Bien que la plupart des enfants au Québec grandissent dans un milieu sécurisant, la violence familiale est malheureusement une réalité pour de nombreux tout-petits. La violence n’est pas sans conséquence. Il est donc important d’en parler pour la reconnaître et la prévenir.
Par Nathalie Vallerand
La violence familiale comprend toute forme de mauvais traitements que les enfants voient, entendent ou subissent au sein de leur famille. Ces mauvais traitements peuvent être infligés par un parent ou un autre membre de la famille, comme un grand-parent ou un oncle.
On parle entre autres d’agressions psychologiques (crier, hurler, sacrer ou humilier un enfant), de punitions corporelles (taper les mains, les jambes ou les fesses d’un enfant, secouer un enfant de 2 ans et plus) et de violences physiques sévères (taper un enfant avec un objet, lui donner des coups de pied ou une claque au visage, secouer un tout-petit de moins de 2 ans). L’abus sexuel d’un enfant par un proche est aussi un type de violence familiale.
La négligence est également une violence. Un enfant en est victime quand ses parents ne répondent pas comme il faut à ses besoins pour assurer son bien-être et son développement : nourriture, hygiène, sommeil, attention, encadrement, etc.
La violence familiale englobe également la violence conjugale et l’exposition des enfants à celle-ci. La violence conjugale inclut les agressions psychologiques, verbales, physiques et sexuelles ainsi que la violence financière (prendre l’argent de l’autre, créer des dettes en son nom, lui interdire d’occuper un emploi).
« Contrairement à ce qu’on peut penser, la violence conjugale ne résulte pas d’une perte de contrôle. C’est plutôt un moyen d’exercer du pouvoir sur l’autre », indique Claudine Thibaudeau, responsable de la formation et du soutien clinique à SOS violence conjugale.
La violence familiale en chiffres
Les plus récentes données montrent que les parents sont de moins en moins favorables à la punition corporelle. De 2004 à 2024, la proportion de mères qui considèrent que la fessée est une méthode efficace pour éduquer un enfant a diminué, passant de 11,8 % à 2,3 %. Chez les pères, cette proportion a également baissé de 16,3 % à 3,5 %.
Les conduites parentales violentes sont aussi en baisse depuis quelques années, mais elles sont toujours présentes. Une enquête de l’Institut de la statistique du Québec indique qu’en 2024, 24 % des enfants de 5 ans et moins ont subi des agressions psychologiques répétées (trois fois ou plus); 16 % ont été victimes au moins une fois de punition corporelle, et 2,1 % de violence sévère.
Les enfants victimes de punitions corporelles sont environ 10 fois plus susceptibles que les autres de subir de la violence physique sévère.
La négligence est plus rare. En 2024, on estime que 2 % des enfants de 5 ans et moins ont fait l’objet de négligence cognitive et affective, 4 % ont été négligés sur le plan de la supervision et moins de 1 % ont été victimes de négligence physique.
Concernant la violence entre partenaires intimes, aussi appelée violence conjugale, les plus récentes données québécoises indiquent que la prévalence annuelle est de 6 % chez les femmes et de 4 % chez les hommes, toute forme de violence confondue. Lorsqu’on tient compte de toutes les expériences vécues au cours d’une vie, c’est 40 % des femmes qui disent avoir subi de la violence de la part de partenaires comparativement à 26 % des hommes. Les femmes sont victimes d’une violence plus sévère et représentent la majorité des cas rapportés à la police.
En 2024, 20 % des enfants de 6 mois à 17 ans ont été exposés à de la violence entre partenaires intimes. L’exposition à la violence psychologique est plus grande (19 % des enfants) que l’exposition à la violence physique (2,5 %).
La violence conjugale apparaît ou s’intensifie souvent pendant la grossesse et dans les deux premières années de vie d’un enfant. Au Québec, plus d’une femme sur dix serait violentée par son partenaire durant cette période. « Chaque fois qu’un couple prend un engagement, comme aller vivre ensemble ou avoir un bébé, il devient plus difficile pour la victime de mettre fin à la relation », explique Claudine Thibaudeau.
Et la plupart du temps, la violence continue après la naissance et peut s’étendre à l’enfant. En effet, les enfants exposés à la violence conjugale sont plus souvent victimes d’agressions psychologiques et physiques que ceux qui n’y sont pas exposés.
« Les agresseurs sont habiles pour manipuler leur victime et lui faire croire qu’elle a une responsabilité dans la situation. Ils trouvent des excuses pour justifier leur comportement, observe Claudine Thibaudeau. Cependant, la violence n’est pas la faute de la victime et rien ne peut la justifier. » Peu importe sa forme, la violence familiale n’est jamais acceptable ni excusable.
Une nouvelle expression pour parler de violence conjugaleL’expression « violence entre partenaires intimes » est de plus en plus utilisée pour parler de « violence conjugale ». Cette appellation qui inclut la notion de « partenaires intimes » reflète davantage les différentes réalités des couples d’aujourd’hui. En effet, elle interpelle, par exemple, les jeunes, les membres de la communauté LGBTQ+ de même que les partenaires intimes qui n’habitent pas ensemble. Cette expression comprend aussi les personnes qui vivent des situations de violence après une séparation. |