La précieuse éducatrice de mon fils

La précieuse éducatrice de mon fils
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Que ferait notre société sans toutes ces personnes qui choisissent de s’occuper de nos enfants avant qu’ils ne rejoignent les bancs d’école? Réflexion de Josée Bournival.

Léonard cache sa bouche avec une main et il se met à rire. Il s’est trompé de nom en s’adressant à moi. Ça lui arrive de temps en temps. Il m’appelle Ghania. Et croyez-moi, ce lapsus est loin de m’insulter. Ghania, c’est le prénom de l’éducatrice avec laquelle il passe toutes les heures que j’utilise pour gagner ma vie.

Mon fils fréquente un service de garde en milieu familial. Ghania s’occupe de lui depuis trois ans. Cette femme, je pense qu’il la considère secrètement comme une deuxième maman. Parce qu’elle l’aime comme son propre fils. Parce qu’elle l’entoure de soins. Parce qu’à sa façon, elle lui enseigne la vie. C’est une précieuse alliée.

Son dévouement à l’égard de Léonard me touche d’autant plus qu’on n’a pas de lien de sang. C’est une parfaite étrangère qui a ouvert son cœur et les portes de sa maison à mon garçon. Une femme qui cuisine le soir, après les heures de travail, pour lui et ses amis de la garderie. Une femme qui, dans le contexte actuel, prend le risque de voir entrer sous son toit le virus de la COVID-19 pour rendre service aux parents qui doivent continuer de travailler.

Je ne lui dis pas assez souvent à quel point elle est précieuse pour ma famille et moi. À quel point j’admire le travail qu’elle fait. Je connais peu d’adultes qui ont la patience de s’occuper de six enfants à longueur de semaine. Que ferait notre société sans toutes ces personnes qui choisissent de s’occuper de nos enfants avant qu’ils ne rejoignent les bancs d’école?

Vous connaissez sûrement le proverbe africain qui dit qu’on a besoin de tout un village pour élever un enfant. Comme mes parents et beaux-parents, Ghania fait partie du village de mes enfants. Son couscous est meilleur que le mien, fiston me le rappelle souvent. Elle possède des réserves de patiente plus grandes que les miennes. Elle va au parc plus souvent que maman, ce que fiston adore!

Les enfants gagnent, je crois, à côtoyer différents modèles d’adulte. À voir qu’une femme peut être différentes choses. À constater qu’il n’y a pas qu’un seul modèle masculin qui vaille. En ce sens, l’éducatrice de mon garçon rehausse grandement son univers féminin.

Ghania, je profite de ma tribune aujourd’hui pour te dire merci. Merci d’avoir immigré dans mon pays. Merci d’enrichir la société dans laquelle mes enfants grandissent. Merci d’être cette personne significative dans la vie de Léonard. Je t’aime. (Et Léonard aussi!)

 

10 novembre 2020

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/FatCamera

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