Gérer les conflits avec des mots

Gérer les conflits avec des mots
Par Marie-Ève Bergeron-Gaudin, Orthophoniste
Depuis quelque temps, mes garçons jouent plus longtemps ensemble. C’est mignon! Par contre, qui dit interactions plus fréquentes dit aussi augmentation du potentiel de conflits…

Depuis quelque temps, mes garçons jouent plus longtemps ensemble. Renaud, 2 ans et demi, est devenu le perroquet de Jules, 5 ans et demi! C’est mignon! Par contre, qui dit interactions plus fréquentes dit aussi augmentation du potentiel de conflits… C’est la partie la plus exigeante pour les parents! Les conflits demeurent un signe que les enfants expriment leurs besoins et tentent de prendre leur place dans le dialogue (je me le répète souvent!).

Bien sûr, il y a des façons plus socialement acceptables d’exprimer ses besoins. On s’entend, hurler et taper n’en font pas partie! L’enfant qui maîtrise les mots pour parler demeure mieux outillé pour gérer les conflits même si, sous le coup de l’émotion, ce ne sont pas toujours eux qui sortent en premier! Reste à l’encourager à formuler ce qu’il ressent avec des mots!

Avant 3 ans

Avant 3 ans, l’enfant a plus de difficulté à exprimer verbalement ce qui ne lui plaît pas. Comme les conflits portent souvent sur un objet qu’il ne veut pas partager ou qu’il se fait enlever, certains mots en particulier peuvent lui être bien utiles. Associés à des gestes, ils sont encore plus faciles à apprendre :

  • Non! (On peut secouer la tête.)
  • À moi! (On peut amener l’enfant à se montrer avec sa main.)
  • Donne! (On peut proposer à l’enfant de tendre une main ouverte.)

On peut encourager l’enfant à utiliser ces mots dès qu’il commence à parler. On se place alors à sa hauteur et on lui suggère : « Tu peux dire : … » Bien entendu, plus l’enfant se rapproche de l’âge de 3 ans, plus il est à même de préciser sa pensée (ex. : « Non, veux pas! », « C’est à moi! », « C’est mon camion! », etc.). Je pense à mon petit Renaud qui disait dernièrement à son ami, au moment de quitter la garderie : « C’est MA maman À MOI! » Et son ami, qui était en compagnie de son père, de répondre : « C’est MON papa! » Un gros conflit!

Après 3 ans

Après 3 ans, l’enfant précise mieux son insatisfaction, même s’il adopte parfois des façons de s’exprimer qui ne sont pas adéquates. Par exemple, mon Jules peut dire « Renaud! J’aime pas ça quand tu détruis ma cabane! » mais il peut aussi faire une crise le lendemain dans une situation semblable.

Le plus important à retenir est que l’enfant a, à cet âge, plus de moyens langagiers pour exprimer son insatisfaction. On peut donc l’encourager à le faire en lui suggérant des phrases. On peut aussi lui poser des questions plus complexes qui l’amènent à raisonner :

  • Comment tu te sens? Comment se sent ton ami, tu crois?
  • C’est quoi le problème?
  • Vois-tu une solution?
  • Qu’est-ce qui va se passer si vous continuez à vous chicaner comme ça?

Un enfant de 3 ans ou plus comprendra mieux ces questions. Elles l’amènent à faire des inférences ou à « lire entre les lignes », une habileté importante non seulement pour gérer les conflits mais aussi pour améliorer son langage. Et s’il le faut, on peut attendre que l’enfant soit plus calme avant de poser ces questions.

 

7 juin 2016

Naître et grandir

Photo : iStock.com/Audrey Kuzmin

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