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Beaucoup d’informations circulent sur l’impact des contaminants sur la santé. Un nouveau site de référence répond aux questions des parents.
28 mars 2022 | Les enfants et les femmes enceintes sont souvent plus vulnérables aux polluants dans l’environnement. Le sujet peut d’ailleurs inquiéter quand on commence à fouiller sur internet. Jusqu’où aller dans les précautions à prendre? Comment départager la vraie information de la fausse?
En effet, lorsqu’il est question des impacts des polluants sur la santé humaine, et plus particulièrement sur le cerveau, beaucoup d’informations peu nuancées, non prouvées et parfois carrément fausses circulent. C’est pour cette raison qu’une équipe de l’UQAM vient de lancer le site Faire à sa tête pour, entre autres, répondre aux préoccupations des familles sur les dangers de l’exposition aux substances chimiques.
« Cela fait donc partie de notre mission d’apporter les informations les plus justes possibles pour mettre les pendules à l’heure », souligne le chercheur Dave St-Amour, titulaire de la Chaire de recherche UQAM en neuropsychotoxicologie environnementale et éditeur en chef du site.
La mission est de transmettre des informations scientifiques d’une manière claire, rapide et compréhensible pour tous. « Il s’agit d’un dialogue entre les chercheurs et le grand public, remarque M. St-Amour. Nous voulons faire le point raisonnable sur ces dossiers, sans tomber dans des messages qui font peur. »
Quelques préoccupations courantes
Selon Dave St-Amour, les sujets qui préoccupent beaucoup les femmes enceintes et les parents en général tournent souvent autour de l’alimentation. « C’est le quotidien, remarque Dave St-Amour. On fait ça tous les jours et ça touche tout le monde. »
Voici donc quelques inquiétudes courantes des parents au sujet de l’alimentation.
- Les pesticides et les premiers aliments de bébé
Est-ce qu’il faut utiliser des légumes bio pour les purées? « Actuellement, tout ce qu’on sait, c’est que lorsqu’on mange bio, il y a moins de pesticides dans le sang », répond Dave St-Amour. Cependant, on ne sait pas si cette différence est suffisante pour diminuer les effets néfastes de ces produits sur la santé. Selon le chercheur, utiliser des légumes bio pour faire les purées peut donc être une bonne idée si cela fait partie de la philosophie de la famille. Toutefois, les bénéfices ne sont probablement pas à ce point élevés qu’il faut laisser tomber complètement les aliments traditionnels. « À mon avis, il y a beaucoup d’autres facteurs de protection qui peuvent compenser, ajoute-t-il. Par exemple, interagir avec l’enfant, faire des activités physiques, limiter les écrans et avoir une alimentation riche en antioxydant. »
- Le plomb dans l’eau
Depuis quelque temps, on parle beaucoup dans l’actualité du plomb dans l’eau. Selon le site Faire à sa tête, l’eau de plusieurs résidences montréalaises de même que certaines écoles et garderies du Québec présenterait des niveaux de plomb trop élevé. Cela est inquiétant pour les femmes enceintes et les jeunes enfants puisqu’une exposition même minime au plomb peut avoir des conséquences pour le développement du cerveau. « Ce n’est toutefois pas nouveau, remarque le chercheur. Les parents entendent parler de ce sujet et se demandent ce qu’ils peuvent faire. » Heureusement, il est possible de réduire son exposition au plomb. Par exemple, il existe des filtres pour réduire la teneur en plomb de l’eau potable. On peut aussi prendre de l’eau froide pour cuisiner et laisser couler l’eau pendant 1 à 2 minutes avant de se servir si le robinet n’a pas été utilisé pendant plusieurs heures auparavant.
- Le fluor dans l’eau
« Une femme m’a déjà demandé si elle pouvait boire de l’eau fluorée », raconte Dave St-Amour. Selon le site Faire à sa tête, bien que le sujet fasse encore débat, les scientifiques s’entendent pour dire que la fluoration de l’eau potable selon les normes nord-américaines est sans risque pour la santé. Cependant, les chercheurs demeurent vigilants puisqu’une étude réalisée en 2019 a remarqué un lien entre l’exposition au fluor pendant la grossesse et une diminution du quotient intellectuel de leurs enfants. Aucun lien de cause à effet n’a toutefois été démontré.
- Le mercure dans le poisson durant la grossesse
Selon le chercheur, certaines mères cessent de manger du poisson pendant la grossesse, car elles craignent la présence de métaux lourds comme le mercure. « Cependant, certains poissons sont importants parce que ce sont des sources d’oméga-3, de vitamines ou de sélénium qui sont bons pour le fœtus, rappelle-t-il. Il faut donc seulement être prudent pour choisir le bon type de poisson. »
- Les contaminants dans le lait maternel
Selon le chercheur, dans un cas comme celui-là, il faut comparer les risques et les bénéfices. « Si on se limite à l’exposition à des contaminants, on ne s’en sort pas puisque nous y sommes tous exposés, explique-t-il. Quand une femme allaite, elle donne beaucoup de bonnes choses pour le développement du cerveau de son enfant. Les études montrent d’ailleurs que les avantages sont beaucoup plus grands que les risques. »
Et les BPA dans les jouets?
Selon le site Faire à sa tête, certains jouets ou produits pour enfants contiennent encore des BPA, mais les quantités sont très faibles en raison de la réglementation. Par ailleurs, depuis 2008, le Canada interdit le BPA dans les biberons. D’ailleurs, l’exposition au BPA chez les Canadiens aurait diminué d’environ 32 % entre 2009 et 2017. Un rapport de l’Autorité européenne de sécurité des aliments conclut également que l’exposition au BPA chez les tout-petits en raison des jouets est négligeable.
Kathleen Couillard – Naître et grandir
Photo : GettyImages/sonsam