La grève de la faim

La grève de la faim
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Aucun mets ne fait l’unanimité. Ce qui était tellement-bon-que-j’en-mangerais-tous-les-soirs devient parfois je-suis-sûre-que-je-vais-vomir-si-j’y-goûte. C’est déroutant!

Mon amoureux a atteint un point de non-retour. Je l’ai tout de suite senti quand Clémentine a prononcé le désormais célèbre « j’aime pas ça ». Tout l’amour qu’il a mis dans la préparation du souper vient d’être oublié. Il est frustré.

Je le comprends. Il a cuisiné un gratin gourmand et des filets de poisson dorés. Ça sent merveilleusement bon. J’en salive juste à regarder mon assiette. Mais Léonard-monsieur-terrible-2 refuse de s’asseoir pour manger, Clémentine a déjà repoussé son assiette sans même goûter au repas et les deux autres triturent les aliments du bout de leur fourchette. Elles font la moue, contaminées par la réaction de leur grande sœur.

- C’est délicieux, mon amour.

Mon commentaire est accueilli avec un sourire peu convaincant.

Soir après soir, c’est le même combat : faire manger les enfants. À part les pâtes, la pizza et les hot-dogs, aucun mets ne fait l’unanimité. Ce qui était tellement-bon-que-j’en-mangerais-tous-les-soirs devient parfois je-suis-sûre-que-je-vais-vomir-si-j’y-goûte. C’est déroutant! Il y a des semaines où j’ai l’impression que mes enfants font la grève de la faim. Littéralement! Je me demande souvent comment ils font pour fonctionner et avoir de l’énergie avec aussi peu de carburant dans le corps. Parce qu’il arrive aussi que les boîtes à lunch reviennent de l’école à moitié pleines.

Vous avez sûrement déjà entendu que les parents doivent fournir une alimentation variée et de qualité. Que leur travail s’arrête là. Qu’ensuite, c’est à chaque enfant de choisir les aliments qu’il veut manger et en quelle quantité. On s’efforce donc de proposer des repas équilibrés et nutritifs et, un soir sur deux, les enfants mangent uniquement des crudités. Heureusement qu’il y a toujours un grand plateau de bâtonnets de légumes au centre de la table familiale!

Avec les années, on a simplifié le menu, parce que les goûts complexes ne plaisent pas à nos petits. On a diminué les portions, pour ne pas les décourager. J’ai même proposé des repas en pièces détachées, parce que si les aliments se touchent dans l’assiette et que mes filles n’en aiment pas un, c’est assez pour que tout le repas soit compromis! Mais pas question de faire un deuxième repas. Pas question non plus d’offrir de plus grosses collations. Pas plus que je n’accepte que les enfants mangent 12 fruits comme dessert.

N’empêche, je suis toujours partagée entre la culpabilité et la confiance. Culpabilité qu’ils se couchent le ventre vide et dorment mal parce qu’ils ont faim. Et l’assurance que je mets à leur disposition tout ce dont ils ont besoin pour grandir en santé, même si ça ne leur plaît pas.

 

2 mai 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/marcduf

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