Merci Donald!

Merci Donald!

D’un côté, j’avais cet éducateur costaud en short et gougounes qui parlait et riait très fort dans la cour de la garderie; et de l’autre, cette éducatrice calme et posée, véritable douceur incarnée que toutes les mamans me recommandaient parce qu’elle avait été « fooooormidable » avec leur fille!

Il fallait que je choisisse le groupe de l’un d’eux pour la rentrée suivante de mon bonhomme. Dur dilemme. Quelque part sous mes jupes se cachait mon petit timide, plus à l’aise avec les baisers des fillettes que les accolades brusques et maladroites des petits garçons. Côté adulte, même scénario. Sa préférence allait aux éducatrices dans les bras desquelles il aimait se blottir. Alors évidemment, quand je lui ai montré le grand costaud qui s’agitait bruyamment dans le fond de la cour, il m’a murmuré à l’oreille : « Ze l’aime pas le monsieur, maman. Il a une grosse voix. » Le message était clair.

Pourtant, j’hésitais. À cause des mots de son éducatrice actuelle qui me trottaient dans la tête : « Choisis Donald. Il va l’aider à s’extérioriser, à prendre sa place parmi les garçons. » Quelque chose me disait qu’elle avait raison. Par moment, je sentais chez mon fils cette énergie typiquement masculine capable de soulever les montagnes, de transformer les bâtons en armes, d’écrabouiller les fourmis, d’effrayer 200 millions d’ennemis invisibles, de pousser des cris de Ninja à en rendre sourds les gens du quartier. Une énergie incompréhensible que j’avais tendance à étouffer parce qu’elle m’échappait, mais qui, j’en avais l’infime conviction, devait pouvoir s’extérioriser. Il fallait que je mette un homme là-dessus. Et puis, je savais que, durant son parcours scolaire, mon petit d’homme croiserait plus souvent des enseignantes que des enseignants. Je trouvais bien de lui offrir un modèle masculin. J’ai donc ignoré les craintes de la mère poule en moi (va-t-il le consoler s’il pleure? Va-t-il l’écouter? Et si c’était un pédophile!, etc.) et j’ai dit oui pour Donald.

Je pense que c’est l’un des plus beaux « oui » de ma vie.

Avec Donald, mon fils s’est épanoui. Il a appris à se bagarrer sans se faire mal, à fabriquer des épées de chevalier, à organiser des attaques de dinosaures. Il a bercé des poupées, chanté à tue-tête, fait des bricolages, mémorisé les jours de la semaine, dessiné ses amis, ri aux éclats, écouté des histoires de football, différencié les marques des autos, etc.  Quand la tension montait dans le groupe ou que le soleil ou la grosse bordée de neige faisait tourner la tête des petits vers la fenêtre, Donald arrêtait tout. Il mettait au diable la vie des planètes ou la façon de tenir un crayon et il emportait sa gang dehors. Au grand air, pour libérer leur trop-plein d’énergie et leur donner envie de croquer dans la vie à coups de liberté encadrée. Épanouis, les enfants aimaient se jeter dans les bras de ce costaud au grand coeur comme dans ceux d’un gros nounours.

Demain, mon petit garçon prendra le chemin de la maternelle. Grâce à Donald, il a gagné en assurance et en autonomie. Maintenant, quand je sens monter en lui ce fameux trop-plein d’énergie, au lieu de lui dire de se calmer le pompon, je le fais courir dans le jardin sans arrêt! Il devient champion du monde de course de testostérone et mes hormones ont la paix. Tout le monde est heureux!

 

26 août 2009

Naître et grandir

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