La légende du terrible two

La légende du terrible two

Il était une fois, dans une contrée profonde, mais non moins joyeuse du Lac-Saint-Jean, un couple, tout ce qu’il y a de plus ordinaire, qui attendait impatiemment la venue de son deuxième enfant. La maman, une ravissante brune aux yeux éclatants et au corps taillé dans un lingot d’or (j’exagère à peine!), aimait beaucoup la vie paisible qu’elle menait avec ses deux hommes.

Un beau jour, au lever du soleil, alors que son conjoint dormait encore paisiblement à ses côtés, elle sentit un coup de vent passer au pied de leur lit. Juste assez pour la faire sursauter. « Il n’y a pas de quoi en faire un cas », se dit-elle. Elle se replongea sous les couvertures, puis referma les yeux.

Puis, un deuxième souffle, plus chaud et un peu plus soutenu.

Et, quelques secondes plus tard, une véritable rafale, brûlante, catapulta les deux tourtereaux en bas de leur matelas. Affolés, ils sortirent immédiatement de la pièce pour se diriger vers la chambre de leur fils de 20 mois. La course entreprise jusqu’à l’autre extrémité du couloir sembla durer une éternité. Haletants, ils s’arrêtèrent brusquement et se regardèrent l’instant d’une seconde, songeurs.

Quelque chose d’étrange se passait,  c’était certain. La porte de chambre de l’enfant était fermée, mais sous le seuil, à travers la petite fente, les parents sentaient qu’ils venaient de trouver la source de cette drôle de chaleur. Lentement, ils poussèrent la porte de chambre du jeune homme. À leur grand étonnement, l’enfant sommeillait toujours, allongé de tout son long. Par contre, autour de son lit, dans un rayon d’environ un demi-mètre, le plancher brun avait pris des teintes de rouge-orangé et surchauffait mystérieusement.

Ils se penchèrent pour observer le visage de leur fils et constatèrent immédiatement que son sourire angélique habituel avait un petit quelque chose de différent. Puis, en caressant sa tête comme ils le font maintes fois par jour, ils restèrent estomaqués en voyant poindre deux bosses. Un ou deux centimètres. Deux ou trois. Trois ou quatre.

Elles poussaient à la vitesse de l’éclair!

« Ouille! C’est chaud! Ça pique! », cria la maman.
« Mais, que se passe-t-il avec notre enfant? », s’exclama le papa.

Tout à coup, l’enfant ouvrit les yeux, puis sourit à ses parents.

« Amourrrr », leur dit-il, d’un air attendrissant, en prenant sa toute nouvelle corne droite de la main droite, et sa toute nouvelle corne gauche de la main gauche, d’un air résigné, un minuscule sourire en coin.

Voyant que leur enfant acceptait tout bonnement sa nouveauté corporelle, les parents n’eurent d’autre choix que d’en faire de même et de le prendre dans leurs bras, tour à tour, sans se poser davantage de questions. La force de leur amour était tellement grande que la chaleur environnante prit ses jambes à son coup et quitta la pièce sur-le-champ. La taille des cornes diminua légèrement, mais celles-ci ne disparurent pas complètement.

Au fur et à mesure que le sol retrouvait sa couleur normale, quelques lettres clignotantes firent leur apparition devant la grande fenêtre qui donne sur le jardin.

Terrible two, pouvait-on y lire.
« Ah! Ah! Ah! », pouffa de rire le père, avant de voir l’expression s’envoler en poussière.

Ce matin-là, la vie de notre famille allait devenir quelque peu, disons… différente. Les parents ne savaient pas encore exactement tout ce que l’expression terrible two  impliquait, mais ils allaient assurément le découvrir au fil des mois.

Ce dont ils avaient la certitude, c’est qu’ils aimaient leur fils, avec ou sans cornes!

 

2 août 2012

Naître et grandir

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