Acheter la paix

Acheter la paix
Par Josée Bournival, Auteure, animatrice et blogueuse
Vous arrive-t-il, comme Josée Bournival, d’acheter la paix?

C’est l’heure du souper. Il y a six chaises autour de la table familiale. Mais seulement trois sont occupées. Celle de mon conjoint, celle de Blanche et la mienne. Les trois autres enfants sont debout.

Léonard joue avec une voiture à quelques pas de nous, Simone mange debout tandis que Clémentine alterne entre une prestation de ballet classique et des bouchées du repas.

J’accepte ce cirque un peu à contrecœur. J’achète la paix.

J’ai longtemps essayé de maintenir mes enfants assis, à table, toute la durée du repas. Cela exigeait plusieurs avertissements, plusieurs répétitions, parfois même des menaces. Je le faisais. Parce que tout le monde le sait : élever des enfants demande rigueur, structure et constance. J’obtenais ainsi le souper de famille parfait : avec des enfants sages comme des images. Mais les repas s’apparentaient davantage à un combat qu’à un moment de partage.

Que le parent qui n’a jamais flanché ainsi me lance la première pierre!

J’ai changé mon fusil d’épaule. Et je ne le regrette pas. Entendons-nous, je demande encore aux enfants de s’asseoir, je leur reproche parfois de ne pouvoir tenir en place très longtemps, mais je ravale aussi mes commentaires à l’occasion et ce sont souvent nos meilleurs repas en famille. Ceux qui se prolongent avec une conversation animée, des fous rires et des échanges sincères.

Ce qui me fascine, c’est de constater que lorsqu’on a de la visite, mes enfants savent se tenir et s’asseoir convenablement. Comme s’ils sentaient que tous nos enseignements prennent soudainement leur importance.

Je ne suis pas fière d’acheter la paix. Je préfèrerais vous écrire que je suis parfaite et que je maîtrise l’éducation de mes enfants d’une main de fer. La vérité c’est que je choisis parfois mes combats.

Par exemple, chez moi, aucun autre repas n’est offert lorsqu’un enfant ne veut pas manger ce qu’il y a dans son assiette. Il y a par contre toujours une grande assiette de crudités et des fruits pour le dessert pour ceux et celles qui n’aiment pas le menu prévu par papa et maman.

Autre exemple : je ne permets pas à mes enfants de jouer sur une console ou de visionner la télévision dès qu’ils ne savent plus comment s’occuper. On invente, on se débrouille, on cherche autre chose. L’écran est réservé à des moments précis et en petites doses.

J’avoue, j’achète parfois la paix. Et avec le recul, je pense que ça fait de moi une meilleure maman.

 

16 novembre 2017

Naître et grandir

Photo : GettyImages/mediaphotos

Partager