J’ai sorti mes enfants de leur zone de confort en glissant leurs vêtements dans une petite valise. Direction ailleurs. Bras dessus, bras dessous, nous sommes partis à l’aventure. Loin. Très loin. Avec presque rien. Juste l’essentiel, c’est à dire NOUS, serrés les uns contre les autres. Vers l’inconnu.
J’ai laissé derrière moi les « Rangez vos chambres! », « Dépêchez-vous, on va être en retard! » et autres petits cancers quotidiens, tandis que mes enfants ont laissé leur lit confortable, leurs jouets qui traînent, leurs émissions de télé préférées, leurs jeux vidéo adorés et leurs bibliothèques remplies d’histoires incroyables pour découvrir un autre monde, en sécurité, avec nous.
Ils ont vu défiler des kilomètres de paysage assis à l’arrière d’une auto ou dans le fond d’un petit bateau. Ils ont croisé des maisons sans portes et des fenêtres sans carreaux. Ils ont parfois dormi ensemble ou sur un matelas posé sur le sol faute de place. Ils ont respiré des odeurs inconnues, marché au coeur de la jungle, observé des animaux sauvages, tremblé de peur en voyant d’énormes insectes s’approcher d’eux. Ils ont goûté, aimé ou détesté des plats differents, joué avec des enfants dont ils ne comprenaient pas la langue. Ils en ont vu certains, le visage poussiéreux, assis sur le bord de la route qui regardaient les autos passer. Ils ont ri de mes folies, joué à la bataille avec leur père, se sont disputés entre eux pour mieux se réconcilier.
Et puis au fil des jours, le souvenir de notre vie d’ici est remonté lentement à la surface. Le soir avant de se coucher, ils m’ont raconté ce qui leur manquait et ce qu’ils avaient hâte de retrouver : « ma tartine de Nutella le matin », « ma veilleuse fleur quand ze dors », « ma guyguy », « mes amis », « téléphoner à mamie », « faire rouler mon auto rouge », « voir mes poupées ». Bref. Être dans leur maison, leur chambre à eux. Retrouver leurs repères. Tout simplement.
J’ignore ce qui va leur rester de ce voyage dans quelques années. Je sais par contre que nous leur avons offert un cadeau inestimable qu’aucun emballage ne saurait contenir. Grâce à lui, nous avons quitté nos sentiers battus pour mieux y revenir avec ce petit truc en plus dans le regard qui s’appelle... l’émerveillement.
12 janvier 2011