Les enfants de Josée désiraient une friandise glacée avant le souper. A-t-elle dit oui?Les enfants gambadent dans la cour arrière. Ils sont des chevaliers à la recherche de pierres aux pouvoirs spéciaux… Du moins, c’est ce que je saisis à travers les bribes de conversation que je capte.
- Maman? On peut avoir une friandise glacée?
- Non. C’est bientôt l’heure du souper.
- On pourrait en partager une à deux?
- J’ai dit non.
J’ai grandi dans une maison ou « non » voulait dire « non ». Quand ma mère refusait une demande ou un privilège, je n’avais pas intérêt à insister. Le « non » ne se transformait jamais en « oui », ni même en « peut-être ». Cette manière de faire offre des avantages : les limites sont claires, il n’y a pas de séances d’obstination et la constance de la réaction parentale ne laisse pas de doute dans l’esprit des enfants. Non, c’est non.
Étonnamment, j’ai choisi une approche différente avec mes enfants. Il m’arrive de changer d’avis lorsqu’ils ont de bons arguments.
- Maman? Les Mr. Freeze c’est pour faire des cristaux magiques dans notre jeu.
- Prenez autre chose. Des roches colorées?
Ma fille hésite, consulte les petits du regard et ajoute :
- Tout le monde est d’accord pour ne pas avoir de dessert au souper si on peut prendre un Mr. Freeze tout de suite.
Je souris en coin.
- Il fait chaud. Ça va nous hydrater, lance le plus jeune, du haut de ses 3 ans.
Là, j’avoue, je ris de bon cœur. Tous les arguments n’ont pas la même valeur!
- Prenez des gourdes d’eau si vous avez soif!
Ils babounent et retournent dehors.
Je suis fière d’eux. Contente de développer leur capacité à réfléchir, à trouver des arguments. Heureuse de les forcer à préciser leur pensée, leurs motivations.
À l’occasion, ils me font saisir leur point de vue d’une situation. Je les comprends davantage. Je pense que l’art de négocier leur servira en grandissant : au travail comme dans leurs relations personnelles.
Honnêtement, cette approche est parfois épuisante. Les enfants ont beaucoup d’imagination et leurs arguments ne tiennent pas toujours la route. Aujourd’hui, non restera non. Mais demain, peut-être que les chevaliers gagneront leurs pierres précieuses gelées.
31 juillet 2019
Photo : GettyImages/GrashAlex