Leeloo a maintenant 2 ans si on en parle en langage masculin ou 26 mois, en langage féminin. Depuis quelques semaines, les nuits sont difficiles. Elle n’a pas de difficulté à s’endormir, mais elle se réveille souvent durant la nuit en criant : « Mamaaaan! ». Si elle n’a pas de réponse, elle se lève et elle marche jusqu’à la barrière qui sépare sa chambre du couloir pour crier directement vers notre chambre.
Les premières semaines, j’ai bien proposé des pistes d’interventions, mais ce fut alors une fin de non-recevoir de la part de ma conjointe.
Après 2 semaines de réveils nocturnes, elle a finalement accepté qu’on applique les stratégies conseillées par des psychologues spécialisés en petite enfance (Christophersen & Mortsweet, 2003). Cette méthode est directement alignée sur ma pratique clinique de tous les jours et j’en maîtrise bien les concepts. D’ailleurs, ceux qui ont lu mon billet sur la « loi antibacon » vont reconnaître certains principes de base, particulièrement de ne pas renforcer avec de l’attention les comportements que l’on veut voir disparaître. Voici donc les 3 stratégies que j’ai appliquées dernièrement avec Leeloo pour qu’elle apprenne à se rendormir seule la nuit.
Établir une routine avant le sommeil
Avant tout, on doit s’assurer que l’enfant ait une routine adéquate avant d’aller au lit. Une routine du sommeil, ça dure au moins 30 minutes et ça peut prendre jusqu’à 1 heure. Ensuite, cette routine doit être stable. Celle de Leeloo est la suivante : après son souper, elle prend son bain, on lui met son pyjama, on lui brosse les cheveux, on lui brosse les dents et ensuite, elle va au lit pour une histoire et une chanson. Nous quittons ensuite la chambre avant qu’elle s’endorme.
En passant, la routine qui précède le sommeil est importante pour les adultes aussi, car elle envoie un signal à notre corps de commencer la production de mélatonine, une hormone nécessaire au sommeil. L’établissement d’une routine de sommeil saine est même une des premières étapes de l’intervention clinique chez les patients adultes qui souffrent d’insomnie! D’où l’importance de commencer tôt dans la vie…
Prendre l’habitude de laisser son enfant s’endormir seul
Vous noterez que dans la routine Leeloo, on ne reste pas jusqu’à ce qu’elle s’endorme. Cette stratégie a pour but de lui apprendre à s’endormir. Si je restais avec ma fille tous les soirs jusqu’à ce qu’elle s’endorme, elle n’apprendrait pas à s’endormir seule et ne développerait pas ce sentiment si important d’auto-efficacité face au sommeil. Si je reste à côté de mon enfant jusqu’à ce qu’il s’endorme, il ne faut pas que je m’attende à ce qu’il se rendorme seul la nuit.
Ignorer ses demandes la nuit
Lorsque notre enfant se réveille soir après soir en pleine nuit (et qu’il est capable de s’endormir seul le soir et qu’on sait qu’il est en sécurité ou qu’il n’a pas de problème de santé), on ignore ses demandes.
On doit laisser le temps à l’enfant de se ressaisir et de se rendormir seul, sans aucune intervention externe, et en évitant le plus possible le contact visuel. Lorsque Leeloo se lève et sort de sa chambre durant la nuit, je la prends dans mes bras, face vers son lit, de façon à ce qu’elle ne voit pas mon visage, et je la ramène en silence dans son lit.
Lorsque l’enfant se réveille la nuit, il est souvent dans un demi-sommeil et une interaction pourrait le réveiller. C’est pourquoi il est conseillé de ne pas lui parler ou de ne pas l’embrasser. S’il vous semble difficile d’appliquer cette stratégie, rappelez-vous pourquoi vous le faites. L’objectif de l’exercice, c’est d’aider votre enfant à développer l’habileté de se rendormir seul la nuit. C’est aussi pour cela qu’on doit limiter nos interventions au minimum (ne vous inquiétez pas, je ne suis pas cruel de nature).
Cette stratégie peut être longue et pénible, on peut avoir à la répéter souvent. J’ai déjà travaillé avec des parents qui ont dû remettre au lit leur enfant une trentaine de fois la première nuit! Heureusement, ce n’est pas la norme. La plupart des enfants vont appliquer assez vite ce qu’ils ont appris en début de nuit (s’endormir seul) lorsqu’ils se réveillent en pleine nuit.
Finalement, notons que cette dernière stratégie ne s’applique pas lorsqu’un enfant fait un cauchemar ou s’il a une terreur nocturne. Si votre enfant se réveille rarement la nuit, il est également important de le rassurer. C’est d’ailleurs ce que je fais avec les deux frères de Leeloo. Cette troisième stratégie s’applique à l’enfant qui a de la difficulté à se rendormir la nuit.
Après une semaine, tout va bien, Leeloo fait de nouveau ses nuits depuis quelques jours. J’ai pensé à vous quand j’ai ramené au lit Leeloo, face vers son lit, sans lui adresser la parole. Elle ne s’est rendue compte de rien. En fait, cette stratégie a l’air bien pire qu’elle l’est en réalité.
11 février 2014