La santé mentale en 20 questions

La santé mentale, c’est aussi important que la santé physique. Pourtant, on s’en préoccupe moins… Peut-être parce qu’on la comprend mal. Faisons tomber les tabous avec ces 20 questions sur la santé mentale des parents et des enfants.

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Famille et santé mentale

Environ une personne sur trois souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. La dépression et les troubles anxieux (anxiété généralisée, trouble panique, phobie, trouble obsessionnel compulsif, stress post-traumatique) sont les troubles mentaux les plus courants.

Environ une personne sur trois au Canada souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. La proportion est en constante augmentation depuis quelques années. La dépression et les troubles anxieux (anxiété généralisée, trouble panique, phobie, trouble obsessionnel compulsif, stress post-traumatique) sont les troubles mentaux les plus courants. Certaines personnes souffrent aussi de troubles mentaux chroniques, comme la schizophrénie, le trouble bipolaire ou encore le trouble de personnalité limite (borderline). Quant aux troubles de l’alimentation, ce sont surtout des filles et des femmes âgées de moins de 25 ans qui sont touchées.

Lorsqu’une personne vit un coup dur (deuil, séparation, accident, etc.), sa santé mentale peut être affectée. Cela ne signifie pas qu’elle fera forcément une dépression, par exemple. En fait, les causes exactes des troubles mentaux ne sont pas encore connues. Ce qu’on sait, c’est que ces troubles sont le résultat d’un mélange de facteurs génétiques, biologiques, psychologiques et sociaux. Mais, bonne nouvelle : les troubles mentaux se traitent. Il est donc possible, avec de l’aide, d’avoir une vie de famille satisfaisante même si on en souffre. Voici nos réponses à 20 questions sur la santé mentale.

J’ai un bébé en santé et un conjoint que j’aime, mais je suis triste et je vois la vie en noir. Qu’est-ce qui m’arrive?

De 15 à 20 % des nouvelles mamans souffriront de dépression post-partum après l’accouchement. Selon les études, le taux de dépression postnatale est, de manière générale, plus élevé trois mois après l’accouchement et diminue graduellement par la suite. Parmi les symptômes possibles : une grande tristesse, de l’irritabilité, une perte d’intérêt ou de plaisir pour les activités habituelles, des difficultés de sommeil, de la fatigue, un sentiment de vide, des pensées suicidaires, etc.

« La dépression post-partum nécessite une attention médicale immédiate, insiste la psychiatre Marie-Josée Poulin, chef médicale de la clinique de psychiatrie périnatale de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, du CIUSSS de la Capitale-Nationale. La nouvelle mère n’ose pas toujours demander de l’aide, car elle a honte d’être malheureuse. » Si le conjoint ou d’autres proches voient que la maman va mal, il est important de la soutenir et de l’amener à consulter.

La dépression post-partum n’a rien à voir avec le baby blues, une légère déprime passagère qui touche jusqu’à 80 % des femmes et qui apparaît souvent au troisième jour après l’accouchement. « Dans le cas du baby blues, la nouvelle mère est de mauvaise humeur et pleure sans trop savoir pourquoi. Toutefois, elle n’a pas d’idées noires et elle est capable de s’occuper de son bébé », explique la psychologue Nancy Verreault.

Par ailleurs, il existe une maladie rare et plus grave : la psychose post-partum. Elle se déclare dans les jours qui suivent l’accouchement. Elle se manifeste par de la confusion, des hallucinations, du délire, et parfois de l’agressivité. La mère doit consulter de façon urgente, car sa sécurité et celle de son enfant peuvent être compromises.

14 % des Québécois feront une dépression au cours de leur vie. Chez les jeunes de 12 à 24 ans, le pourcentage ne cesse d’augmenter. Chaque année, 5 % des adultes présentent une dépression majeure. Par ailleurs, 11 % des Québécois souffriront d’un trouble anxieux au cours de leur vie.

Comment aider ma conjointe qui souffre de dépression? Sa santé mentale peut-elle affecter notre enfant?

Il est avant tout important de reconnaître la souffrance de votre partenaire. « Si vous diminuez l’importance de ce qu’elle ressent, elle se sentira encore plus coupable et incompétente, avertit la Dre Marie-Josée Poulin. La dépression peut alors empirer. » Il est conseillé de l’écouter sans la juger, puis de l’encourager à consulter et de lui demander comment elle pense que vous pouvez l’aider.

« Une mère qui souffre de dépression est moins disponible pour son enfant, dit la Dre Andrée-Anne Marcoux, pédopsychiatre au pavillon Albert-Prévost du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal. Par exemple, elle peut avoir du mal à le réconforter, à lui donner de l’affection, à l’aider à gérer ses émotions ou à lui offrir la stimulation nécessaire au bon développement de son cerveau. Cela peut aussi nuire au lien d’attachement entre la mère et son enfant. » Il est donc important de donner à votre enfant beaucoup d’amour et d’attention le temps que sa maman aille mieux.

Je suis un nouveau papa et je trouve cela plus difficile que je le pensais. Devrais-je consulter?

N’hésitez surtout pas! Une mauvaise santé mentale pourrait nuire à votre couple et au développement de votre bébé. Des études montrent que les pères dépressifs ont moins d’interactions positives avec leur tout-petit, ce qui pourrait entraîner des problèmes émotifs et de comportement chez l’enfant. Cela pourrait aussi nuire au lien d’attachement entre le père et son enfant.

Au cours des 12 mois suivant l’accouchement, la dépression post-partum est présente chez 9 % des pères. Par ailleurs, 10 % des pères seraient touchés par la dépression durant la grossesse. « Les hommes ont tendance à exprimer leur détresse par de la colère, de l’impatience et de l’énervement plutôt que par de la tristesse et des pleurs comme le font les femmes, signale Nancy Verreault, psychologue. Cette différence explique que les hommes eux-mêmes et leur entourage ne voient pas toujours qu’il s’agit d’une dépression. »

Mon conjoint souffre d’une maladie mentale. Est-ce que notre enfant risque d’en être atteint?

Votre enfant risque plus de développer un problème de santé mentale, mais ça ne signifie pas qu’il en aura systématiquement un. La plupart des maladies mentales ont une part génétique. L’enfant n’hérite pas de la maladie, mais il risque plus de la développer. « Cependant, si la maladie du parent n’est pas soignée ou stabilisée, cela ajoute un facteur de risque. En raison de ses symptômes, le parent peut avoir de la difficulté à offrir à son enfant l’attention et le milieu sécurisant dont il a besoin », indique la pédopsychiatre Andrée-Anne Marcoux. Comme cette situation fait vivre à l’enfant beaucoup de stress, cela le rend encore plus vulnérable à la maladie mentale.

Les organismes communautaires en santé mentale peuvent offrir du soutien aux proches de personnes souffrant de troubles mentaux. N’hésitez pas à leur demander de l’aide.

Je m’inquiète toujours pour mon enfant. Est-ce que je souffre d’anxiété?

Il est normal de s’inquiéter de temps en temps pour son enfant. L’anxiété devient toutefois un problème quand on n’arrive pas à la contrôler, qu’elle nous envahit et qu’elle nous empêche de fonctionner dans notre vie de tous les jours, explique la psychiatre Marie-Josée Poulin. Il s’agit alors d’anxiété généralisée.

L’anxiété généralisée s’accompagne souvent d’autres symptômes : fatigue, irritabilité, difficultés à dormir et à se concentrer, agitation, palpitations au coeur, tremblements, nausées, etc. Si vous croyez en souffrir, n’hésitez pas à consulter.

Je suis la maman de deux jeunes enfants et je suis à bout de souffle. Suis-je à risque de faire un burnout?

« Déjà, mener de front le travail et la vie de famille, c’est essoufflant. Mais certaines femmes s’épuisent encore davantage à tenter d’être des mères parfaites, constate la psychologue Nancy Verreault. Elles idéalisent leur rôle parental. Cela peut mener à des déceptions, car la vie de parent n’est pas toujours facile. » Des parents en viennent à ressentir une fatigue physique et mentale intense, accompagnée de stress. C’est l’épuisement parental (aussi appelé burnout parental), qui touche au moins 5 % des parents. Comment prévenir cette situation? La clé, c’est de prendre des moments de détente et d’essayer d’avoir des attentes moins élevées. Vous gagnerez à écouter vos limites et à partager autant que possible les tâches et les responsabilités parentales avec votre partenaire. Si vous êtes un parent seul, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre entourage.

Ma soeur a un trouble de personnalité limite et je m’inquiète pour elle. Comment l’aider?

Qu’il s’agisse d’un trouble de personnalité limite (aussi appelé TPL ou borderline) ou d’un autre problème de santé mentale, vous pouvez l’encourager à consulter ou à poursuivre ses traitements, lui offrir du répit en vous occupant de son enfant ou en l’aidant à faire des courses ou des tâches ménagères. « Par contre, il vaut mieux éviter de tout prendre en charge, car cela peut empêcher la personne malade de se responsabiliser et de se prendre en main », souligne Julie Desrosiers, travailleuse sociale au Cercle polaire, un organisme qui offre du soutien aux proches des personnes atteintes de maladies mentales. Il est aussi important de poser vos limites et de prendre soin de vous. Si vous êtes épuisé, vous ne serez pas très aidant pour l’autre.

Dois-je expliquer à mon enfant que je souffre d’un problème de santé mentale?

Votre maladie fait partie de la vie de votre enfant. Il a donc besoin de savoir ce qui se passe. Par exemple, dès qu’il a 3 ans ou 4 ans, vous pouvez lui expliquer que vous avez une maladie qui vous donne parfois l’impression d’avoir de gros nuages dans la tête et dans le coeur. Un organisme spécialisé en santé mentale peut vous aider à trouver les bons mots en fonction de l’âge de votre enfant. Il est très important de lui dire que ce n’est pas sa faute si vous êtes malade. Offrez-lui aussi la possibilité d’exprimer ses émotions, ses pensées et ses questions à propos de la maladie. Vous pouvez également donner l’occasion à votre enfant d’être en contact avec d’autres adultes importants pour lui, comme une grand-mère ou un oncle.

Est-ce que je risque de perdre la garde de mon enfant parce que je souffre d’un trouble mental?

Ce n’est pas une raison suffisante pour qu’on vous retire la garde de votre tout-petit, affirme Isabelle Laviolette, psychologue au Programme jeunesse du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. « La Direction de la protection de la jeunesse intervient seulement lorsque la sécurité ou le développement de l’enfant est compromis », précise-t-elle. Si c’est le cas, vous avez tout à gagner à collaborer avec l’intervenant et à accepter l’aide qu’on vous offre.

Pour éviter d’en arriver là, vous pouvez faire attention à votre santé mentale en respectant votre traitement et en étant attentif aux signes qui annoncent une rechute. Il est aussi suggéré de faire un plan d’urgence qui indique qui pourrait vous aider et qui pourrait s’occuper de votre enfant en cas de besoin.

Comment expliquer à un tout-petit que son papa ou sa maman est à l’hôpital en raison de sa santé mentale?

Parlez-lui avec des mots simples, comme vous le feriez pour n’importe quelle maladie : « Papa (ou maman) est malade dans sa tête et il (ou elle) est à l’hôpital pour que les médecins le (ou la) soignent. » L’important, c’est de rassurer l’enfant en lui disant que son parent reçoit de l’aide, mais aussi qu’il pense très fort à lui. L’enfant peut s’inquiéter des conséquences de l’hospitalisation sur sa vie de tous les jours. Il faut donc lui dire ce qui sera fait pour assurer le plus possible la continuité de sa routine. Il est aussi important de lui permettre de continuer à jouer et à avoir du plaisir. Même si l’un de ses parents est malade, il reste un enfant.

Puis-je être un bon parent malgré mon problème de santé mentale?

Bien sûr, à condition de faire ce qu’il faut pour guérir ou pour stabiliser votre état. « Une des étapes essentielles est d’accepter le diagnostic et de reconnaître que certains aspects de la maladie peuvent nuire à vos capacités parentales, estime la psychologue Isabelle Laviolette. Avec la volonté d’améliorer vos compétences, vous pouvez aller chercher de l’aide pour travailler sur vos difficultés et développer de meilleures habiletés parentales. »

Je viens d’apprendre que mon enfant a un retard de développement. Comment accepter la situation?

Déni, colère, tristesse, sentiment de culpabilité… Il est normal d’être envahi par ces émotions après une telle nouvelle. « Les parents doivent faire le deuil de l’enfant rêvé, dit la psychologue Nancy Verreault. Ce processus est difficile et prend du temps. » Pendant cette période, il vaut mieux éviter de vous isoler. Vous confier à des personnes pouvant vous offrir soutien et réconfort vous fera peut-être du bien. Même si cela peut paraître difficile au début, vous devriez aussi essayer de continuer à faire des activités que vous aimez. Vous éviterez ainsi de glisser dans la dépression et vous serez plus disponible pour accompagner votre tout-petit dans ce qu’il vit. Peu à peu, vous surmonterez le choc et vous vous adapterez au problème de santé de votre enfant.
 

Où consulter?
Si votre santé mentale ou celle d’un proche vous inquiète, adressez-vous à votre médecin de famille, à une clinique médicale, à votre CLSC ou à votre programme d’aide aux employés (si vous en avez un). La situation sera évaluée et vous pourriez recevoir certains soins. Si nécessaire, vous serez ensuite dirigé vers un service spécialisé en santé mentale. Vous pouvez aussi appeler la ligne Info-Social 811. Un intervenant psychosocial pourra répondre à vos préoccupations et vous orienter vers d’autres ressources au besoin. Des groupes de soutien pourraient aussi vous aider.

Tout-petits et santé mentale

Jusqu’à 20 % des enfants et des adolescents sont atteints d’un trouble mental, dont certains dès la petite enfance. C’est beaucoup, mais il faut savoir que le TDAH et les troubles de comportement entrent dans cette catégorie.

Les enfants peuvent-ils avoir des problèmes de santé mentale?

Les troubles de santé mentale débutent souvent à l’adolescence : dans un tiers des cas, les troubles apparaissent avant l’âge de 14 ans et, dans les deux tiers des cas, avant l’âge de 25 ans. Parmi les problèmes de santé mentale qui peuvent toucher les enfants et les adolescents, on trouve les troubles anxieux (en moyenne 8 %), les troubles du comportement (en moyenne 8 %, dont 3 % pour le TDAH) et les troubles dépressifs (en moyenne 4 %).

Chez les 5 ans et moins, un enfant sur six présente des troubles mentaux. Les plus fréquents sont les troubles développementaux, les troubles anxieux, le trouble de l’attachement et les symptômes dépressifs.

Quels sont les signes à surveiller? En général, lorsqu’un comportement est envahissant et dure dans le temps, cela peut indiquer que quelque chose ne va pas, selon la pédopsychiatre Andrée-Anne Marcoux. « Lorsqu’on est dépassé par les émotions ou par les comportements de notre enfant, mieux vaut consulter », dit-elle. Cela pourrait être le cas, par exemple, si votre enfant est toujours triste, anxieux ou en colère, qu’il s’isole souvent, qu’il cesse de jouer, qu’il ne dort presque pas, qu’il fait exprès de se faire mal, qu’il a une peur intense d’être éloigné de vous, qu’il est incapable de fonctionner en milieu de garde à cause de son agressivité, agitation ou isolement, etc.

La séparation des parents peut-elle affecter la santé mentale de leur enfant?

Les études scientifiques démontrent que la rupture des parents augmente les symptômes d’anxiété et de dépression chez les enfants. Même si cette augmentation est plutôt faible, elle indique que la séparation est une source de stress et de tristesse pour les tout-petits. « Plus le conflit est intense, plus cela cause de tort à l’enfant, qui se sent déchiré entre ses deux parents », souligne la psychologue Nancy Verreault. Pour faciliter la transition, il est important de penser à l’enfant, d’être respectueux envers l’autre parent et de coopérer avec lui. Même si vous en voulez à votre ex, rappelez-vous que votre enfant a besoin de lui, car il reste son parent.

Comment expliquer à un tout-petit le suicide de son papa ou de sa maman?

Mieux vaut éviter de cacher à l’enfant qu’il s’agit d’un suicide. Par exemple, on peut lui expliquer que son papa avait une maladie dans sa tête qui le rendait très malheureux et que cela lui a fait prendre une mauvaise décision. Parfois, un jeune enfant peut croire que s’il avait été plus gentil ou s’il avait rangé ses jouets, sa maman ou son papa ne serait pas mort. Il est important de lui faire comprendre qu’il n’est pas responsable. Il se peut aussi qu’il réagisse peu à l’annonce du décès. C’est une situation typique, car la nouvelle est trop grosse à assimiler. Il est important, dans les semaines qui suivent, de rester à son écoute et de l’aider à exprimer avec des mots ou des dessins ce qu’il ressent dans son coeur.

Pour en savoir plus, consultez notre fiche Le deuil chez l’enfant.

Comment favoriser la bonne santé mentale de mon enfant?

« Avant tout, vous devez prendre soin de votre propre santé mentale, car celle-ci a un impact sur celle de votre enfant, répond la pédopsychiatre Andrée-Anne Marcoux. Le mieux ensuite, c’est d’être attentif aux besoins de votre enfant selon son âge. » Par exemple, dans ses premiers mois de vie, votre bébé s’attache à vous et bâtit sa confiance en vous. Il est donc important de répondre rapidement à ses besoins (être réconforté, nourri, changé, etc.). Il est essentiel aussi, pour que son cerveau se développe bien, de lui donner de l’affection, d’échanger des sourires avec lui, de lui parler et de jouer avec lui.

À mesure qu’il grandit, vous pouvez lui apprendre à reconnaître ses émotions, à parler de ce qu’il ressent, à entrer en relation avec les autres, à demander de l’aide… Pour qu’il développe une bonne estime de lui-même, vous gagnerez à valoriser ses efforts, à le féliciter pour ses réussites et à vous intéresser à ce qu’il fait. Et pour qu’il se sente en sécurité, il est recommandé de lui poser des limites. Mais attention : il ne s’agit pas d’une recette magique! Les maladies mentales sont complexes et peuvent apparaître, peu importe la façon dont vous élevez et encadrez votre enfant.
 

Où consulter?
Si votre santé mentale ou celle d’un proche vous inquiète, adressez-vous à votre médecin de famille, à une clinique, à votre CLSC ou à votre programme d’aide aux employés si vous en avez un. La situation sera évaluée et vous pourriez recevoir certains soins. Si nécessaire, vous serez ensuite dirigé vers un service spécialisé en santé mentale. Vous pouvez aussi appeler la ligne Info-Social 811. Un intervenant psychosocial pourra répondre à vos préoccupations et vous orienter vers d’autres ressources au besoin. Des groupes de soutien pourraient aussi vous aider.

Grossesse et santé mentale

Environ une personne sur trois souffrira d’une maladie mentale au cours de sa vie. La dépression et les troubles anxieux (anxiété généralisée, trouble panique, phobie, trouble obsessionnel compulsif, stress post-traumatique) sont les troubles mentaux les plus courants.

La grossesse augmente-t-elle le risque de faire une dépression?

Dans la plupart des cas, non. Selon les études, environ 20 % des femmes enceintes souffrent d’une dépression au cours de leur grossesse, et jusqu’à 15 % des femmes peuvent présenter une dépression majeure. Les femmes ayant déjà fait une dépression par le passé sont plus à risque que celles qui n’ont pas fait de dépression auparavant. « Certaines femmes peuvent faire une dépression pendant le premier trimestre de la grossesse, au moment où le taux de progestérone augmente rapidement », indique la psychiatre Marie-Josée Poulin, chef médicale de la clinique de psychiatrie périnatale de l’Institut universitaire en santé mentale de Québec, au sein du CIUSSS de la Capitale-Nationale. Les futurs pères doivent également être attentifs à leur santé mentale pendant la grossesse, car eux aussi sont sujets à la dépression. Selon plusieurs études, la dépression touche environ 10 % des pères durant cette période.

Quand une maman souffre d’anorexie ou de boulimie, y a-t-il des dangers pour elle et son enfant?

Les troubles alimentaires entraînent un risque plus grand d’hypertension de grossesse, de fausse couche et d’accouchement prématuré. De plus, le bébé d’une mère anorexique ou boulimique risque de souffrir de retard de croissance intra-utérin et de naître avec un faible poids. Cela peut l’exposer, plus tard, à divers problèmes de santé comme des retards de développement ou des problèmes de comportement.

« Pour des raisons génétiques et environnementales, l’enfant d’une mère anorexique ou boulimique risque plus de souffrir d’un trouble de l’alimentation, de dépression ou d’anxiété », dit le psychologue Howard Steiger, ancien chef du programme des troubles de l’alimentation de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas.

Puis-je prendre des antidépresseurs pendant ma grossesse et l’allaitement?

« Comme les symptômes de l’anxiété et de la dépression ainsi que leur gravité varient selon les personnes, chaque cas est unique », affirme la Dre Marie-Josée Poulin. Certaines femmes vont mieux grâce à la psychothérapie et à l’exercice, mais d’autres ont besoin d’antidépresseurs pour se sentir bien. Souvent, les risques d’une dépression non traitée sont plus élevés que les risques liés au traitement de la dépression pour la mère et l’enfant.

De façon générale, la prise d’antidépresseurs ne présente pas de risques pour le foetus. Votre médecin pourrait cependant changer vos médicaments pendant votre grossesse, car certains antidépresseurs entraînent plus de risques que d’autres pour le développement ou la naissance du bébé. Par ailleurs, le bébé absorbe de petites quantités d’antidépresseurs pendant l’allaitement. C’est habituellement sans danger, mais il se peut que votre médecin vous prescrive un antidépresseur qui s’élimine plus vite de l’organisme.

Je souffre de maladie bipolaire. Pourquoi dois-je consulter mon médecin avant de tomber enceinte?

Vous devriez consulter votre médecin parce qu’il est essentiel de revoir votre médication. En effet, certains des médicaments utilisés pour traiter la maladie bipolaire (aussi appelée trouble maniaco-dépressif) entraînent un risque de malformations pour le bébé. Un suivi en psychiatrie est aussi recommandé pendant toute votre grossesse et quelques semaines après l’accouchement. « La grossesse augmente le risque de rechute de la maladie bipolaire, souligne la psychiatre spécialisée en périnatalité, Marie-Josée Poulin. De plus, les femmes ayant un trouble bipolaire risquent beaucoup plus de faire une dépression post-partum, et même une psychose post-partum, un problème très grave. »

À retenir
  • La dépression et les troubles anxieux sont les troubles mentaux les plus courants.
  • Les problèmes de santé mentale des parents peuvent affecter les enfants s’ils ne sont pas soignés ou contrôlés.
  • Les tout-petits peuvent aussi souffrir de troubles mentaux. Si vous êtes dépassé par les émotions ou par les comportements de votre enfant, il est important de consulter.

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Où consulter?
Si votre santé mentale ou celle d’un proche vous inquiète, adressez-vous à votre médecin de famille, à une clinique, à votre CLSC ou à votre programme d’aide aux employés si vous en avez un. La situation sera évaluée et vous pourriez recevoir certains soins. Si nécessaire, vous serez ensuite dirigé vers un service spécialisé en santé mentale.
Vous pouvez aussi appeler la ligne Info-Social 811. Un intervenant psychosocial pourra répondre à vos préoccupations et vous orienter vers d’autres ressources au besoin. Des organismes et groupes de soutien pourraient aussi vous aider (voir ci-dessous).

Ressources

Livres

  • Comportements difficiles… Que faire?, Collectif, Éditions du CHU Sainte-Justine, 2019, 248 p.
  • Le nuage de Clara, C. Hayat, Éditions du Rouergue, 2006, 40 p.
  • Anna et la mer, texte : R. Heinisch, ill. : C. Bellerive, Association Anna et la mer, 2009, 43 p.
  • Dans le coeur des koalas, texte : L. Thibeault, ill. : F. William, Les Éditions de la Bagnole, 2024, 32 p.
  • Dans mes bottes de sept tonnes, texte : D. Chaperon, ill. : M. Faucher, Éditions de l’Isatis, 2019, 24 p.
  • L’anxiété de Thimotée, M. Latulippe et N. Parent, ill. : C. Petit, Guy-Saint-Jean éditeur, 2022, 28 p.
  • La dépression – la chose, texte et ill. : D. Berger-Cornuel, Dominique et compagnie, coll. Dre Nadia, psychologue, 2019, 40 p.
  • La maison des intempéries, L. Laporte et R. Fraser, Éditions Midi trente, 2013, 48 p.
  • Mais qu’est-ce qu’elle a maman?, V. Ferron, Champ social éditions, 2014, 32 p.
  • Un hérisson dans le bedon, J. Laberge-Vaugeois, Édito jeunesse, 2021, 32 p.

Références scientifiques

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  • Bye, A., M.G. Martini et N. Micali. « Eating disorders, pregnancy and the postnatal period: A review of the recent literature », Current Opinion in Psychiatry, vol. 34, no 6, 2021, p. 563568. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • Galmiche, M. et autres. « Prevalence of eating disorders over the 20002018 period: A systematic literature review », The American Journal of Clinical Nutrition, vol. 109, no 5, 2019, p. 14021413. sciencedirect.com
  • McGrath, J. et autres. « Age of onset and cumulative risk of mental disorders: A cross-national analysis of population surveys from 29 countries, The Lancet Psychiatry, vol. 10, no 9, 2023, p. 668681. sciencedirect.com
  • Mohamed, M.A. et autres. « Effects of bipolar disorder on maternal and fetal health during pregnancy: A systematic review », BMC Pregnancy Childbirth, vol. 23, no 1, 2023, p. 617. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • Rao, W.W. et autres. « Prevalence of prenatal and postpartum depression in fathers: A comprehensive meta-analysis of observational surveys », Journal of Affective Disorders, vol. 263, 2020, p. 491499. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • Roskam, I. et autres. « Parental Burnout Around the Globe: A 42-Country Study », Affective Science, vol. 2, no 1, 2021, p. 5879. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov
  • Ross, L.E. et autres. « Selected Pregnancy and Delivery Outcomes After Exposure to Antidepressant Medication: A Systematic Review and Meta-analysis », JAMA Psychiatry, vol. 70, no 4, 2013, p. 436443. jamanetwork.com.
  • Skovgaard, A.M. et S. Vinkel Koch. « The epidemiology of mental disorders in very early childhood: What can we learn from recent research?, Current Research in Psychiatry, vol. 1, no 2, 2021. probiologists.com
  • Solmi, M. et autres. « Age at onset of mental disorders worldwide: Large-scale meta-analysis of 192 epidemiological studies », Molecular Psychiatry, vol. 27, 2022, p. 281295. nature.com
  • Wiens, K. et autres. « A growing need for youth mental health services in Canada: Examining trends in youth mental health from 2011 to 2018 », Epidemiology and Psychiatric Sciences, vol. 29, 2020, e115. cambridge.org
  • Yin, X. et autres. « Prevalence and associated factors of antenatal depression: Systematic reviews and meta-analyses », Clinical Psychology Review, vol. 83, 2021. pubmed.ncbi.nlm.nih.gov

Photos : iStock.com/ RyanJLane, Yulkapopkova, PeopleImages et Johannes Norpoth

Naître et grandir

Source : Magazine Naître et grandir, mai-juin 2016
Recherche et rédaction : Natalie Vallerand
Révision scientifique : Dre Leila Ben Amor, psychiatre auprès des enfants et adolescents au CHU Sainte-Justine et professeure titulaire au Département de psychiatrie de l’Université de Montréal.

Mise à jour : Mars 2024