Mes médecins de famille

Mes médecins de famille

Je suis couchée sur le sofa, les yeux au plafond avec une grosse envie de rien. Je me sens molle, moche et inutile. Une fois par mois, c’est comme ça avec, en prime, un gros « tout m’énerve » qui clignote sur mon front.

- « Ké tu fé maman? » me demande ma petite dernière.
- « Je me repose. J’ai mal à la tête et au ventre. »
- « Tu veux zouer avec moi? »
- « Non ma cocotte. J’ai pas envie. Je te dis que je suis malade. »
- « Ah bon. »

Elle disparaît, puis revient 10 minutes plus tard, accompagnée de son frère qui porte une blouse blanche et un stéthoscope en plastique autour du cou. Il tient une fausse seringue dans la main et m’explique d’un ton solennel :

- « Bonjour madame! Je vais faire une piqûre pour vous guérir. »
- « Pitié, laissez-moi tranquille! Allez jouer dans votre chambre. Soignez donc vos poupées, tiens! »
- « Non! Sont MORTES! », lance mon fils, le plus sérieusement du monde.
- « Z’ont manzé trop d’bonbons. Z’ont étouffé. Z’ont pas écouté le docteur », m’explique ma petite.
- « Quelle horreur! Ok. Va pour une piqûre, mais vite parce que je déteste ça. »

Mon fils me colle le toutou de sa soeur dans les bras.
- « Tu le sers fort, fort, fort. Ça va t’aider à pas avoir mal. »
- Ma fille renchérit « Ça va zuste piquer beaucoup, pis tu vas pleurer, mais si tu pleures pas, tu peux soizir 2 bonbons, mais c’est mieux un légume. »

Elle me tend un panier rempli de légumes en plastique.

- « Je vais prendre une aubergine. Merci. Je préfère éviter les bonbons, je ne veux pas finir comme vos poupées! »
- « Chut! Faut piquer! » lance mon fils.

Pendant que le docteur m’enfonce sa seringue dans le bras, l’infirmière me serre dans ses petits bras et me fait des bisous partout sur les joues. Elle en profite pour me coller un pansement sur le nez même si je n’ai pas mal. C’est de la médecine préventive. D’un coup, je ne sais pas pourquoi, mais je me sens moins seule sur mon sofa. Moins énervée, moins moche, moins inutile et surtout... moins malade.

Une chance que les médecins de famille existent. Ils sont remplis d’amour ces gens-là!

Et c’est bien connu : l’amour guérit tout.

 

31 mars 2010

Naître et grandir

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