Faire patienter votre enfant peut être un tour de force. Quelques trucs pour y parvenir.
La plupart des enfants traversent des phases où ils veulent tout obtenir tout de suite, que ce soit un objet ou l’attention de leurs parents. Cependant, en grandissant, les enfants apprennent qu’ils doivent parfois attendre et faire preuve de patience.
À partir de quel âge un enfant est-il capable d’attendre?
La capacité à attendre change beaucoup selon l’âge de l’enfant. Avant l’âge de 1 an, un bébé ne comprend pas encore qu’il est une personne à part entière, séparée de son parent. L’attente est donc insécurisante pour lui.
Avant l’âge de 3 ans, un enfant réagit habituellement avec intensité (ex. : pleurer, crier, taper du pied) lorsqu’il doit attendre, car il a de la difficulté à comprendre le point de vue de quelqu’un d’autre. Il est tout de même possible de l’habituer à patienter, mais il est nécessaire de lui expliquer pourquoi il ne peut pas obtenir tout de suite ce qu’il demande. Les repères concrets (ex. : sablier, temps d’une chanson, minuterie) l’aident à mieux comprendre le temps qu’il doit attendre.
À partir de l’âge de 4 ans, l’enfant comprend assez bien la notion d’attente et peut tolérer un certain délai avant qu’on réponde à ses demandes. Comme il est aussi plus autonome, il est capable d’attendre en s’occupant seul pendant un court moment avec un jeu ou une activité qu’il aime (ex. : casse-tête, livre, dessin).
Comment réagir devant l’impatience de votre enfant?
Vous êtes occupé et votre enfant fait tout pour avoir votre attention? Voyez comment réussir à le faire patienter.
- Demandez-vous si votre enfant cherche votre attention pour satisfaire un besoin ou pour répondre à un désir. Un besoin, comme la soif ou aller à la toilette, doit obtenir une réponse rapide. Au contraire, vouloir jouer aux autos est un désir qui peut attendre.
- Ne répondez pas trop rapidement aux demandes de votre enfant, ni trop lentement. Si vous répondez trop vite à son désir, votre tout-petit n’apprendra pas à attendre et à s’adapter. Toutefois, s’il souhaite vous parler de quelque chose et que l’attente est trop longue (plus de 5 ou 10 minutes), votre enfant risque de croire que vous n’accordez pas d’importance à ce qu’il vous dit.
- Fixez des limites et faites preuve de cohérence. Il peut vous sembler parfois plus facile d’accéder rapidement aux demandes de votre enfant. Cependant, cela risque d’encourager son impatience.
- Faites preuve de tolérance. Un enfant pense d’abord à ses propres besoins et désirs. Il est donc normal qu’il les exprime. Comme parent, vous pouvez toutefois faire comprendre à votre tout-petit que certaines demandes sont acceptables et que d’autres ne le sont pas ou doivent attendre un peu.
Des repères clairs comme « après le repas », « avant le bain », « en arrivant à la maison après la garderie » aident votre tout-petit à patienter, car ce sont des moments de vie de tous les jours qu’il connaît bien.
- Utilisez la routine pour aider votre enfant à comprendre quand son désir pourra être satisfait, car elle est sécurisante pour les tout-petits. Vous pouvez par exemple lui dire : « Maintenant, je dois préparer le repas. Je pourrai écouter ton histoire lorsque nous mangerons. Après le repas, je rangerai la vaisselle et je jouerai ensuite avec toi dans le salon. » Ou encore : « En ce moment, je change la couche de ta petite soeur, je ne peux donc pas regarder ton dessin avec attention. Mais quand j’aurai terminé et qu’elle sera assise dans sa chaise, j’irai te voir pour que tu me le montres, d’accord? »
- Aidez votre enfant à parler de son impatience. Vous pouvez par exemple lui demander comment il se sent dans son corps et dans son coeur quand il doit attendre. Est-ce qu’il sent ses mains ou ses pieds gigoter? Est-ce que plein d’idées lui viennent en tête? Est-ce qu’il se sent triste? Ou même en colère? En l’aidant à nommer les sensations physiques et les émotions qu’il ressent lorsqu’il doit attendre, vous aidez votre enfant à mieux vivre les moments où il doit faire preuve de patience, car il se sent compris et entendu.
- Valorisez sa capacité à attendre. Vous pouvez par exemple lui dire que la dernière fois que vous avez changé la couche de sa petite soeur, il a été très bon pour attendre et que vous savez qu’il peut encore le faire cette fois-ci.
- Rendez l’attente amusante et moins difficile en faisant appel à son imagination. Par exemple, vous pouvez lui dire qu’il est le superhéros de la patience ou qu’il a le pouvoir magique de faire passer le temps très vite lorsqu’il doit attendre.
- Félicitez votre tout-petit lorsqu’il réussit à patienter.
Pour l’aider à patienter
Bien que votre enfant soit capable de prévoir une situation en observant les gestes familiers, il est difficile pour lui d’évaluer la durée de l’attente, surtout s’il lui semble urgent que vous répondiez à sa demande.
Voyez comment maman Catherine aide son enfant à apprivoiser la patience.
- Mettez des mots sur ce que votre enfant ressent. Dites-lui aussi pourquoi il doit attendre et quand vous pourrez répondre à sa demande. Cela rend l’attente plus supportable pour lui. Il comprend alors que vous avez entendu sa demande et que vous y répondrez sous peu, par exemple : « Je te lirai une histoire après le nettoyage de la cuisine. Tu vois, je lave le comptoir. Ensuite, je rangerai la vaisselle. Je sais que tu as hâte que j’aie terminé, mais je sais aussi que tu es capable d’attendre. »
- Donnez à votre enfant des repères de temps concrets pour l’aider à attendre. Par exemple, vous pouvez placer sur l’horloge des repères visuels, comme de petits autocollants en forme d’animaux. Vous pourrez ainsi lui demander d’attendre jusqu’à ce que la grande aiguille soit placée sur l’un des animaux.
- Lorsque votre enfant doit attendre, suggérez-lui une activité pour l’occuper. Vous pouvez aussi lui préparer un petit bac de livres et de jouets qu’il peut amener près de vous pour s’occuper seul lorsqu’il doit attendre. Le temps lui semblera alors moins long puisqu’il jouera près de vous. Vous pouvez aussi lui proposer de devenir votre assistant. Au lieu de subir l’attente, il s’amusera à participer aux tâches quotidiennes. Les tout-petits veulent souvent « aider » leurs parents et poser les mêmes gestes qu’eux.
- Si vous ne pouvez pas répondre à votre enfant parce que vous êtes, par exemple, au téléphone, faites-lui un clin d’oeil ou un pouce en l’air et un signe de la main pour lui indiquer d’attendre. Cela lui permettra de voir que vous lui portez une attention et l’aidera à mieux patienter.
- Si votre enfant doit patienter quelques jours, comptez avec lui les dodos qu’il reste sur un calendrier. Cela l’aidera à mieux se situer dans le temps et, au fil des jours, il comprendra que la journée tant attendue arrivera bientôt.
Activités pour exercer la patienceLes jeux suivants familiarisent les enfants avec le principe du tour de rôle. Une fois ce principe compris, il est plus facile pour eux d’attendre dans diverses situations du quotidien. N’hésitez pas à participer à ces jeux, surtout si votre tout-petit est un enfant unique. -
Jouez au téléphone avec un téléphone jouet. Les enfants voient ainsi concrètement qu’ils ne peuvent pas garder le combiné tout le temps.
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Invitez les enfants à dessiner sur une feuille à tour de rôle afin de créer une oeuvre collective. Une fois le dessin terminé, applaudissez-les.
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Jouez au chapeau-chef, un jeu où les joueurs imitent les gestes de celui qui porte le chapeau. Après trois actions, passez le chapeau au suivant pour qu’il soit chef à son tour.
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Demandez à chaque enfant, à tour de rôle, quel est son animal préféré, son repas préféré ou tout autre sujet susceptible de l’intéresser. Vous pouvez utiliser un objet pour indiquer clairement qui a le droit de parole. Par exemple, le « bâton de la parole » sera remis à celui qui prend la parole.
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Demandez aux enfants de reproduire un rythme musical qu’ils viennent d’écouter. Cela leur permet d’alterner l’écoute et l’imitation.
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À retenir
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Avant l’âge de 1 an, l’attente est insécurisante pour un enfant.
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Répondre rapidement à toutes les demandes d’un enfant qui se montre exigeant risque d’encourager son impatience.
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Comme il est difficile pour un tout-petit d’évaluer la durée d’attente, lui donner des repères temporels concrets peut l’aider à patienter.
| Révision scientifique : Solène Bourque, psychoéducatrice Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir Mise à jour : Février 2021
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Photo : GettyImages/DragonImages
Références et ressources-
BOURQUE, Solène. Les grandes émotions des tout-petits : comprendre et soutenir les apprentissages émotionnels chez les enfants de 2 à 6 ans. Éditions Midi trente, 2020, 144 p.
Pour les enfants : -
AMSALLEM, Baptiste. Clément est impatient. Éditions Auzou, 2012, 16 p. (dès 18 mois)
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BERGERON, Alain M. et SAMPAR. Petit Billy Stuart – À table les oiseaux! Montréal, Éditions Michel Quintin, coll. « Petit Billy Stuart », 2019, 32 p. (dès 3 ans)
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LEBEL, Nicole et Francis TURENNE. Je suis patient. Sainte-Ursule, Fablus, coll. « Phil & Sophie », 2013, 25 p. (dès 3 ans)
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RIVARD, Émilie. Ding! L’impatience. Boomerang jeunesse, 2014, 24 p. (dès 4 ans)
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ROUSSEAU, Lina et Marie-Claude FAVREAU. Galette est patient. Saint-Lambert, Dominique et compagnie, coll. « Gallette et Tartine », 2016, 24 p. (dès 3 ans)
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ROUSSEAU, Lina et Marie-Claude FAVREAU. Chacun son tour. Saint-Lambert, Dominique et compagnie, coll. « Gallette et Tartine », 2019, 24 p. (dès 3 ans)
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