«T'es pas ma maman!»

«T'es pas ma maman!»

Ma fille a ouvert la porte de la maison et, quand elle m’a vue, elle s’est précipitée dans sa chambre en criant : « T’es pas ma maman! » Impossible de l’approcher ou de la serrer dans mes bras pour la rassurer. J’ai juste eu droit à un : « T’es pas ma maman!  T’es pas ma maman! T’es pas ma maman! »

- Est-ce que je l’ai chicanée? Pas du tout.

- Est-ce que je l’ai punie? Absolument pas.

- Est-ce que je me suis moquée d’elle? Encore moins.

- Est-ce que je l’ai tapée? Moi vivante, jamais.

J’ai juste changé de couleur de cheveux, figurez-vous.

Embrasser une maman châtain aux cheveux bouclés avec des lunettes et hériter d’une brunette aux cheveux raides sans lunettes à la fin de la journée correspond à un séisme émotionnel de magnitude 6 sur l’échelle du traumatisme enfantin. Vous ne saviez pas? Vous avez le droit de changer de robe, d’imiter un singe, de cuisiner des muffins en maillot de bain un dimanche matin, mais à la seconde où vous changerez de coupe de cheveux et surtout de couleur, vous perdrez votre identité. Vous ne serez plus que l’ombre de la maman que vous étiez. Soyez prévenue bande de mères indignes!

Évidemment, le séisme émotionnel a été de courte durée parce que ma fille n’est plus un bébé, mais cet épisode m’a rappelé une aventure que nous avions vécue, il y a quelques années pendant que nous étions en vacances en camping. J’avais décidé de doucher tous mes enfants en même temps avec moi pour gagner du temps. Direction la grande douche familiale. Ma fille, alors âgée de 8 mois, gazouillait gaiement pendant que l’eau coulait sur nos visages. En sortant de la douche, j’ai failli perdre l’équilibre en marchant sur ma brosse à cheveux. Réflexe oblige, j’ai serré mon bébé plus fort contre moi pour éviter qu’elle tombe. La petite s’est crispée. Visiblement inquiète, elle m’a dévisagée et s’est subitement mise à me repousser avec ses petits bras en pleurant comme si j’étais le diable incarné.

D’après ma fille aînée, c’était à peu à près ce à quoi je ressemblais avec mes cheveux aplatis sur les côtés de mon visage! Maman Fredie en camping. Un vrai film d’horreur! C’est le son de ma voix familière qui a fini par calmer ma petite. Il a quand même fallu que je me sèche les cheveux pour qu’elle me reconnaisse et retrouve enfin son sourire. On a bien ri avec sa grande sœur quand on a compris le malentendu!

 

15 septembre 2014

Naître et grandir

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