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Quand l’enfant joue dehors, le rôle de l’adulte est de s’effacer, de le laisser se salir et prendre des risques, affirme un spécialiste du jeu libre.
17 juillet 2017 | Autres temps, autres moeurs. Autrefois, les parents n’hésitaient pas à envoyer leurs enfants jouer dehors. Aujourd’hui, les enfants vont moins souvent à l’extérieur et y jouent moins longtemps. Pourquoi est-il important de revenir au jeu libre à l’extérieur?
À l’époque, les jeunes se retrouvaient entre eux, sans supervision et souvent dans des environnements où les risques d’accident étaient présents, a expliqué Louis-Philippe Dugas, doctorant en psychologie à l’UQTR, lors d’une conférence présentée en juin dernier à Trois-Rivières. La seule règle était de rentrer à l’heure.
Pour une foule de raisons, cette manière de vivre s’est perdue au fil des ans. Toutefois, les études le montrent clairement : le jeu libre est essentiel au développement des enfants. Pourquoi? Parce que le jeu, qui est synonyme de plaisir, représente un besoin essentiel pour l’enfant.
Ce qui définit le jeu libre en premier lieu, insiste Louis-Philippe Dugas, c’est son caractère spontané. Le fait qu’il soit initié par l’enfant lui-même. Le jeu libre n’a pas non plus de but précis.
Un autre des aspects fondamentaux du jeu libre tient aux interactions des enfants avec l’environnement. Il faut donc que les enfants jouent dehors, rappelle Louis-Philippe Dugas. Et il suffit de peu de choses pour créer des environnements qui vont les stimuler. Des matériaux de jeu simples, souvent recyclés, conviennent parfaitement.
Laisser les enfants prendre des risques
Le rôle de l’adulte, quant à lui, est de s’effacer. De laisser les enfants se salir et prendre des risques. C’est de cette manière qu’ils pourront connaître leurs propres limites et les repousser. C’est justement dans la nature des enfants de prendre des risques, explique Louis-Philippe Dugas.
L’une des premières grandes décisions qu’ils prennent en ce sens, c’est vers l’âge d’un an, quand ils commencent à marcher. Pour eux, ça représente un grand risque, et pourtant, leurs parents les encouragent. Alors que par la suite, c’est le contraire qui se passe. On les surprotège.
Le conseil qu’il donne aux parents? « Souvenez-vous de ce jour où votre enfant a pris son premier grand risque dans la vie pour faire ses premiers pas. Eh bien, continuez de lui faire confiance. »
Les bienfaits du contact avec la nature
Le contact avec la nature comporte plusieurs dimensions, a expliqué pour sa part Sylvie Gervais, titulaire d’une maîtrise en activité physique et santé, et fondatrice du projet Enfant Nature.
Car en plus du risque physique, l’enfant prend aussi des risques émotionnels. À cela, il faut ajouter le risque social. Quand on se place en retrait, en position d’observateur, on constate que les enfants font vite preuve d’entraide, de solidarité et d’empathie.
« En s’effaçant, on observe qu’il se crée une dynamique naturelle dans un groupe d’enfants. Comme s’il s’équilibrait de lui-même, avance Sylvie Gervais. D’ailleurs, souvent les enfants hyperactifs, ceux qui sont si difficiles à gérer habituellement, deviennent nos leaders naturels. Ceux qui vont pousser le groupe à être plus créatif. »
Ce qui fascine Sylvie Gervais c’est que, au fond, dans la nature, ce n’est pas elle, l’adulte, qui apprend aux enfants comment jouer. Ce sont les enfants qui lui apprennent comment ils apprennent à jouer. Parce que, dans la nature, on s’amuse avec un rien.
Par François Grenier - 100°
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