COVID-19: comment les enfants se sont-ils adaptés à la première vague?

COVID-19: comment les enfants se sont-ils adaptés à la première vague?
COVID-19: comment les enfants se sont-ils adaptés à la première vague?

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Les enfants ont assez bien vécu la 1re vague de la pandémie, selon deux études québécoises.

26 novembre 2020 | De façon générale, les enfants semblent s’être bien adaptés au contexte de la pandémie lors de la 1re vague. C’est ce que révèlent deux études présentées cette semaine lors d’un colloque en ligne organisé par la Fondation Jasmin Roy Sophie Desmarais. Les enfants ont toutefois rencontré certains défis, selon ce que montrent les résultats préliminaires.

La première étude porte sur l’adaptation psychosociale des enfants de 6 à 17 ans en contexte de pandémie. Elle a été menée à la fin du confinement, en mai dernier, par une équipe de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Au total, 237 parents ont répondu à un questionnaire en ligne pour évaluer l’adaptation de leur enfant.

Les enfants vont bien

Bonne nouvelle : la majorité des enfants se sont bien adaptés au contexte de la pandémie. Selon l’étude, les 2/3 des enfants étudiés ne vivaient pas de difficultés globales d’adaptation et fonctionnaient normalement au printemps dernier. Pour Claire Baudry, chercheuse et professeure agrégée au Département de psychoéducation de l’UQTR, ces résultats sont semblables à ce que d’autres chercheurs ont observé ailleurs dans le monde au début de la pandémie. « Des études menées en Chine et en Europe rapportent des pourcentages similaires variant de 60 à 90 % d’enfants qui s’adaptent bien », dit-elle.

La chercheuse mentionne que différents facteurs individuels et familiaux ont pu aider les enfants à gérer cette période difficile et leur ont permis de développer une capacité de résilience. La présence et le soutien des parents, les bienfaits du temps passé ensemble et le fait de vivre une catastrophe en famille auraient aidé les enfants à s’adapter dans ce contexte. « Les différents membres de la famille pouvaient par exemple partager les émotions vécues en lien avec les différentes restrictions mises en place », signale Claire Baudry, ce qui est un avantage pour s’adapter par rapport aux gens qui vivent seuls.

Lors du confinement du printemps dernier, le congé d’école suivi d’une diminution des contraintes et des exigences scolaires pourrait aussi avoir aidé les enfants à s’adapter au contexte.

Quelques difficultés d’adaptation

Même si les enfants se sont bien adaptés, l’étude de l’UQTR rapporte tout de même des difficultés psychosociales chez certains enfants.

  • 24 % des enfants manifestaient de l’anxiété.
  • 16,8 % montraient des signes de dépression.
  • 37 % présentaient des problèmes de sommeil (ex. : cauchemars, réveils nocturnes, difficultés à l’endormissement).
  • 29,7 % avaient des comportements de non-respect des règles.

« Les enfants qui ont été les plus exposés à la pandémie par les médias sont ceux qui présentent un niveau d’irritabilité et d’anxiété plus élevé dans notre étude, note la chercheuse. Ils ont aussi tendance à s’isoler davantage. » À son avis, cela peut s’expliquer par le fait qu’être plus informés sur la maladie amène les enfants à prendre conscience de l’ampleur de la pandémie et de ses effets sur la population. « Passer beaucoup de temps devant un écran même si le contenu n’est pas lié à la COVID-19 peut aussi engendrer des comportements similaires », ajoute-t-elle.

Parmi les enfants étudiés, 45 % présentaient déjà un diagnostic de problème psychosocial avant la pandémie (ex. : trouble anxieux, difficulté d’apprentissage, TDAH, trouble du spectre de l’autisme). Sans surprise, ces enfants plus vulnérables ont montré plus de difficultés d’adaptation que les autres. « Ils présentaient davantage de tristesse, d’irritabilité, d’opposition et de problèmes de sommeil », note Mme Baudry.

Les effets de la 2e vague à étudier

Comme le contexte de la pandémie évolue, l’équipe de recherche souhaite retourner questionner les parents pour savoir comment les enfants s’adaptent à la 2e vague.

Puisque les restrictions se multiplient, que les exigences scolaires sont revenues et que la maladie est davantage présente dans la communauté, les réponses pourraient être différentes, avance la chercheuse. Peut-être que les enfants vont moins bien, c’est à vérifier.

 

Les enfants et la COVID-19
Selon les études, lors de la 1re vague, peu d’enfants ont été en contact avec une personne infectée par la maladie et très peu ont été confrontés à la mort d’un proche. Ainsi, la majorité des enfants ont dit ne pas avoir peur d’attraper la COVID-19, mais près de la moitié craignait qu’un membre de leur famille l’attrape, surtout leurs grands-parents.

Des enfants en manque d’école et d’amis

La 2e étude, menée par une équipe du centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal, donne la parole aux enfants. Grandir pendant la pandémie vise à évaluer comment le contexte de pandémie influence l’attitude des enfants de 6 à 17 ans par rapport à l’école, aux amis et à la famille.

Les premiers résultats montrent que l’été dernier les enfants disaient aimer l’école et ressentaient peu d’émotions négatives. Voici les principales données recueillies auprès de 240 élèves du primaire de juin à août dernier dans un contexte où ils se préparaient à retourner à l’école après un long arrêt.

  • 61 % des enfants ont dit aimer l’école (de beaucoup à énormément).
  • 71 % pensaient qu’il était important d’y retourner.
  • 29 % des enfants ont rapporté avoir peur d’échouer à l’école, mais seulement 10 % ont dit avoir des difficultés scolaires importantes.
  • 58 % ont dit que ce qui leur manquait le plus, c’était de recevoir des amis à la maison.
  • 55 % se sentaient souvent contents ou joyeux.
  • 42 % trouvaient le temps long et s’ennuyaient.
  • 35 % ont noté plus de chicanes dans la famille comparativement à avant la pandémie.
  • 87 % des enfants ont rapporté bien s’entendre avec leur famille.

D’autres résultats et recommandations à venir

L’étude va se poursuivre au cours des deux prochaines années et le recrutement continue. « Notre but est de voir comment les choses se passent sur le terrain pour pouvoir émettre des recommandations pour aider les jeunes qui vivraient des difficultés », indique la chercheuse principale de l’étude, Julie Leclerc, professeure au Département de psychologie de l’UQAM.

L’étude cible les enfants de toutes les régions du Québec qu’ils fréquentent une école publique ou privée. Pour en savoir plus ou pour participer à l’étude, consultez le site Grandir pendant la pandémie.

 

Julie Leduc – Naître et grandir

Naître et grandir

 

Photo : GettyImages/lisegagne

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