Monoparentale

Monoparentale

Elle avait 4 ans quand le trio que nous formions avec son père s’est transformé en simple duo. Briser son équilibre fut l’une des décisions les plus difficiles à prendre de ma vie, car je savais que, pour elle, rien ne remplacerait le bonheur de vivre tous les jours avec ses vrais parents : aucune nouvelle chambre aussi jolie soit-elle, aucun éclat de rire, ni câlin, ni mot ou cadeau. Elle allait devoir apprendre à vivre avec lui ou avec moi, mais plus jamais avec nous.

Ainsi va la vie qui joue avec nos sentiments et fait de nos enfants des équilibristes.

Puisqu’elle était trop petite pour comprendre, je ne me suis pas perdue dans les détails pour lui expliquer les raisons de notre rupture, mais j’ai mis un point d’honneur à lui préciser 2 choses :

  • Elle n’avait aucun rapport avec notre séparation. 
  • Son papa et moi l’aimerions toute notre vie.

Même si son petit monde s’écroulait, je voulais être certaine qu’elle emportait avec elle ce qui lui donnerait toujours des ailes : notre amour. Malgré cela, quelques semaines plus tard, son petit corps a exprimé ce que ses mots ne parvenaient pas à dire, au point de finir aux urgences. Rien de grave finalement, mais assez pour comprendre avec son pédiatre que malgré son étonnante capacité d’adaptation, elle avait besoin de plus d’attention que je le pensais.

Comme nous avions à coeur son bien-être, son père et moi avons fait de notre mieux pour mettre nos rancoeurs stériles de côté et nous concentrer sur elle. Nous ne serions plus jamais un couple, mais quoi que nous fassions, nous serions ses parents à jamais. Impossible d’effacer cette réalité. Il a donc fallu accepter et réinventer ce « nous » après avoir tout fait pour s’en séparer. Pas facile, je vous l’avoue, mais pour elle, nous avons réussi l’exploit d’éviter de parler l’un contre l’autre devant elle, de la mettre à parti et de toujours faire front commun lorsqu’un événement bouleversait sa vie.

Le chemin a parfois été difficile. On a refait nos vies. J’ai eu d’autres enfants. Ma fille est passée par de nombreuses crises, me criant parfois : « Je ne t’aime plus! Je ne t’aimerai plus jamais! », ce à quoi je répondais invariablement sur le même ton : « Eh bien, moi, je t’aimerai toujours! Toute ma vie. » J’ai résisté. Nous avons résisté. Il y a eu quelques dérapages et quelques ajustements à faire, mais l’effort en valait la chandelle. Du haut de ses 16 ans, ma petite fille est aujourd’hui devenue une belle grande ado équilibrée et épanouie qui croque la vie à pleines dents et qui sait que, quoi qu’il arrive, nous serons toujours là pour elle.

Unis, même séparés.

 

27 juillet 2012

Naître et grandir

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