Soutien-gorge ou brocoli?

Soutien-gorge ou brocoli?

Ça m’a prise d’un coup, comme une envie de faire pipi. J’ai abandonné mon panier dans le stationnement et je suis remontée dans mon auto avec mes enfants. Au diable, l’épicerie!

J’ai faim d’autre chose : un truc, une patente, des souliers, un bijou, une crème de jouvence, n’importe quoi pourvu que ce soit pour moi. JUSTE POUR MOI! Aux grands maux, les grands remèdes, la maman dévouée que je suis vient de se transformer subitement en une grosse pulsion matérialiste guidée par un slogan pathétique : je consomme, donc je me sens mieux!

-  « On va pas sercher mes gâteaux  maman? » s’inquiète mon petit frigo à 2 pattes.

-  « Pas tout de suite mon chéri, j’ai une course à faire avant. »

Quinze minutes plus tard, je jette mon dévolu sur une élégante boutique de lingerie fine. Ici, pas de t-shirt de Spider-Man, de barrettes à fleurs ou de sous-vêtements pour hommes qui risquent de finir dans mon sac. Tout est pour moi, rien que pour moi. Enfin presque, puisque je suis loin de ressembler aux femmes dont les formes voluptueuses s’étalent sur les murs. Peu m’importe. L’adorable vendeuse me trouve illico presto 3 ensembles qui, selon elle, feront de moi une véritable déesse de l’amour. Me voilà donc projetée dans la cabine avec mes lingeries sexy... et mes 2 petits!

-  « Asseyez-vous là. Faites des grimaces dans le miroir si ça vous amuse. J’en ai pas pour longtemps. J’essaie les vêtements que la dame m’a prêtés et après on court acheter des bonbons, mais seulement SI VOUS ÊTES SAGES! »

Je plonge dans un soutien-gorge en dentelle. Le résultat n’est pas si mal et me remonte aussitôt le moral.

-  « T’es belle maman! », commente mon inconditionnel admirateur. « La ficelle, c’est pour dans tes cheveux? »

-  « Rends-moi ce string et occupe-toi de ta soeur! J’en ai pour 2 minutes. Enlève-lui mon soutien-gorge des oreilles! Non, ce n’est pas un casque de super héros! »

Au moment où j’opère un changement de tenue, mon cellulaire sonne. C’est mon homme.

-  « Ça va? T’es passée à la caisse? »

-  « Ehhh non », dis-je d’une voix hésitante… la poitrine à l’air au milieu de la cabine d’essayage.

-  « Peux-tu m’acheter du déodorant… et surtout n’oublie pas le café. »

-  « Oui, oui. Promis. »

-  « Maman! LES SEINS, LÀ, JE VOIS LES SEINS, LES SEINS! » crie soudain mon fils!

-  « Qu’est ce qu’il raconte? Il parle de tes seins? »

-  « Oui. C’est bizarre. Ça doit être son Oedipe qui commence. Je te laisse sinon je ne finirai jamais ces satanées courses! Byyyyyyyye. »

Je relève mon fils couché à plat ventre sur le sol, en train d’admirer la poitrine de la dame qui crie dans la cabine d’à côté, je rhabille ma fille qui vient d’enlever TOUS ses vêtements pour essayer de trouver ses seins et  je remballe les miens dans mon vieux soutien-gorge. Retour à la case départ : ne passez pas par la case nombril, ne dépensez pas 200 $ en lingerie, allez directement à l’épicerie!

 

3 mars 2010

Naître et grandir

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