Plus de mères actives au Québec sur le marché du travail

Plus de mères actives au Québec sur le marché du travail
Plus de mères actives au Québec sur le marché du travail
Les mères du Québec sont plus actives sur le marché de l’emploi qu’ailleurs au pays, selon l’ISQ.

19 novembre 2024 | Les mères du Québec sont plus actives sur le marché du travail que les mères des autres provinces du Canada. C’est ce que révèle une analyse publiée récemment par l’Institut de la statistique du Québec.

Les données concernent le taux d’emploi des parents de 25 à 54 ans ayant au moins un enfant de moins de 25 ans. Le taux d’emploi correspond à la proportion de personnes ayant d’un emploi.

En 2023, 87 % des mères québécoises avaient un emploi comparativement à 80 % des mères en Ontario, à 78 % en Alberta et à 79 % en Colombie-Britannique. C’est un des constats qui ressort de l’analyse Participation des parents au marché du travail : évolution de 2008 à 2023 effectuée par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Le taux d’emploi des mères augmente au Québec

L’analyse de l’ISQ montre que l’activité des mères québécoises sur le marché du travail a augmenté de manière importante depuis 15 ans. Voici les faits saillants.

  • Le taux d’emploi des mères a augmenté de 8 % en 15 ans. Il est passé de 79 % en 2008, à 87 % en 2023.
C’est au Québec que l’écart entre le taux d’emploi des mères et des pères est le plus faible. Cet écart est d’environ 7 % au Québec alors qu’il varie de 13 à 16 % dans les autres provinces.
  • Celles dont le plus jeune enfant a moins de 6 ans sont plus actives sur le marché du travail qu’il y a 15 ans. Leur taux d’emploi est passé de 72 % en 2008 à 82 % en 2023.
  • Les mères monoparentales ont vu leur taux d’emploi passer de 77 % en 2008 à 86 % en 2023.
  • Le taux d’emploi des mères immigrantes a atteint 77 % en 2023, une augmentation de 15 % par rapport à 2008.

L’ISQ précise toutefois que le taux d’emploi a augmenté seulement chez les mères qui ont fait des études postsecondaires ou universitaires. En effet, le taux d’emploi des mères ayant tout au plus un diplôme d’études secondaires n’a pas connu de hausse significative en 15 ans. Ce taux se situe à environ 71 %, soit un peu moins de 20 % de moins que celui des mères plus scolarisées.

Un contexte plus favorable au Québec

Comment expliquer que la situation en emploi des mères québécoises se démarque de celle des mères des autres provinces? Des pistes de réponse ont été avancées le 7 novembre dernier dans le cadre de la 3e édition de la Matinée RQAP. Divers spécialistes sont alors venus parler des avantages du Régime québécois d’assurance parentale (RQAP).

Étienne Poulin, actuaire en chef au Conseil de gestion de l’assurance parentale, a notamment rappelé que le régime de l’assurance-emploi, responsable des prestations parentales ailleurs au Canada, est moins généreux. « Au Québec, on s’est doté de notre propre régime et on se permet d’offrir une couverture et un soutien plus important pour les familles et les parents, a-t-il souligné. Cela fait en sorte qu’on a réussi à se démarquer sur plusieurs éléments. »

Pour illustrer ses propos, l’actuaire a présenté des statistiques de 2023 qui indiquent que 84 % des mères ayant un enfant de moins de 3 ans travaillent au Québec comparativement à 77 % des mères dans le reste du Canada. « C’est grâce à la politique familiale du Québec qui comprend entre autres le RQAP et le réseau de services de garde, qu’on a réussi à créer cet écart, a-t-il dit. Ces mesures renforcent le lien entre les jeunes mères et le marché de l’emploi. C’est favorable pour les femmes, pour les familles et pour le contexte économique. »

Une taxe parentalité moins importante au Québec

La « taxe à la parentalité », soit la perte de revenu de la mère par rapport à celle du père après l’arrivée d’un enfant, serait aussi moins élevée au Québec qu’ailleurs. Lors de la Matinée RQAP, Guy Lacroix, professeur titulaire au département d’économique de l’Université Laval, est venu comparer l’impact du coût indirect de la venue d’un enfant pour les mères du Québec avec celles du Canada et d’autres pays.

« De manière universelle dans le monde, on observe que les mères travaillent moins lorsqu’elles donnent naissance à un enfant et que, lorsqu’elles retournent au travail, leur salaire baisse par rapport à ce qu’il était avant la naissance, souligne le professeur. De leur côté, les pères travaillent autant et leur salaire n’est pas affecté par la naissance d’un enfant. ».

En utilisant les données du RQAP, Guy Lacroix a établi que la perte de revenu des mères québécoises tourne autour de 16 %, soit une taxe à la parentalité comparable à celle des pays scandinaves. Au Canada, cette taxe est évaluée à 23 %. « Ce qui est relativement unique au Québec, c’est que les mères rattrapent le revenu qu’elles avaient avant la naissance de leur enfant au moment où il devient d’âge scolaire, a précisé Guy Lacroix. On ne voit pas ça ailleurs. »

À noter que des mères cessent malgré tout de cotiser à leur REER durant leur congé parental, par manque de revenu. Une chercheuse québécoise a démontré qu’à long terme cette décision peut avoir un impact important sur l’épargne des mères.

Les pères québécois aussi se démarquent

Les données du RQAP montrent que les pères sont plus nombreux à prendre congé après la naissance de leur enfant au Québec que dans les autres provinces. En 2022, 73 % des pères québécois ont pris un congé parental après l’arrivée de leur bébé comparativement à 31 % des pères dans le reste du Canada. Au Québec, le nombre de semaines de prestations utilisées par les pères (congé de paternité et congé parental compris) continue d’augmenter. Selon un sondage du Conseil de gestion de l’assurance parentale, 28,5 % des pères interrogés disent avoir pris 6 semaines ou plus de congés seuls avec leur enfant en 2021 comparativement à 20,8 % en 2018.

Pour aller plus loin :

Julie Leduc – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photos : GettyImages/AJ_Watt et July Alcantara

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