Mieux partager la charge mentale et les tâches: oui, c'est possible!

Pas facile d’arriver à gérer le quotidien quand on a des enfants! Avez-vous l’impression de partager la charge mentale et les tâches de façon équitable dans votre couple? L’un de vous a-t-il tendance à en faire plus que l’autre? Voyez pourquoi il est important de trouver un équilibre dans le partage des responsabilités. Des parents témoignent et des spécialistes offrent leurs conseils.

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Le défi du partage des tâches et de la charge mentale

Pas facile d’arriver à gérer le quotidien quand on a des enfants ! Avez-vous l’impression de partager la charge mentale et les tâches de façon équitable dans votre couple ? L’un de vous a-t-il tendance à en faire plus que l’autre ? Voyez pourquoi il est important de trouver un équilibre dans le partage des responsabilités. Des parents témoignent et des spécialistes offrent leurs conseils.

Par Julie Leduc

« Être parent, ça vient avec beaucoup de responsabilités, de l’imprévisibilité et le défi de concilier le travail et la famille. C’est normal que le partage des tâches soit difficile », soutient Lory Zephyr, psychologue et cofondatrice de la plateforme Ça va maman.

Il faut dire que les responsabilités familiales à diviser sont nombreuses. Elles comprennent les tâches domestiques (ex. : vaisselle, ménage, lavage, gestion des déchets, épicerie, paiement des factures) et les soins nécessaires au bien-être des enfants (ex. : bain, habillage, jeux, médecin).

Tout ce qui touche à la gestion de la vie familiale, qu’on appelle la charge mentale, fait aussi partie des responsabilités à partager. Il s’agit, par exemple, de planifier les repas pour toute la semaine, d’organiser une fête ou de prévoir les rendez-vous médicaux.

Contrairement aux tâches comme la vaisselle ou le déneigement, qui ont un début et une fin, la charge mentale reste dans la tête. « Ce travail de gestion gruge beaucoup d’énergie », mentionne Lory Zephyr. Comme pour les tâches domestiques, ce sont les mères qui s’en occupent davantage. Les couples devraient donc prendre le temps d’en discuter.

Zoom sur la charge mentale

Pas facile d’arriver à gérer le quotidien avec des enfants! L’un de vous a-t-il tendance à en faire plus que l’autre? Voyez pourquoi il est important de trouver un équilibre dans le partage des tâches et de la charge mentale. Des parents témoignent et des spécialistes offrent leurs conseils.

Il y a longtemps qu’on s’intéresse au partage des tâches dans les couples. Le concept de la charge mentale est plus récent et a été popularisé il y a une quelques années. Cette charge est souvent plus difficile à partager que les tâches quotidiennes. Voici la réalité de deux familles.

Chloé et Dominique, parents de Willy, 20 mois, et de Nora, 3 ½ ans, ne sont pas trop de deux pour accomplir toutes leurs tâches. « On travaille à temps plein selon un horaire semblable, de 8 h à 16 h 30, alors on essaie de bien se partager les responsabilités », dit Chloé.

Le matin, les parents habillent chacun un enfant. Maman les amène à la garderie et papa va les chercher en fin de journée. « Au retour, Chloé s’occupe des enfants pendant que je prépare le souper, explique Dominique. Elle fait ensuite le lavage et la vaisselle pendant que je donne les bains. » La fin de semaine, les parents essaient de faire quelques tâches avec les enfants, comme ramasser les feuilles sur le terrain. Ils ont un grand calendrier sur leur frigo pour inscrire les rendez-vous, les fêtes et les activités. Cet outil les aide à partager la charge mentale puisqu’ils peuvent voir ce qui s’en vient et planifier ensemble qui fait quoi.

Comme la charge mentale est difficile à voir et à mesurer, elle n’est pas facile à diviser.

L’organisation familiale de Vanessa et Guillaume, parents de Mila, 3 ans, et de Livia, 7 ans, est plus compliquée. La maman a deux emplois qui l’occupent 45 heures par semaine et son conjoint travaille en alternance de jour et de nuit. La liste de leurs tâches comprend des suivis médicaux réguliers pour leur fille aînée, une grande prématurée aux besoins particuliers.

Il y a un an, le couple a réalisé qu’il devait revoir son partage des tâches et de la charge mentale. « En plus des rendez-vous de Livia, du ménage et du lavage, je m’occupais des réparations et de l’entretien du terrain parce que je suis manuelle, raconte Vanessa. Je gérais aussi nos comptes, je faisais beaucoup de transport pour les filles et je planifiais les gardiennes quand nos horaires atypiques le demandaient. C’était trop! » Son conjoint qui avait la responsabilité de planifier et de préparer les repas jugeait leur répartition égale. « Il ne voyait pas la charge mentale qui pesait sur mes épaules », dit la maman.

Le poids de la charge mentale

La charge mentale réfère à la gestion des activités essentielles à la vie d’une famille. C’est la prise en charge de tâches et de responsabilités qui n’ont pas forcément de lien entre elles, mais dont il faut s’occuper en même temps. Par exemple, penser à qui peut garder les enfants un soir, prévoir le souper pour ce soir-là, s’assurer qu’on a les ingrédients tout en n’oubliant pas de confirmer un rendez-vous chez le dentiste qui a lieu plus tard dans la semaine.

Ces activités qui se passent dans la tête sont invisibles. « C’est ce qui rend la charge mentale complexe », soutient Isabelle Courcy, professeure adjointe au Département de sociologie de l’Université de Montréal. Quand le lavage est fait, ça se voit. Mais planifier des rendez-vous médicaux, ça ne se voit pas. Il faut considérer la charge mentale comme un travail qui fait appel à plusieurs compétences, comme la gestion, la planification, l’organisation et la mémorisation », ajoute la sociologue qui a dirigé un rapport sur la charge mentale et ses effets sur la santé et le bien-être des femmes.

Ce travail peut devenir très lourd, surtout s’il n’est pas partagé. La charge mentale de Vanessa, par exemple, a mené son couple au bord de la séparation. « On a pris une pause de 4 mois avec une garde partagée, confie la maman. Cela a amené Guillaume à s’organiser certains jours pour s’occuper des filles, aller aux rendez-vous avec Livia et trouver une gardienne quand il travaillait en temps supplémentaire. Son premier matin avec les filles, il m’a écrit pour me dire : “Wow, je ne sais pas comment tu faisais pour arriver à l’heure! »

Les signes d’une surcharge mentale

Un mauvais partage de la charge mentale est associé à plus d’insatisfaction dans le couple et peut mener à des séparations. Une charge mentale trop importante génère aussi de la fatigue, des difficultés de sommeil et du stress. Cela peut également entraîner des symptômes d’anxiété et de dépression.

La psychologue Lory Zephyr constate qu’une charge mentale trop lourde peut parfois nuire au sentiment de compétence parentale. « Une maman qui porte une plus grande part de la charge mentale, peut être très épuisée, donne-t-elle en exemple. Cela peut l’amener à échapper certaines choses comme parent, à se sentir coupable d’avoir moins bien fait certaines choses et à se dévaloriser. »

Parmi les signes de surcharge à surveiller, la psychologue mentionne une sensation d’épuisement en continu, de l’irritabilité et une perte de plaisir pour des activités qu’on aimait. « Le bain des filles, qui était habituellement un moment de plaisir, était devenu une corvée, avoue Vanessa. C’est là que j’ai réalisé qu’il fallait revoir les choses. »

La charge émotionnelle
« Il y a une charge que je ne peux pas m’enlever et que je ne sais pas nommer. C’est lié au bien-être de mes enfants, confie Vanessa. Par exemple, si j’ai laissé ma grande à l’école et qu’elle pleurait, je vais avoir en tête une inquiétude toute la journée. » Cette charge a bel et bien un nom : il s’agit de la charge émotionnelle et elle fait partie de la charge mentale. « Elle survient, par exemple, lorsqu’un parent est confronté à la déception, à la tristesse ou à la colère de son enfant, explique Lory Zephyr. Des préoccupations peuvent alors accompagner le parent toute la journée parce qu’il se demande quoi faire pour aider son enfant. » Cette charge est difficile à partager. « Parler de ses préoccupations peut toutefois apporter un soulagement pour sentir qu’on n’est pas la seule personne à s’en faire », estime Isabelle Courcy.

Le partage des responsabilités familiales en chiffres

Pas facile d’arriver à gérer le quotidien quand on a des enfants! L’un de vous a-t-il tendance à en faire plus que l’autre? Voyez pourquoi il est important de trouver un équilibre dans le partage des tâches et de la charge mentale. Des parents témoignent et des spécialistes offrent leurs conseils.

De nos jours, les pères sont davantage engagés dans la vie familiale, mais les mères en font encore plus qu’eux.

Au Québec, en 2022, les femmes consacraient en moyenne 3,4 heures par jour aux tâches ménagères et aux soins des enfants comparativement à 2,4 heures pour les hommes. Presque rien n’a changé depuis 2015 : les femmes y consacraient en moyenne 3,5 heures par jour comparativement à 2,5 heures pour les hommes.

« On évalue que les mères prennent en charge plus de 60 % des tâches domestiques, incluant les soins aux enfants », indique la sociologue Isabelle Courcy. Même quand les deux parents travaillent à temps plein, les mères en font plus.

« Par exemple, des études réalisées durant la pandémie de COVID-19 ont montré que même lorsque les deux parents travaillaient à temps plein de la maison, la mère demeurait la principale responsable pour répondre aux enfants », ajoute-t-elle.

Un partage inégal et genré

L’Enquête québécoise sur la parentalité 2022, menée auprès de plus de 19 000 parents, montre aussi des inégalités dans le partage des responsabilités. Parmi les parents sondés :

  • 61 % disent partager de manière à peu près égale les tâches domestiques, mais ce partage reste genré. Les mères sont plus nombreuses que les pères à s’occuper toujours ou le plus souvent des repas, du lavage, du ménage et des courses. Les pères s’occupent davantage des travaux d’entretien de la maison et des réparations de la voiture.
  • 52 % des parents considèrent partager à parts égales ou presque les soins aux enfants. Toutefois, 69 % des mères disent rester toujours ou le plus souvent à la maison avec les enfants lorsqu’ils sont malades, comparativement à 10 % des pères.
Est-ce plus équitable dans les couples homoparentaux?
Les études indiquent que les couples homoparentaux se partagent les tâches de manière plus équitable que les parents hétérosexuels, mais il peut aussi y avoir des inégalités selon le contexte familial. Lorsqu’il y a deux mamans, la mère biologique s’impliquerait un peu plus dans les soins à l’enfant. Même chose pour la maman qui gagne moins et qui travaille à temps partiel. Chez les pères gais, celui qui a le salaire le moins élevé aurait aussi tendance à s’impliquer davantage.

Pourquoi ces inégalités?

« Il y a encore des stéréotypes dans la socialisation des femmes », note la psychologue Lory Zephyr. Dès l’enfance, les filles sont encouragées à prendre soin des autres, c’est ce que la société attend d’elles. « Les femmes prennent cette responsabilité parce qu’elles y trouvent une valorisation », poursuit-elle.

Certaines mères se mettent aussi une pression de performance qui ne favorise pas le partage, ajoute-t-elle. « Elles pensent que pour être une bonne maman, elles doivent tout organiser, indique la psychologue. Je vois dans mon bureau des mamans qui ont peur d’être jugées ou qui se jugent elles-mêmes si elles ne prennent pas en charge tout ce qui concerne la famille et la maison. »

De l’autre côté, il y a la norme encore présente du « bon travailleur », souvent représenté par un homme, qui est dévoué à son travail et qui est toujours disponible pour son emploi, souligne la sociologue Isabelle Courcy.

Amélie Châteauneuf, travailleuse sociale et autrice de l’essai Si nous sommes égaux, je suis la fée des dents : réflexions et outils pour mieux partager la charge mentale, montre aussi du doigt les inégalités sur le marché du travail. « Les femmes sont encore moins bien payées que les hommes et elles sont surreprésentés dans les emplois à temps partiel, dit-elle. Or, des études montrent que les femmes qui gagnent moins pensent qu’elles doivent compenser en faisant plus de tâches à la maison. »

Ces inégalités poussent d’ailleurs les parents à adopter des rôles genrés. « Si un parent doit être plus disponible pour s’occuper d’un enfant, c’est souvent celui qui gagne moins, donc la mère, qui va diminuer ses heures », soutient la sociologue Isabelle Courcy.

Ce partage inégal a aussi des conséquences sur le bien-être des mères, signale Amélie Châteauneuf. Lorsque les femmes s’occupent de la majorité des tâches et de la charge mentale, elles ont moins de temps pour prendre soin d’elles et de leur santé. « Il y a des femmes qui ne vont pas à leurs rendez-vous médicaux ou qui attendent à la dernière minute pour consulter parce qu’elles n’ont pas le temps, déplore la travailleuse sociale. Il y a aussi des femmes qui retournent au travail après un congé de maternité et qui se retrouvent en congé de maladie quelques mois plus tard. Elles sont épuisées parce qu’elles continuent d’en faire autant à la maison même si elles travaillent. »

Ce n’est pas que l’affaire des parents…

L’inégalité dans la division des tâches et des responsabilités n’est pas un problème qui concerne seulement les couples, estime Amélie Châteauneuf. « C’est aussi un enjeu politique », indique la travailleuse sociale. En effet, des mesures sociales sont également nécessaires pour aider les parents à mieux partager. « Le congé parental qui peut être partagé entre les deux parents est un bon exemple de mesure qui favorise un meilleur équilibre dans le partage des tâches entre le père et la mère », souligne la sociologue Isabelle Courcy. L’accès à des garderies abordables pour permettre aux deux parents de travailler, des mesures de conciliation famille-travail et des services aux familles qui interpellent autant les pères que les mères sont d’autres exemples de mesures qui favorisent un partage plus équitable.

Vers un meilleur partage

Pas facile d’arriver à gérer le quotidien quand on a des enfants! L’un de vous a-t-il tendance à en faire plus que l’autre? Voyez pourquoi il est important de trouver un équilibre dans le partage des tâches et de la charge mentale. Des parents témoignent et des spécialistes offrent leurs conseils.

Qu’est-ce qu’un partage équitable des tâches et de la charge mentale? « Ce n’est pas forcément un partage 50-50, soutient Lory Zephyr. C’est aux parents de trouver ce qui fonctionne le mieux pour eux. » Certains critères devraient toutefois guider ce partage. « Ce n’est pas le nombre de tâches qui compte, mais le temps qu’elles prennent », indique pour sa part la travailleuse sociale Amélie Châteauneuf.

Par exemple, les tâches traditionnellement féminines prennent plus de temps au quotidien et reviennent plus souvent. Cuisiner tous les soirs n’équivaut pas à sortir les poubelles une fois par semaine. Elle soutient que les parents doivent en tenir compte dans leur partage.

Les parents doivent aussi se sentir à l’aise avec la répartition. Ce n’est pas toujours au même parent de s’occuper des tâches plates et difficiles. « Le but d’un partage équitable, c’est qu’aucun parent ne reste avec des frustrations. Il faut que les deux s’impliquent », affirme Lory Zephyr.

« Il faut que le partage soit une priorité pour les deux parents. Il n’y a pas de recette magique, les parents doivent s’en parler pour trouver leurs solutions. » Lory Zephyr

Certaines situations favorisent un meilleur partage des responsabilités entre parents. C’est le cas quand un père prend le congé de paternité ou une partie du congé parental. « Un papa présent dès la naissance de son enfant développe ses compétences parentales et voit les tâches à faire », souligne Diane Dubeau, professeure associée au Département de psychoéducation et de psychologie de l’Université du Québec en Outaouais, qui a travaillé sur l’engagement des pères. Il aura alors tendance à participer davantage aux tâches ménagères et aux soins des enfants.

C’est le cas de Dominique, qui a pris 16 semaines de congé à la naissance de ses deux enfants. « Je voulais m’impliquer tôt pour que nos enfants sentent que je suis aussi présent que Chloé », dit-il.

Diane Dubeau mentionne d’ailleurs que le partage est plus facile quand les parents ont les mêmes valeurs en ce qui concerne l’engagement de chacun dans la famille. « On se voit comme deux parents qui travaillent et qui doivent être parents au même titre, témoigne Chloé. C’est à nous deux d’assumer nos rôles. »

Les bienfaits d’un meilleur partage

Toute la famille profite d’un partage équitable des responsabilités. Cela réduit le stress des parents et améliore leur relation de couple. Les bienfaits touchent aussi la relation parent-enfant. « Un parent moins occupé par ses tâches et par la charge mentale est plus disponible pour parler, jouer et rire avec son enfant », illustre la psychologue Lory Zephyr. De plus, en se divisant les tâches et les responsabilités de manière équitable, les parents offrent un bon modèle de partage non genré à leur enfant.

Partager les soins aux enfants permet également aux deux parents de développer leurs compétences. « Quand nos enfants ont besoin d’aide, ils ne demandent pas juste leur maman », confie fièrement Dominique, le papa de Willy et Nora.

Cela favorise également le bien-être individuel des parents, poursuit Lory Zephyr. « Une maman qui n’a pas besoin de s’occuper de tout tout le temps pour tout le monde a plus de temps libre pour aller marcher, voir des amis et réinvestir certaines sphères de sa vie », mentionne-t-elle.

Un partage équitable entre les parents peut même avoir des effets positifs sur le marché de l’emploi, ajoute Isabelle Courcy. « Cela donne des travailleurs moins préoccupés et plus efficaces au travail », estime la sociologue.

Des pistes de solution pour un partage équitable

Pour arriver à un partage équitable, les parents doivent d’abord comprendre qu’ils sont tous les deux responsables des enfants et des tâches de façon égale, soutient la sociologue Isabelle Courcy. « Il ne faut pas attendre que l’autre nous dise quoi faire ou nous délègue des responsabilités, dit-elle. Chacun doit prendre des initiatives. »

Des conseils pour vous guider

  • Discutez du partage des tâches et de la charge mentale à un moment où vous ne serez pas dérangés. Cela demande de l’énergie et peut s’étaler sur plusieurs jours. « Pour vous motiver, rappelez-vous que vous le faites pour le bien de votre famille », dit Amélie Châteauneuf, travailleuse sociale.
  • Établissez ensemble la liste de toutes les choses à faire. N’oubliez pas d’y inclure les responsabilités liées à la charge mentale. Pour y arriver, chaque parent peut écrire tout ce qu’il fait, pense, planifie et organise pour la famille. Des sites et des livres proposent des outils pour ne rien oublier. On peut en trouver dans l’essai d’Amélie Châteauneuf (voir Ressources).
  • Faites le tri des tâches pour décider quelles sont les plus importantes pour votre famille. Vous pouvez en délaisser certaines que vous ne jugez pas nécessaires (ex. : faire les lits tous les matins, passer l’aspirateur chaque semaine…). « Ça nous a aidé de lâcher prise un peu sur le ménage et de revoir nos standards, confie Vanessa. Notre maison n’est toujours bien rangée, on n’est pas parfaits, mais on est bien avec ça. C’est une façon d’alléger notre charge mentale. »
  • Distribuez-vous les tâches en tenant compte de la durée de chaque tâche et de la fréquence à laquelle elles doivent être faites. « Partez de vos forces et de vos préférences, suggère Lory Zephyr. Après, il faudra aussi vous diviser les tâches qui vous tentent moins. » Des outils comme un calendrier, un agenda familial ou une application de gestion de tâches (ex. : Trello, Todoist, Remember the milk) peuvent être utiles pour suivre ce qu’il y a à faire et qui doit faire quoi.
  • Considérez vos tâches comme des dossiers pour faire en sorte que le parent responsable en coordonne tous les aspects. Cela aide à partager la charge mentale. Par exemple, si un parent est responsable du dossier « soupers », il ne fait pas que cuisiner : il planifie aussi les repas, établit la liste d’épicerie et fait les courses.
  • Acceptez que le parent responsable d’une tâche la fasse à sa façon. Pour limiter les frustrations, entendez-vous pour que les choses soient faites dans les temps (ex. : finir la vaisselle avant d’aller se coucher, inscrire son enfant à une activité avant la date limite). Après, laissez l’autre agir à sa manière et à son rythme. Vous pouvez aussi en discuter ensemble pour éviter que les irritants s’accumulent.
  • Reconnaissez la contribution et les efforts de l’autre pour l’encourager. « On ne naît pas parent, on le devient, rappelle la chercheuse Diane Dubeau. On développe nos compétences au fur et à mesure. C’est important de se soutenir l’un et l’autre pour faire équipe. » Un simple « merci pour le bon repas » peut avoir un impact important, par exemple. « Cette année Guillaume a décidé d’appeler le comptable et de s’occuper de nos déclarations de revenus. J’adore quand il prend des initiatives et je lui dis », raconte Vanessa.
  • Donnez-vous du temps. Ce n’est pas facile de trouver l’équilibre. Vous devrez réajuster votre partage si des choses ne marchent pas bien. « Il faut faire preuve de patience et de flexibilité. Tout ne sera pas parfait, mais l’important, c’est d’aller ensemble dans la même direction », indique Lory Zephyr. Pensez aussi à revoir votre partage si votre situation change. Par exemple, à la fin du congé parental, le parent qui retourne travailler ne devrait pas en faire autant à la maison tout en travaillant.
  • Demandez de l’aide au besoin. Il est possible que la discussion amène des parents à réaliser qu’ils en ont tous les deux beaucoup sur les épaules, souligne Lory Zéphyr. Dans ce cas, revoir le partage des responsabilités ne sera peut-être pas suffisant. Il faudra sans doute aller chercher de l’aide par exemple auprès de son entourage pour quelques tâches comme aller chercher son enfant à la garderie 2 fois semaine.

À retenir
  • Le partage des responsabilités familiales comprend les tâches domestiques, les soins aux enfants et la charge mentale.
  • Les mères passent plus de temps que les pères à s’occuper des responsabilités familiales, même quand elles travaillent à temps plein.
  • Un parent ne devrait pas attendre que l’autre lui dise quoi faire. Chacun doit prendre des initiatives pour que le partage des responsabilités soit égal.
Naître et grandir

Source : magazine Naître et grandir, septembre-octobre 2025
Recherche et rédaction : Julie Leduc
Révision scientifique : Nathalie Parent, psychologue

Photos (dans l’ordre) : GettyImages/Katie_Martynova, GettyImages/Zanuck, GettyImages/Aurore Lefevre, Nicolas St-Germain, GettyImages/Wavebreakmedia, GettyImages/Portra. Maé Bonnet

RESSOURCES

  • Mieux partager les tâches et la charge mentale
    Balado GPS - Guide parental simplifié, Naître et grandir
    naitreetgrandir.com
  • Ça va maman ?
    cavamaman.com
  • Charge mentale : la comprendre pour mieux la gérer, Tougo
    montougo.ca
  • Être parent au Québec en 2022, Institut de la statistique du Québec, 2022, 337 p.
    statistique.quebec.ca
  • Si nous sommes égaux, je suis la fée des dents : réflexions et outils pour mieux partager la charge mentale, A. Châteauneuf, Poètes de brousse, 2019, 198 p.
  • « Là, ça déborde ! », M. Saint-Laurent, Les éditions JCL, 2024, 280 p.
  • Synthèse des connaissances sur la notion renouvelée de charge mentale : constats et invisibilités sur la santé et le bien-être des femmes, I. Courcy et autres, Université de Montréal, 2023, 59 p.
  • Travail invisible
    travailinvisible.ca