Introduction des aliments complémentaires: avant 6 mois?

Introduction des aliments complémentaires: avant 6 mois?
Par Stéphanie Côté, Nutritionniste
La recommandation officielle est de privilégier l’allaitement exclusif jusqu’à ce que bébé ait 6 mois. Sauf que…

Ma fille a reçu sa première cuillère de nourriture le jour de ses 6 mois. J’étais à cheval sur les principes, vous dites? Pas à peu près! Mon fils, lui, a commencé les céréales vers 5 ½ mois. Il avait faim, bon! C’était il y a plus de 15 ans. Que ferais-je si j’avais un bébé aujourd’hui?

La recommandation officielle est de privilégier l’allaitement exclusif (ou la préparation commerciale pour nourrissons) jusqu’à ce que bébé ait 6 mois. Sauf que…

Sauf que ça n’a pas toujours été le cas, et que les recommandations sont encore sujettes à changements. La science fait évoluer les connaissances.

Dans les années 1970-80, les experts recommandaient d’attendre au moins jusqu’à l’âge de 4 mois avant d’offrir des aliments solides aux bébés, afin qu’ils puissent avaler et digérer les aliments correctement. C’était cependant commun de voir des mamans débuter avant.

Pourquoi 6 mois?

Au début des années 2000, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé l’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois. Comme le faisait déjà l’Unicef, d’ailleurs.

Cette recommandation avait pour but, en priorité, de favoriser la survie des bébés dans des pays en développement. En effet, à certains endroits, les bébés risquaient leur santé et parfois leur vie avec des aliments qui ne leur convenaient pas. Le lait maternel était non seulement plus adapté et sécuritaire pour les nourrissons, il les protégeait aussi mieux contre les infections. Même si les bébés ne couraient pas les mêmes risques en Amérique du Nord, les experts canadiens et américains ont quand même emboité le pas à l’OMS avec ces recommandations.

Ainsi, la recommandation officielle au Canada est de débuter l’introduction des aliments complémentaires vers l’âge 6 mois, et si c’est plus tôt, que ce ne soit pas avant 4 mois.

Chaque bébé est unique

L’allaitement exclusif jusqu’à 6 mois convient à plusieurs bébés et moins à d’autres. Il n’y a pas un âge unique et universel pour débuter les aliments complémentaires.

Que bébé soit allaité ou nourri au biberon, il est possible qu’à partir de 4 mois, il montre tous les signes qu’il est prêt à commencer à manger. Le « à partir de 4 mois » est important, puisque l’introduction trop précoce des aliments complémentaires peut nuire à sa santé. Le « tous les signes » est important également, car cela confirme que bébé est physiquement prêt à manger et qu’il est capable de communiquer pour qu’on le nourrisse adéquatement.

C’est d’autant plus important si vous souhaitez nourrir votre enfant selon les principes de l’alimentation autonome.

Les signes que bébé est prêt à manger

Voici les signes à surveiller :

  • Le lait maternel ou la préparation pour nourrissons ne sont plus suffisants pour rassasier bébé, même lorsqu’il en boit une plus grande quantité, et cela, depuis plusieurs jours consécutifs.
  • Il se tient assis sans aide et est capable de se pencher vers l’avant.
  • Il est capable de porter des aliments (ou des objets) à sa bouche et essaie de mâcher.
  • Il soutient et contrôle sa tête pour la tourner et faire « non » de la tête.
  • Il est capable de repousser une cuillère avec sa main pour signifier qu’il n’a plus faim.
  • Il démontre de l’intérêt envers les aliments.

Attendre après 6 mois n’est pas une bonne idée. Cela augmente les risques que bébé développe une paresse quant aux textures.

Le cas spécial des allergènes

Concernant les aliments allergènes, chez les enfants à haut risque d’allergie alimentaire (ex. : ceux qui ont des parents, des frères ou des sœurs ayant des allergies, de l’asthme ou de l’eczéma), la Société canadienne de pédiatrie et la Société canadienne d’allergie et d’immunologie clinique soulignent qu’il est encore plus important d’en faire l’introduction au plus tard à l’âge de 6 mois, mais pas avant l’âge de 4 mois.

Bons parents

Le bébé est au coeur de cette histoire d’allaitement exclusif et d’introduction des aliments, bien sûr. Cela dit, les experts se préoccupent aussi des parents. Que la pression vienne de la société, des proches ou du fil d’actualité Instagram, les parents vivent des frustrations et de la culpabilité lorsqu’ils ne se sentent pas à la hauteur. Et pourtant, ils sont de bons parents.

Donc, que ferais-je si j’avais un bébé aujourd’hui? Je l’écouterais et je m’ajusterais à notre réalité. Je ferais de mon mieux, avec tout mon amour.

Mise à jour le 9 février 2024
Publiée originalement le 22 novembre 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/ArtistGNDphotography

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