Les droits des tout-petits sont-ils bien respectés au Québec?

Les droits des tout-petits sont-ils bien respectés au Québec?
Les droits des tout-petits sont-ils bien respectés au Québec?
Respect des droits fondamentaux des enfants du Québec : l’Observatoire des tout-petits fait le point.

22 novembre 2023 | Le Québec peut faire mieux pour s’assurer que les droits fondamentaux de tous les enfants soient bien respectés. C’est le constat que fait l’Observatoire des tout-petits à la lumière de plusieurs indicateurs récents.

L’Observatoire des tout-petits a fait le point sur quatre droits fondamentaux reconnus par la Convention internationale des droits de l’enfant des Nations Unies pour voir où se situe le Québec. Il en ressort que le respect de certains droits ne semble pas garanti pour l’ensemble des petits Québécois.

Voici les résultats des indicateurs rassemblés dans le cadre de la 8e édition de la Grande semaine des tout-petits qui se déroule actuellement.

Droit à une éducation de qualité

Chaque tout-petit devrait avoir accès à une éducation de qualité pour bien se développer. La fréquentation d’un service de garde éducatif à l’enfance constitue en effet un facteur de protection pendant la petite enfance, en particulier chez les enfants de milieux défavorisés. Le milieu éducatif doit toutefois être de qualité pour avoir des effets positifs sur le développement des enfants.

L’Observatoire met en lumière des indicateurs qui montrent que des inégalités perdurent dans ce domaine :

  • 35 549 enfants étaient en attente d’une place dans un service de garde éducatif à l’enfance, en date du 30 septembre 2023.
  • 83 % des enfants sans besoin de soutien particulier inscrits sur La Place 0-5 avaient trouvé une place en 2019, comparativement à 73 % lorsque les parents avaient indiqué que leur tout-petit avait des besoins particuliers.
  • 42 % des parents d’enfants en milieu scolaire ont dû avoir recours au privé pour avoir des services professionnels pour leur enfant présentant des difficultés d’adaptation ou d’apprentissage.

Pour aller plus loin : Observatoire des tout-petits

Droit aux meilleurs soins de santé possible

L’accès à des soins de santé et à des services sociaux à temps est crucial pour les tout-petits. Ne pas avoir accès aux services qui permettent d’agir tôt peut amplifier les difficultés et entraîner des conséquences dans le développement social et scolaire d’un enfant.

L’Observatoire constate que l’accès à certains soins de santé reste difficile pour les tout-petits :

  • En 2022, 27,7 % des enfants âgés de 0 à 5 ans ont consulté un dentiste pour un examen dans le cadre du programme de soins dentaires de la RAMQ.
  • 54 % des nouveau-nés ont eu un dépistage de la surdité à la naissance au Québec en 2023, contre 97 % en Colombie-Britannique et 94 % en Ontario.
  • 21,3 % des jeunes enfants présentant un retard significatif de développement n’avaient pas bénéficié de services des programmes en déficience physique ou en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme dans les délais prescrits en 2020-2021.

Pour aller plus loin : Observatoire des tout-petits

Droit à la nourriture, des vêtements et un endroit sûr pour vivre

Ne pas combler ces besoins fondamentaux peut nuire au développement des enfants. En effet, les tout-petits qui grandissent dans des ménages à faible revenu sont plus susceptibles d’être vulnérables lors de leur entrée à l’école. Les enfants qui souffrent d’insécurité alimentaire sont plus à risque de présenter des retards de développement cognitif, moteur et neurophysiologique. Ceux qui vivent dans un logement inadéquat sont aussi plus à risque de connaître des troubles cognitifs, langagiers ou socio-affectifs.

Les indicateurs mis de l’avant par l’Observatoire indiquent que plusieurs familles vivent dans la précarité :

  • En 2022, 25 % des parents d’enfants âgés de 0 à 5 ans estimaient que leurs revenus étaient insuffisants ou très insuffisants pour répondre aux besoins de base de leur famille, comme le logement, l’alimentation ou l’habillement.
  • En 2019-2020, près de 12 % des familles avec enfants âgés de 0 à 5 ans se trouvaient en situation d’insécurité alimentaire.
  • Le coût du panier d’épicerie d’une famille type a augmenté de 25 % à Montréal, au cours des deux dernières années. Cette augmentation équivaut à un coût supplémentaire de 2 850$ par année pour acheter les mêmes aliments.

Pour aller plus loin : Observatoire des tout-petits

Droit à une famille aimante et une communauté bienveillante

La famille a une influence déterminante sur le développement des tout-petits. Être bien entouré pourrait diminuer le risque d’anxiété, de dépression ou de problèmes de comportement chez les enfants. De plus, la présence d’un réseau de soutien réduit le stress des parents et, par le fait même, peut diminuer les pratiques inadéquates comme la maltraitance.

L’Observatoire présente des données qui montrent que les parents ont besoin d’être soutenus :

  • 23 % des parents vivant avec au moins un enfant âgé de 0 à 5 ans ne se sentent jamais ou rarement soutenus par leur entourage dans les moments difficiles.
  • Plus de 42 000 enfants ont été pris en charge par la protection de la jeunesse en 2022-2023.
  • 493 motifs de plaintes et signalements en lien avec le programme Jeunes en difficulté ont été reçus par le Protecteur du citoyen en 2022-2023, une hausse de 74 % par rapport à 2019-2020.

Pour aller plus loin : Observatoire des tout-petits

Droits des enfants : pourquoi est-ce important de les respecter?

« En plus de n’avoir ni droit de vote ni influence politique ou économique, les tout-petits dépendent totalement des adultes pour répondre à leurs besoins. Ils sont aussi particulièrement vulnérables aux conditions de vie dans lesquelles ils grandissent, étant à une étape clé de leur développement », soutient Julie Cailliau, directrice de l’Observatoire des tout-petits. L’inflation, le manque de place en garderie, les logements trop chers et le manque d’argent pour bien se nourrir peuvent nuire au développement des tout-petits. Leur bien-être est l’affaire de tous. La société, les gouvernements en particulier, a une responsabilité collective pour s’assurer que les droits des enfants sont respectés, souligne l’Observatoire.

Julie Leduc – Équipe Naître et grandir

Naître et grandir

Photos : GettyImages/ FatCamera et stock_colors

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