Parents séparés: comment planifier le temps des fêtes?

Parents séparés: comment planifier le temps des fêtes?
Parents séparés: comment planifier le temps des fêtes?

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Il n’y a pas de règles sur la façon dont les parents séparés devraient se partager le temps avec leurs enfants pendant les fêtes. Voici les conseils de deux experts.

18 novembre 2021 | Aucune règle n’existe pour déterminer comment les parents séparés devraient se partager le temps passé avec leurs enfants pendant les vacances de Noël. C’est à eux de s’entendre pour préciser les modalités. Comment s’y prendre? Voici les conseils d’une médiatrice familiale et d’un avocat*.

C’est normal que les deux parents passent chacun du temps avec leurs enfants durant la période des fêtes. Si aucune entente à ce sujet n’a encore été prévue, il est encore temps de planifier cet horaire, car il y a habituellement plusieurs activités à négocier entre parents.

Comment organiser le calendrier des fêtes?

Pour définir le calendrier des fêtes, les parents peuvent partir de ce qui se faisait avant leur séparation et voir si c’est ce qu’ils veulent garder comme entente. Lorraine Filion, travailleuse sociale, médiatrice familiale et coach coparentale, suggère aux parents d’essayer, autant que possible, de maintenir les habitudes qui existaient déjà. « Par exemple, si les enfants avaient l’habitude de fêter le 24 décembre chez leurs grands-parents maternels, c’est une bonne idée de garder ça, dit la médiatrice. Surtout pour les premiers Noëls. Cela amène plus de stabilité et c’est moins douloureux pour tout le monde : les enfants comme les parents. »

Il est aussi suggéré de tenir compte des distances à parcourir. Si un parent fête avec sa famille à Québec et l’autre, le lendemain à Montréal, il est préférable de se diviser cette période en deux. Par exemple, les enfants peuvent fêter Noël avec leur papa et retrouver leur maman pour les fêtes du jour de l’An. Dans ce cas, pour limiter l’effet d’une longue séparation, les parents peuvent s’entendre pour organiser une petite rencontre virtuelle (ex. : Skype, FaceTime, Messenger) le matin de Noël ou du jour de l’An entre les enfants et le parent absent.

Lorraine Fillion conseille également aux parents d’adapter le calendrier à l’âge des enfants. Elle note qu’il peut être difficile pour un tout-petit de moins de 3 ans d’être séparé pendant plusieurs jours d’un de ses parents. Il est alors préférable que chaque parent ait l’enfant durant une plus courte période (ex. : deux ou trois jours). La médiatrice rappelle aussi l’importance de maintenir autant que possible la routine (ex. : sommeil, repas ), même si c’est un vrai défi pendant la période des fêtes.

 

Fêter avec son ex, une bonne idée?

Certains parents décident de se réunir un soir durant le temps des fêtes pour faire plaisir à leurs enfants. Ce n’est pas toujours une bonne idée. Les parents doivent aussi penser à eux et évaluer s’ils sont prêts à le faire sur le plan émotionnel. Si cette réunion risque de leur causer plus de douleur qu’autre chose, mieux vaut l’éviter, estime Lorraine Filion. « Il ne serait pas souhaitable que les parents se mettent à pleurer devant leurs enfants à Noël. » Les parents qui choisissent de le faire doivent éviter la confusion en expliquant clairement aux enfants que cette rencontre est exceptionnelle et que cela ne veut pas dire qu’ils reviendront ensemble.

Pour une bonne collaboration

Les communications entre parents séparés sont souvent source de conflits. Pour favoriser une bonne collaboration, Me Maxime Pouliot, conseiller juridique familial, recommande aux parents d’aller à l’essentiel dans leurs échanges. « Si on s’écrit par courriel au sujet de l’horaire particulier du temps des fêtes, mieux vaut s’en tenir à un sujet par courriel. Il faut éviter les attaques ou les commentaires sur ce qui ne s’est pas bien passé dernièrement. On va droit au but en écrivant par exemple "Le temps des fêtes s’en vient, il faut déterminer l’horaire. Voici ce que j’ai en tête. Qu’est-ce que tu en penses?" Et on attend la réponse. »

Les parents séparés peuvent aussi choisir de se voir en personnes pour organiser l’horaire. Idéalement, cela devrait se faire dans un lieu neutre, comme un café, et ils devraient s’en tenir essentiellement à la planification des fêtes.

Une fois que les parents se sont entendus, c’est important de mettre l’horaire par écrit avec des indications précises. Par exemple, on écrit que maman viendra chercher les enfants le 24 décembre après le dîner à 13 h et qu’elle les ramènera le 25 décembre à 14 h, avant la sieste. « Mieux c’est écrit, mieux c’est respecté, indique Lorraine Fillion. Ça vient clarifier et pacifier les choses. »

Expliquer le calendrier aux enfants

Dès que les parents s’entendent, ils devraient dire aux enfants comment se déroulera la période des fêtes pour les rassurer. Chaque parent peut afficher un calendrier sur lequel il est possible de poser un collant qui représente un des deux parents sur les journées prévues avec lui et faire la même chose avec l’autre parent. Ces repères visuels aident les enfants à comprendre quand ils seront avec chaque parent. Cela peut aussi être sécurisant pour un tout-petit de retourner voir ce calendrier pour compter par exemple les dodos qui le séparent du moment où il reverra sa mère ou son père quand il s’ennuie.

C’est normal qu’un enfant se sente triste à l’idée de ne pas passer Noël avec ses deux parents. Il faut tenir compte de cette émotion et aider l’enfant à en parler. De leur côté, les parents doivent toutefois éviter de partager leur tristesse avec leurs enfants. « Quel que soit son âge, l’enfant ne doit jamais être le confident de ses parents », avertit Lorraine Fillion. Les parents doivent plutôt parler de leurs émotions avec des proches ou un professionnel.

Quand les parents n’arrivent pas à s’entendre…

Quand ce n’est pas possible de s’entendre ensemble, les parents peuvent se tourner vers la médiation pour parvenir à une entente sur l’organisation du temps des fêtes avec leurs enfants. Si la médiation ne fonctionne pas, il faut alors faire appel à un avocat. « Les avocats vont se parler et conseiller leurs clients respectifs pour les aider à arriver à une entente, dit Lorraine Fillion. Et à la limite, si ça ne marche pas, il faudra se tourner vers un juge pour qu’il tranche. »

 

Partir en voyage durant les vacances de Noël

C’est moins le cas en raison de la COVID-19, mais le temps des fêtes peut aussi être une occasion pour un parent de partir en voyage avec son enfant. Quelles sont les règles à suivre? Quand un des parents part avec l’enfant dans un chalet ailleurs au Québec, il n’a pas à obtenir l’autorisation de l’autre parent. « C’est toutefois une bonne pratique de l’avertir pour le tenir au courant de l’endroit où se trouve l’enfant », mentionne Me Maxime Pouliot. 

Toutefois dès que l’on sort du pays, il faut obtenir l’autorisation écrite de l’autre parent pour voyager avec son enfant. « L’autre parent pourrait s’y opposer, mais ça prend vraiment des motifs sérieux pour empêcher le voyage, indique Me Pouliot. Par exemple, il faut qu’il existe un danger dans le pays visité ou un risque sérieux d’enlèvement international. » On peut trouver un modèle de lettre d’autorisation sur le site du Gouvernement du Canada. L’avocat suggère aux parents qui souhaitent voyager avec leur enfant d’en parler rapidement à l’autre parent pour obtenir son autorisation. « Cela évite de faire face à une opposition la veille du départ », dit-il.

 

* Les propos des experts sont tirés d’une conférence organisée la semaine dernière sur Facebook par le service JuridiQC et d’une entrevue réalisée avec Lorraine Filion.

 

Pour en savoir plus sur la séparation, consultez notre dossier L’enfant au coeur de la séparation.

 

Julie Leduc – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photos : GettyImages/svetikd et fizkes

 

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