Il parle peu à 2 ans

Il parle peu à 2 ans
Par Marie-Ève Bergeron-Gaudin, Orthophoniste
Pas la peine de trop vous inquiéter si votre enfant de 18 mois ne dit pas beaucoup de mots. Notre blogueuse orthophoniste explique pourquoi.

Mes enfants ont maintenant 6 et 9 ans et le monde de la petite enfance me semble déjà loin! Mais, j’ai encore autour de moi des amis qui ont des tout-petits. Je suis toujours surprise de me faire souvent demander par des parents inquiets : « Il ne parle pas beaucoup, penses-tu que c’est normal? »

À l’heure où l’information est accessible en un clic, il est facile d’en venir à se demander : « Mon enfant dit-il assez de mots pour son âge? » Ce qu’il faut comprendre, c’est que le nombre de mots dits par un tout-petit à un âge précis est un indicateur parmi d’autres du développement de son langage. Toutefois, ce n’est pas nécessairement l’indicateur qui prédit le mieux l’évolution de son langage à long terme.

Pas besoin de compter les mots!

De 1 an à 2 ans, le nombre de mots utilisés peut varier énormément d’un enfant à l’autre. C’est le moment où les différences dans le développement des tout-petits sont les plus marquées et où il est facile de penser qu’un enfant est « en retard » lorsqu’on le compare à un autre. Par exemple, mon plus jeune disait moins de mots que mon plus vieux à 18 mois et cela n’a aucun impact sur son langage aujourd’hui.

Lorsque des parents me questionnent, je réponds généralement que les éléments à surveiller dans le développement du langage d’un enfant de 1 à 2 ans sont :

  • sa compréhension du langage. Par exemple, un enfant de cet âge devrait comprendre quand on lui dit « non! », « donne-moi ça » ou « viens ici » sans qu’on ait besoin de faire des gestes;
  • son envie de répondre au langage par des sons et des gestes;
  • son envie générale de communiquer, pas seulement pour demander quelque chose, mais aussi pour échanger.

Lorsque ces éléments sont absents, on peut considérer que l’enfant présente des facteurs de risque d’avoir des difficultés de langage à plus long terme. Mais présenter des facteurs de risque ne signifie pas que l’enfant aura nécessairement des difficultés. Par exemple, être un garçon est aussi un facteur de risque de présenter un trouble du langage… mais mes garçons n’en ont pas!

Des inquiétudes fréquentes

Je sais que derrière les questions des parents se cache généralement la crainte que leur enfant présente des difficultés de langage qui persistent. Et c’est légitime! En tant que maman, je ne souhaite pas mes enfants rencontrent des défis trop importants (des défis à leur taille suffisent!). Il est toutefois difficile, voire impossible, d’être fixé quand l’enfant est âgé de 1 à 2 ans, sauf dans les cas de difficultés évidentes et majeures. On sait au moins que seulement un enfant sur quatre qui présente des difficultés de langage à 2 ans aura encore des difficultés à 4 ans.

C’est vers 4 à 5 ans qu’il est possible de conclure à un trouble développemental du langage, c’est-à-dire à des difficultés de langage qui persisteront à long terme. De 5 à 7% des petits Québécois présentent ce trouble. J’ai suivi certains de ces enfants plus tôt dans ma carrière et ils m’ont toujours beaucoup impressionnée par leur persévérance. Ils sont capables de faire plein d’apprentissages, comme les autres enfants.

Bref, je crois que les inquiétudes importantes devant un enfant qui dit peu de mots à 18 mois, mais qui comprend des petites consignes et qui a envie de communiquer, sont souvent précoces. En cas de doute, il demeure intéressant de consulter en orthophonie, ne serait-ce que pour avoir l’heure juste ou pour être accompagné au besoin. Si les services sont difficilement accessibles, les parents peuvent trouver de nombreux conseils ici.

 

6 novembre 2019

Naître et grandir

Photo : GettyImages/omgimages

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