Les garçons parlent plus tard que les filles: mythe ou réalité?

Les garçons parlent plus tard que les filles: mythe ou réalité?
Par Marie-Ève Bergeron-Gaudin, Orthophoniste
Mes garçons ont prononcé leur premier mot à 12 mois. Aurais-je pu m’attendre à ce qu’ils parlent plus tard, puisque ce sont des garçons? Tout à fait!

Mes deux garçons ont prononcé leur premier mot à 12 mois. Déjà attiré par les écrans, Jules a montré une télécommande en disant « manette »! Renaud, qui souhaitait ardemment socialiser, a dit « bye bye » à un groupe de grands. Aurais-je pu m’attendre à ce qu’ils parlent plus tard, puisque ce sont des garçons? Tout à fait!

Globalement, les garçons commencent à parler un peu plus tard que les filles. En fait, les garçons sont trois fois plus susceptibles de parler en retard que les filles. Les garçons prennent aussi plus de temps à atteindre le stade des 50 mots. En effet, à 23 mois, une majorité de filles utilise 50 mots, alors qu’il faut attendre l’âge de 26 mois avant que la majorité des garçons en fasse autant.

Bien sûr, l’âge d’apparition des premiers mots et le rythme de l’évolution langagière qui suit demeurent propres à chaque enfant. Par exemple, si Renaud et Jules ont dit leurs premiers mots au même âge, Jules a fait des phrases plus tôt que Renaud. Cette différence de progression n’a aucun impact maintenant que Renaud a 4 ans et parle constamment!

Après l’âge de 3 ans, les différences de langage entre les garçons et les filles ne sont plus significatives. Ainsi, si un garçon de 3 ans et demi peine à faire des phrases et à prononcer des sons, ses difficultés ne s’expliquent pas exclusivement par le fait qu’il est un garçon. D’autres facteurs de risque entrent probablement en ligne de compte.

Avoir des difficultés de langage ou être peu bavard?

Il ne faut pas oublier qu’il y a une grande différence entre avoir de la difficulté à dire des mots, à faire des phrases et à organiser son discours, puis le fait de parler peu. Par exemple, mon grand Jules de 7 ans a toujours eu de la facilité sur le plan du langage. Par contre, il n’a jamais aimé raconter ses expériences personnelles. Renaud, lui, adore rapporter ce qu’il a vécu.

Ainsi, certains garçons (comme certaines filles) aiment moins parler de leur vécu, ce qui ne veut pas dire qu’ils présentent des difficultés de langage. Typiquement, on a souvent l’impression que les garçons parlent moins que les filles, même plus tard dans la vie, mais il n’y a pas d’étude scientifique qui le démontre.

Dans tous les cas, si un garçon parle peu, mais que cela relève de sa personnalité, rien ne sert d’insister. Par contre, si un garçon parle peu parce qu’il a des difficultés de langage, ou qu’il est gêné de parler parce qu’il trouve qu’il «ne parle pas bien», il y a lieu de lui apporter de l’aide.

La meilleure façon d’aider un tout-petit à parler reste d’interagir le plus souvent possible avec lui, d’utiliser un vocabulaire varié et de reformuler les phrases et les mots mal dits sans demander de répéter.

Alors, pour conclure : oui, les petits garçons ont tendance à parler un peu plus tard que les filles. Toutefois, la différence n’est plus significative quand les enfants ont 3 ans. Certains garçons parlent moins simplement en raison de leur personnalité sans avoir de difficultés de langage… tout comme certaines filles!

 

5 décembre 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/petekarici

Partager