Les jeux de bataille

Les jeux de bataille
Les jeux de bataille de votre enfant ne vous enchantent pas? Ils peuvent pourtant être bénéfiques.


Plusieurs parents n’aiment pas voir leur enfant se batailler avec d’autres, car ils ont peur qu’il se fasse mal. Pourtant, bien différents de la vraie bagarre, les jeux de bataille apportent de réels bienfaits aux enfants.

Que sont les jeux de bataille?

Les jeux de bataille sont des jeux où les contacts physiques sont nombreux et dans lesquels aucun objet n’est utilisé. Par exemple, les participants jouent à la lutte, se poussent, s’agrippent, se bousculent ou se poursuivent. Il est tout à fait normal et sain que les enfants s’amusent à faire des jeux de bataille.

L’intérêt des enfants pour les jeux de bataille apparaît vers 2 ans et se poursuit durant l’enfance. Après l’âge de 8 ans, la fréquence de ces jeux diminue.

Différencier le jeu de bataille de la véritable bagarre

S’ils ne sont pas surveillés ou encadrés, les jeux de bataille peuvent mener à des blessures en raison de leur nature. Blesser l’autre n’est toutefois jamais l’objectif de ces jeux.

Lorsqu’ils jouent à la bataille, les enfants rient ou sourient : leur seul but est de s’amuser. Il ne s’agit pas, par exemple, d’une dispute pour obtenir un jouet. De plus, leurs coups ne sont pas aussi énergiques que lors d’une vraie bagarre. Le plus fort limite même sa puissance et laisse parfois l’autre avoir le dessus. Les enfants font aussi des pauses pour mieux reprendre ensuite. Cela leur permet de réduire la tension, de diminuer les risques de blessures et de faire durer le plaisir.

À l’inverse, les vraies batailles sont courtes et intenses. Les enfants montrent alors des signes de colère. Généralement, on peut trouver une cause au conflit.

                    Jeu de bataille
                     Véritable bagarre
  • Les enfants ont du plaisir, sourient et rient.
  • Les enfants veulent se faire mal. Leurs sourcils sont froncés.
  • Ils ne veulent pas blesser. Leurs mains sont ouvertes.
  • Ils se donnent des coups de pied et des coups de poing.
  • Ils laissent parfois l’autre gagner.
  • Ils souhaitent gagner à tout prix et ils ne veulent pas de riposte.
  • Après le jeu de bataille, ils veulent continuer à jouer ensemble.
  • Après, ils ne veulent plus jouer ensemble.

Les bienfaits des jeux de bataille

Loin d’être inutiles, les jeux de bataille permettent à votre enfant de se dépenser physiquement tout en faisant des apprentissages. Ces jeux l’aident d’ailleurs à :

  • évaluer les forces et les habiletés des autres;
Un enfant qui participe à des jeux de bataille aura moins recours à l’agression physique.
  • être capable de distinguer la bagarre du jeu;
  • faire des compromis et respecter certaines règles;
  • contrôler son impulsivité et ses émotions (peur et colère);
  • contrôler sa force afin de ne pas blesser son partenaire de jeu;
  • reconnaître la signification des expressions faciales;
  • créer des liens d’amitié avec d’autres enfants;
  • devenir plus compétitif et se mesurer à ses amis sans colère;
  • développer une plus grande confiance en lui en situation de conflit;
  • améliorer ses aptitudes physiques, car il utilise, entre autres, sa force pour renverser l’autre durant la lutte.

Ne vous inquiétez toutefois pas si votre enfant n’aime pas se tirailler. Les jeux de poursuite (ex. : tag), très populaires auprès des enfants, développent des habiletés semblables à celles acquises lors des jeux de bataille.

Les parents, des partenaires de choix

Plusieurs parents aiment se tirailler avec leur tout-petit. Pour eux, jouer à se batailler est une façon d’avoir du plaisir et de communiquer leur affection à leur enfant.

En se bataillant avec vous, votre tout-petit se prépare à se tirailler correctement avec ses amis, à condition que vous utilisiez une force raisonnable. Votre enfant réalise qu’il doit suivre des règles (ex. : il ne peut pas frapper l’autre ou lancer des objets). Il voit aussi que vous contrôlez votre force et comprend que vous le laissez parfois gagner. Votre tout-petit reproduira donc ce comportement avec ses amis.

Lors de vos batailles avec votre enfant, restez attentif à ses réactions et laissez-le avoir le dessus à l’occasion. Cependant, si vous n’aimez pas jouer à la bataille, ne vous forcez pas. Essayez plutôt de trouver quelqu’un dans votre entourage qui aura du plaisir à jouer plus énergiquement avec votre enfant.

Quand intervenir?

Certains parents considèrent les jeux de bataille comme une agression ou le début d’une attaque. Pourtant, selon les recherches, le tiraillage tourne à la véritable bagarre dans moins de 1 % des cas, sauf lorsque les tout-petits ont un tempérament agressif. Les études indiquent par ailleurs que les jeux de bataille ne conduisent pas les enfants à la violence.

Lorsque votre enfant et ses amis s’amusent à se chamailler, observez-les bien. S’ils semblent avoir du plaisir, laissez-les continuer. Portez attention cependant aux situations suivantes :

  • Lorsque l’un des enfants a toujours le dessus ou n’a aucun plaisir, séparez-les;
  • Si les enfants se trouvent dans un endroit dangereux (ex. : près d’un escalier), faites-leur remarquer et indiquez-leur un endroit sécuritaire où poursuivre leur jeu;
  • Si la situation semble sur le point de dégénérer, demandez-leur de prendre une pause;
  • S’ils utilisent des objets durs, arrêtez-les.

Les jeux de bataille à la garderie

En 2017, un cadre de référence destiné aux milieux de garde a été publié pour mieux soutenir les garçons. Les auteurs de ce document se sont attardés aux garçons, car ils présentent plus souvent que les filles des difficultés d’adaptation dans les milieux de garde et à l’école ainsi que davantage de problèmes graves de comportement à l’école que les filles.
Ce cadre de référence souligne entre autres que les jeux de bataille et les jeux de guerre répondent au besoin d’action et de compétition des garçons. Il ne faut pas oublier que les filles aiment aussi faire des jeux de bataille et que tous les garçons ne sont pas intéressés par ces jeux. L’intérêt pour les jeux de bataille dépend avant tout du tempérament et de la personnalité de l’enfant.
Après avoir fait des jeux de bataille, les enfants seraient plus attentifs et plus disposés aux activités demandant de la concentration. Les auteurs de ce cadre de référence invitent donc les éducatrices et les éducateurs en petite enfance à accueillir de manière positive les jeux de bataille et de guerre en les permettant, en les encadrant et en y participant eux-mêmes.

 

À retenir

  • Les jeux de bataille permettent aux enfants de faire différents apprentissages, tout d’abord auprès de leurs parents et, par la suite, auprès de leurs amis.
  • Lorsqu’ils jouent à la bataille, les enfants ont du plaisir et ne veulent pas blesser leur partenaire.
  • Les véritables bagarres sont courtes et intenses, et les enfants cherchent à se faire mal.

 

Naître et grandir

Révision scientifique : Daniel Paquette, professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal
Recherche et rédaction :Équipe Naître et grandir
Mise à jour : Avril 2021

 

Photo : GettyImages/LightFieldStudios

 

Ressources et références

  • CLOUTIER, Patricia. « Plaidoyer pour les jeux de bataille dans les CPE », Le Soleil, 29 décembre 2016. www.lesoleil.com
  • CAMPBELL, Brigitte, Francine LECLAIR et Fanny GUERTIN. « Maman, papa, j’ai frappé un copain… mais j’ai pas fait exprès », Revue préscolaire, vol. 52, no 1, hiver 2014, p. 54-55. www.aepq.ca
  • DION, Mathieu. « Les CPE invités à “accueillir de manière positive” les jeux de bataille et de guerre », Radio-Canada, 12 avril 2017. ici.radio-canada.ca
  • FILION, Rolande. « En ces temps difficiles, devons-nous interdire aux enfants de jouer à des jeux guerriers et de bataille? », Revue préscolaire, vol. 55, no 4, automne 2017, p. 5-8. www.aepq.ca
  • PAQUETTE, Daniel. « Batailles, jeux de bataille et jeux de guerre : doit-on tout interdire? », Défi Jeunesse, vol. 11, no 2, mars 2005, p. 22-28.
  • PARTENAIRES POUR LA PETITE ENFANCE DE LA MRC DES SOURCES. Mieux soutenir nos garçons : cadre de référence. 2017. famillaction.org
  • RÉSEAU D’INFORMATION POUR LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE. Les garçons sur la cour d’école : jeux physiques versus violence. 2020. rire.ctreq.qc.ca
  • SMITH, Peter K. et autres. « Comparing Pupil and Teacher Perceptions for Playful Fighting, Serious Fighting, and Positive Peer Interaction », Conceptual Socio-Cognitive, and Contextual Issues in the Fields of Play, Play and Culture Studies, vol. 4, Westport, Ablex Publishing, 2002, p. 235-245.
  • VIGNEAULT, Alexandre. « CPE : la bataille est aussi un jeu », La Presse, 24 avril 2017. www.lapresse.ca
  • VIGNEAULT, Alexandre. « Mes fils se battent tout le temps! », La Presse, 4 février 2015. www.lapresse.ca

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