Leeloo a maintenant 2 ans et 10 mois. Depuis quelques mois, on assiste à un nouveau phénomène : le vol de jouets!
Ainsi, sans s’annoncer, Leeloo prend un jouet d’Akira. Elle s’amuse avec le jouet pendant quelques minutes et lorsque son frère lui redemande le jouet, elle se sauve en courant. On assiste alors à une magnifique course dans la maison, course dont l’objectif est de se réfugier auprès du parent le plus proche.
Elle nous arrive donc en panique, bras devants, avec le fameux jouet dans une de ses mains. Suit son frère de 7 ans pleurant ou criant (c’est selon) que c’est son jouet! Je vous résume l’interaction qui suit, un échange assez criant de vérité :
- Qu’est-ce qui se passe Leeloo?
- C’est à moi! (en me montrant une peluche en forme de singe d’Akira)
- Tu es certaine qu’elle est à toi? Ça ressemble au singe que ton frère a reçu pour sa fête!
- Non, c’est mon singe!
- Est-ce que tu veux dire que tu veux jouer avec le singe?
- Oui, c’est mon singe!
- Alors, si tu veux jouer avec le singe, tu peux demander à Akira s’il te le prête encore 5 minutes. Akira, est-ce que tu lui prêtes encore 5 minutes?
- Oui Leeloo, mais dans 5 minutes, tu me le redonnes.
- Ok.
L’évolution du partage
Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant de presque 3 ans à qui on donne un jouet? D’abord, soulignons que c’est seulement à partir de 24 mois que les enfants abandonnent le jeu parallèle. Durant la phase de jeu parallèle, l’enfant joue à son rythme, selon sa propre perception de l’environnement et en fonction de ses intérêts. Aussi, il fait peu ou pas la différence entre ce qui est à l’extérieur de son environnement de jeu et à l’intérieur de celui-ci. Il n’y a donc pas d’interaction entre le jeu d’un enfant et celui d’un autre enfant, même s’il sont assis côte à côte.
Lorsque le jeu parallèle se termine, l’enfant développe lentement ses interactions avec les autres. C’est au contact d’autres enfants qu’il va tranquillement développer la notion de propriété. Au départ, le jeune enfant peut confondre « désir » et « propriété ». Ce qui peut provoquer des malentendus entre enfants.
D’ailleurs, lorsque je demande à Leeloo à qui appartient la peluche, elle me répond : « C’est à moi! » On voit donc que sa notion de propriété est confondue avec sa notion de désir. Dans un cas comme celui-là, ça ne me donne rien de tenter de la convaincre. Je peux lui répéter, avec un objectif éducatif, que le singe est à Akira, mais ce serait injuste de m’attendre à ce qu’elle comprenne.
Je fais donc abstraction de ce qu’elle me dit. Le plus important pour moi, dans ce contexte, c’est d’accompagner ma fille vers une résolution du conflit avec son frère. Cette résolution demande une collaboration de son frère, ce qui est également valorisant pour lui et une façon détournée de communiquer avec elle.
Il en va de même lorsque l’on enseigne à nos enfants la notion de partage, qui est souvent très personnelle et reflète les valeurs que l’on souhaite inculquer à nos enfants. Chez nous, le partage et le respect des petits invités qui viennent à la maison est particulièrement important. Aussi, lorsqu’on reçoit d’autres enfants, ces derniers ont priorité sur les jouets de la maison. Je prends toujours la peine d’expliquer à mes enfants la raison derrière ce principe. Je leur dis que les invités ne sont là que pour quelques heures, alors qu’eux ont accès à leurs jouets en tout temps. Cette façon de faire permet aux enfants de développer une sensibilité aux autres enfants, une attention aux besoins des autres.
Toutefois, même si ces notions sont importantes, il ne faut pas essayer de se battre contre la biologie! Les enfants les plus développés socialement ne pourront mettre en application des règles de partage plus complexes avant 4 ans bien sonnés. En attendant, il est important de sensibiliser notre enfant lorsque la situation s’y prête afin de lui faire prendre conscience qu’il évolue dans un environnement où le partage fait partie du quotidien.
1 octobre 2014