La place du papa

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La place du papa

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L’engagement des pères dépend en grande partie de la qualité de leurs relations avec la mère.

22 juin 2012 — On ne naît pas papa, on le devient. Une participation quotidienne aux soins de l’enfant et des périodes d’intimité pousserait le conjoint à devenir un papa plus confiant et lui permettrait de bâtir une relation privilégiée avec son enfant.

Lorsque le père participe aux soins du bébé, il doit négocier un espace dans la bulle mère-enfant. « Les femmes ont un peu tendance à être “contrôlantes” dans la dynamique du soin aux enfants », relève Francine de Montigny, professeure au département des sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais et directrice du Centre d’études et de recherche en intervention sociale.

La chercheuse et son équipe ont exploré le vécu des pères dans l’établissement de la relation à leurs enfants durant les premiers mois suivant sa naissance. Ils se sont aussi penchés sur les comportements des conjointes – particulièrement les mères – à l’endroit des pères : facilitent-elles ou entravent-elles leur engagement auprès des enfants?

Cette recherche exploratoire, réalisée en collaboration avec les centres de santé et services sociaux de cinq régions du Québec, des établissements de santé et des organismes communautaires, a recueilli les témoignages d’une soixantaine de pères d’enfants de moins d’un an.

L’analyse du discours des pères révèle que l’engagement direct avec leurs enfants revêt une grande importance pour eux. Les femmes présentes dans leur entourage – conjointe, mère, belle-mère et professionnelle de la santé – favorisent généralement cette relation. Certains disent devoir cependant se faire une place auprès des professionnelles de santé, car elles s’adressent principalement aux mères.

De nombreux pères affirment toutefois qu’ils doivent souvent négocier la possibilité de faire des activités en solo avec leurs enfants. Ces rapprochements précieux se font parfois sous surveillance de la mère et sont souvent trop brefs, surtout lorsque les bébés sont allaités.

De nombreux pères rapportent que la participation aux tâches quotidiennes – par exemple, changer les couches, ce que la mère accepte facilement de partager! – les rapproche de leurs enfants.

Et lorsqu’une distance s’installe entre eux et leurs enfants, ils l’expliquent par la relation de grande proximité des mères avec leurs enfants, la priorité des soins maternels ou leur propre sentiment d’incompétence à s’occuper d’un bébé.

Lorsque les pères trouvent un espace pour participer, prendre des décisions, faire des erreurs et trouver des solutions, ils ressentent de la fierté. Ces attitudes favorables dépendent aussi en grande partie de la qualité de leurs relations avec la mère.

La chercheuse rappelle aux parents l’importance de :

  • dialoguer à propos de leur expérience de parents. Partager leurs attentes l’un envers l’autre et de parler du rôle qu’ils souhaitent jouer auprès de l’enfant.
  • créer un espace et un temps où le père peut interagir seul avec l’enfant, et à sa manière;
  • encourager les contacts père-bébé par le jeu, le massage, le portage, le bain.

Isabelle Burgun – Agence Science-Presse

 

Source : L’engagement paternel : dans quelle mesure les pères considèrent-ils que les femmes qu’ils côtoient sont un soutien ou un obstacle en période postnatale? (sous presse)

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