Des grands-parents «gâteaux»

Des grands-parents «gâteaux»
Par Stéphanie Côté, Nutritionniste
Quelle influence ont les grands-parents sur la santé de leurs petits-enfants? Stéphanie Côté, nutritionniste, s’est penchée sur la question.

Quelle place les grands-parents occupent-ils dans la vie de vos enfants? Des visites occasionnelles, du gardiennage courant ou une cohabitation multigénérationnelle? Dans tous les cas, ils aiment et dorlotent leurs petits-enfants. Ils veulent ce qu’il y a de mieux pour eux, mais ils veulent aussi les gâter. Craignez-vous qu’à trop les gâter, ils en viennent à gâcher vos efforts de saine alimentation?

C’est possible, selon le rôle qu’ils jouent auprès de vos enfants. Ce n’est pas moi qui le dis, mais plusieurs études scientifiques. Que les grands-parents soient responsables de collations (ce qui est plus fréquent) ou de repas, leur contribution a un réel impact sur l’alimentation et la santé des enfants. Plus c’est fréquent, plus leur influence est importante.

Je cite en exemple une étude scientifique menée en Grande-Bretagne auprès de 12 000 tout-petits de 9 mois à 3 ans, en 2010. Les résultats révèlent que les enfants ont 34 % plus de risque d’avoir un surpoids s’ils se font garder par leurs grands-parents à temps plein, et 15 % si c’est à temps partiel. Les gâteries et le faible niveau d’activité physique pourraient expliquer en partie le phénomène.

Plus récemment, en mai 2022, des résultats similaires étaient publiés : un indice de masse corporelle (IMC) plus élevé chez les enfants et adolescents quand les grands-parents s’en occupent souvent.

Selon une revue de littérature (la comparaison de plusieurs études), le quart des études montrent une influence positive des grands-parents, et les trois-quarts laissent plutôt voir une influence négative sur la santé des petits-enfants.

S’entendre sur des principes de base

Mais ce n’est pas une fatalité. Les chercheurs veulent démontrer à quel point c’est important de sensibiliser et d’informer les grands-parents sur la saine alimentation. L’idée n’est surtout pas de les priver de leurs petits-enfants… ou de nous priver de leur aide! Peut-être faut-il discuter avec nos parents et beaux-parents de certains principes que l’on tente d’appliquer et le choix des meilleures collations?

Je ne vais pas jouer à la police ou commenter la moindre action si les grands-parents ne sont responsables qu’occasionnellement. En revanche, je vais partager mes exigences s’ils s’en occupent souvent. J’ai des principes auxquels on ne touche pas. Voici lesquels :

  • Mes enfants mangent à leur faim. Je n’accepte pas que mes parents ou beaux-parents forcent mes enfants à finir leur assiette. Et je reprends poliment celui qui félicite Laura ou Benjamin d’avoir tout mangé. Je reste sur mes positions, même si on me répond « elle n’a plus faim pour son repas, alors elle n’a plus faim pour son dessert ». Désolée, mais oui, elle a droit au dessert.
  • On ne parle pas de poids. On ne commente pas le poids devant mes enfants. Ni le leur ni celui des autres. Grand-maman est insatisfaite de sa silhouette? Les enfants n’ont pas à le savoir. Aucun enfant ne devrait penser que la valeur ou les qualités d’une personne sont reliées à son poids. Malheureusement, beaucoup de relations malsaines avec les aliments, voire de troubles alimentaires, commencent ainsi.
  • Le repas est un moment plaisant. Les repas sont l’occasion de resserrer des liens, de parler, d’écouter, de fournir un modèle positif aux enfants, de favoriser les découvertes de nouveaux aliments et une relation harmonieuse avec les aliments, et plus encore. Les sujets de discussion agréables sont les seuls acceptés au menu.

Je m’en voudrais de passer sous silence tous les efforts louables de mes parents et beaux-parents. Des légumes à tous les repas, des fruits en collation, du yogourt nature, du poisson, et j’en passe. Parfois, il y a aussi de la crème glacée garnie de Smarties, du Jello-O garni d’oursons en gelée et beaucoup de craquelins qui risquent de gâcher le souper. Nos visites restent occasionnelles. Je ne m’inquiète pas des conséquences. Les enfants se laissent gâter et le regard qu’ils me lancent me confirme qu’ils savent que c’est « spécial ».

 

Mise à jour le 6 juin 2023
Publiée originalement le 4 mars 2011

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/Caiaimage/Sam Edwards

 

Références

  • Rahel Mathews, Danielle Nadorff. Too Many Treats or Not Enough to Eat? The Impact of Caregiving Grandparents on Child Food Security and Nutrition. Int J Environ Res Public Health. 2022 May 10;19(10):5796
  • Kylie G Young, Kerith Duncanson, Tracy Burrows. Influence of grandparents on the dietary intake of their 2-12-year-old grandchildren: A systematic review. Nutr Diet. 2018 Jul;75(3):291-306.
  • Michelle I Jongenelis, Zenobia Talati, Belinda Morley, Iain S Pratt. The role of grandparents as providers of food to their grandchildren. Appetite. 2019 Mar 1;134:78-85.

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