Il est 7 heures du matin. J’ai passé une nuit infernale entre la fièvre de l’une et les cauchemars de l’autre. Je n’arrive même pas à me souvenir si j’ai dormi. Résultat, j’ai les cheveux en l’air et l’air de travers.
Toute ma famille déjeune autour de la table. Comme d’habitude, ma plus jeune se dispute avec son frère le droit de regarder en premier le lapin sur la boîte de céréales tandis que mon ado « naissante » surveille ses seins au cas où ils pousseraient entre deux gorgées de lait. Les deux petits s’énervent, le ton monte et de pleurs en cris, ils en viennent aux mains pour essayer de s’arracher le paquet de céréales au chocolat. Mon homme intervient. Trop tard! Le sac éclate sous la pression des doigts en colère.
À la surface de mon café adoré-à-peine-entamé flotte soudain une multitude de boules chocolatées et j’ai du café plein mon pyjama. Silence dans la salle, tous les regards sont braqués vers moi. Je ne bouge pas d’un poil. Plus d’énergie. Tout le monde veut m’essuyer. Je les repousse d’une main. J’hésite entre exploser de colère, finir sans broncher mon jus de caféine aux céréales ou allez voir ailleurs si j’y suis.
Tiens, c’est sympa comme idée. Changer d’air, mais pas dans la pièce d’à côté, non, plutôt dans la rue avec ma valise direction n’importe où. Dans la famille Ras-le Bol, je demande la mère! Je vais leur dire que je suis fatiguée des coliques, des cris, des nuits blanches, des lessives, des bêtises, de la désobéissance, des jouets qui traînent, de l’arrogance, des devoirs et des lapins débiles. Tout ce bordel finit aujourd’hui! Qu’ils aillent au diable, moi je file au paradis!
Adieu Super Maman. Retour à la case nombril. J’ai besoin de moi! Tout de suite, immédiatement. Je veux que tout soit possible : prendre mon bain à l’heure du souper, manger n’importe quoi, n’importe quand, magasiner à n’importe quelle heure, lire des revues toute la journée, parler au téléphone sans être interrompue, sortir tous les soirs, veiller tard et puis dormir, dormir et dormir à n’en plus finir. Devenir délicieusement irresponsable de tout et de n’importe quoi! Je me sens mieux juste d’y penser!
Évidemment, cela signifie aussi… ne plus avoir de petits bras qui m’enlacent tendrement le cou, ne plus ramasser de dessins remplis de cœur rouge et rose, ne plus expliquer pourquoi les poissons respirent sous l’eau ou pourquoi Grand-Papa n’a plus de cheveux. Ne plus les regarder dormir, ne plus jamais entendre de joyeux éclats de rire envahir la maison ou de petites voix m’appeler « maman d’amour! ». Quel affreux paradis! Finalement, je ne suis pl…
- MON AMOUR!
- Hein! Quoi? Pourquoi tu cries?
- Pourquoi je crie? Mais tu ne me réponds pas. Je t’appelle depuis 5 minutes. Tu es dans la lune ou quoi? Les enfants s’en vont. Tu viens les embrasser?
- Mais non, quelle horreur… je ne veux pas qu’ils partent!
- Qu’est ce que tu racontes? Et leurs activités? Mais qu’est-ce que tu as? Tu n’as pas dormi de la nuit et tu as les larmes aux yeux à l’idée de ne plus les voir durant quelques heures. Franchement, tu m’impressionnes… et tu rougis en plus! Vraiment, tu es une mère FORMIDABLE!
14 juillet 2009