu de crier ou de frapper.
  • Offrez à chaque enfant un endroit bien à lui. Même s’ils partagent la même chambre, vos enfants devraient chacun avoir leur espace pour dormir, pour ranger leurs affaires et pour jouer seuls s’ils en ressentent le besoin.
  • Passez chaque jour un moment seul avec chacun de vos enfants. Cela évite qu’ils se disputent pour obtenir votre attention.
  • Essayez d’être le plus équitable possible dans l’attention que vous donnez à vos enfants. Expliquez-leur que chacun a des besoins différents et que parfois c’est au tour de l’un d’avoir quelque chose et, parfois, c’est le tour de l’autre.
  • Établissez des règles claires. Expliquez à chacun quels comportements sont permis ou pas.
  • Encouragez l’entraide entre vos enfants. Ne rendez pas l’aîné responsable du plus jeune, mais incitez-les à s’aider ou à s’encourager l’un et l’autre lorsqu’ils vivent une difficulté.
  • Valorisez les différences de chacun de vos enfants. Il ne s’agit pas de comparer les enfants en disant : « Ton frère est plus sage », mais plutôt de reconnaître les qualités de chaque enfant en parlant avec lui et en valorisant ses forces devant les autres membres de la famille. Reconnaissez aussi leurs défis.
  • Encouragez chaque enfant à avoir des amis à lui quand il grandit afin que chacun ait son groupe d’amis.
  • Ne cherchez pas à éviter les frustrations à tout prix. Certains parents achètent deux fois les mêmes jouets ou offrent un cadeau à l’aîné à la fête du plus petit afin d’éviter les jalousies. Or, ces petites frustrations sont l’occasion pour votre enfant d’apprendre à gérer ses émotions. Plus il sera exposé à ce genre de situations, mieux il réagira.
  • Donnez l’exemple. Vos enfants apprennent en vous imitant. Essayez de régler vos différends et vos conflits avec votre partenaire ou avec vos enfants dans le calme, en nommant le problème et les émotions que vous ressentez.

Plus de chicanes dans une famille reconstituée?

Les chicanes peuvent être plus fréquentes dans une famille nouvellement recomposée. Il peut en effet être encore plus difficile pour un enfant de partager avec un enfant qu’il ne connaît pas beaucoup. Avec le temps, il apprendra toutefois à vivre avec lui, et la fréquence des conflits diminuera.

À retenir

  • La difficulté des enfants à partager leurs jouets et l’attention de leurs parents cause parfois des chicanes, mais c’est normal. Par ailleurs, c’est l’occasion pour eux d’apprendre.
  • La différence d’âge, les capacités à s’exprimer et la personnalité des enfants peuvent expliquer pourquoi certains se chicanent plus que d’autres.
  • Il est préférable de laisser les enfants régler leurs conflits par eux-mêmes, tout en demeurant à l’écoute pour les soutenir au besoin. Ainsi, la résolution de conflit demeure une expérience positive.
Naître et grandir

Révision scientifique : Andréane Ringuette, psychoéducatrice
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Octobre 2023

 

Photos : GettyImages/StefaNikolic

 

Ressources et références

  • BOURCIER, Sylvie. L’agressivité chez l’enfant de 0 à 5 ans. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, coll. « Parlons Parents », 2018, 248 p.
  • FABER, Adele et Elaine MAZLISH. Frères et soeurs sans rivalité : manuel de survie pour une famille plus sereine! Cap-Pelé, Éditions du Phare, 2013, 276 p.
  • GAGNIER, Nadia. C’est pas moi, c’est lui! : les relations fraternelles. Montréal, Éditions La Presse, coll. « Vive la vie en famille », 2012, 106 p.
  • RACINE, Brigitte. Le respect : une valeur pour la vie. Montréal, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2016, 236 p.
  • THÉRIAULT, Chantal. Les conflits chez les enfants : programme d’interventions pour favoriser l’acquisition de l’autonomie. 2e éd., Montréal, Les Éditions Québec-Livres, 2017, 136 p.

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